Skip Navigation
Festival Cinergie 2024
Andréanne Joly (Francopresse)

Ces artistes autochtones qui voulaient changer le monde

FRANCOPRESSE – Ils étaient sept artistes autochtones qui demandaient que leur travail soit reconnu à juste titre. Et ils ont fait bouger les choses. À l’occasion de la Journée nationale des peuples autochtones, Francopresse a discuté du legs du regroupement Professional Native Indian Artists Inc., dit Groupe autochtone des sept, avec trois conservateurs autochtones qui œuvrent dans des musées bien en vue au Canada.

N.D.L.R : Selon l’Encyclopédie canadienne, le nom «Groupe indien des sept» a été popularisé par le journaliste Gary Scherbain dans un article paru dans le quotidien Winnipeg Free Press peu après la création du PNIAI. Francopresse a pris la décision de plutôt utiliser «Groupe autochtone des sept» afin de respecter la convention contemporaine.

Un groupe artistique et politique

Leur histoire a déjà fait l’objet de nombreux articles. Au début des années 1970, à Winnipeg, Daphne Odjig exposait avec Alex Janvier et Jackson Beardy. Le groupe discutait beaucoup aussi avec l’artiste américain Joseph Sànchez.

Outre leur art, ils avaient matière à discussion. Ne se sentant jamais reconnus comme des artistes contemporains à part entière, exclus des musées et des galeries d’art, relégués à l’anthropologie ou à l’ethnographie, ils se sentaient toujours marginalisés par leurs origines et leurs frustrations sont devenues un moteur.

Le quatuor a approché Eddy Cobiness, Carl Ray et Norval Morrisseau, dont la carrière avait déjà une portée internationale, pour fonder le regroupement Professional Native Indian Artists Inc. (PNIAI) en novembre 1972.

Alex Janvier a bien illustré les intentions du groupe : le PNIAI cherchait à «changer le monde, le monde artistique, pour les Autochtones du Canada».

«Le groupe a poussé le gouvernement, poussé les organismes subventionnaires, poussé les galeries à mieux intégrer les artistes autochtones», rapporte Wanda Nanibush, conservatrice de l’art indigène du Musée des beaux-arts de l’Ontario (MBAO) et Anishinaabe. «Ils ont mis le monde des arts au défi de comprendre ce qu’ils faisaient.»

Une approche différente, unie et hétérogène

Pour Michelle LaVallee, directrice du Centre d’art autochtone de Relations Couronne-Autochtones Canada, pour la conservatrice Wanda Nanibush et pour Greg Hill, conservateur principal de la collection d’art indigène du Musée des beaux-arts du Canada (MBAC), l’importance de la démarche de groupe du PNIAI ne fait pas l’ombre d’un doute.

Mme Nanibush oppose d’ailleurs cette approche collective à celle du monde occidental des arts, très individuelle et compétitive.

«Ils ont puisé une plus grande force en tant que groupe», ajoute M. Hill. À ses yeux, leurs voix unies leur ont permis d’entrer dans les musées et de gagner le respect.

Tel que susmentionné, le PNIAI est aussi surnommé le «Groupe autochtone des sept». Peut-on tracer des parallèles avec l’autre Groupe des Sept, actif dans les années 1910 et 1920? Il s’agit, après tout, de deux groupes d’artistes qui se rencontraient, commentaient leurs œuvres entre eux et cherchaient à redéfinir l’art canadien.

«Le surnom est superficiel et évoque la subordination», tranchent Jeremy Morgan, autrefois directeur de la Galerie Mackenzie de Regina, en Saskatchewan, Michelle LaVallee et Wanda Nanibush.

«Il est difficile de voir comment on peut comparer les deux groupes», pèse Mme LaVallee, commissaire de la seule exposition rétrospective consacrée au PNIAI. Pour elle, vouloir légitimer le Groupe des années 1970 en le comparant à un canon non autochtone est un prolongement de la colonisation.

Sa collègue abonde dans le même sens. «Ça implique que l’art autochtone vient après un mouvement occidental.» Elle ajoute, sans équivoque : «Nous préférons utiliser Professional Native Indian Artists Inc.»

L’art pour la réconciliation?

«Je pense que [le PNIAI a] donné une permission et un langage aux artistes contemporains autochtones», avance, sure d’elle, Mme Nanibush.

Leurs sujets s’ancrent dans des traditions, des histoires et des cultures visuelles anciennes, pueblo, anishinaabe ou cri, mais aussi dans les expériences personnelles des peintres et dans le monde qui les entourait.

«Le PNIAI a sensibilisé à ce qui se passait dans nos communautés, à l’histoire de la colonisation, indique Mme Nanibush. Ils ont fait comprendre que nos cultures étaient toujours vivantes, même s’il y avait des politiques d’assimilation et des politiques de génocide culturel en vigueur.»

 

Le conservateur Hill, d’origine mohawk, rappelle qu’au début des années 1970 (l’époque du mouvement des droits civiques et de la proposition d’éliminer, au Canada, le statut d’Indien), «[les artistes du PNIAI] faisaient leur travail, mais n’étaient ni vus ni entendus.»

Par leurs pressions, «ils sont passés de créateurs de vestiges du passé qui occupaient des musées ethnographiques à des artistes de plein droit», dit-il. Il ajoute que dans son esprit, «la réconciliation, c’est écouter et être ouvert à voir le travail d’un groupe d’artistes incroyables.»

Les œuvres du Groupe impressionnent par leur beauté, certes, mais aussi par leur caractère actuel, renchérit Michelle LaVallee, nommant l’enjeu du racisme.

En devenant un point d’entrée pour la conversation, l’art, notamment celui du PNIAI, peut faire partie prenante de la pacification, croit-elle. «Ça nous aide à aborder des sujets difficiles, complexes, émotifs. […] Quand les gens peuvent apprendre des autres et de leurs expériences, ça aide à promouvoir l’empathie et la compréhension.»

Des artistes qui gagnent encore à être connus

La conservatrice LaVallee n’y va pas par quatre chemins : l’histoire du PNIAI «doit être célébrée dans l’histoire canadienne.» À ses yeux, les membres du PNIAI sont de véritables figures emblématiques.

En ce sens, le vent semble tourner. Prenons l’exemple du Musée des beaux-arts du Canada : depuis 2006, six expositions rétrospectives ont souligné l’œuvre d’artistes autochtones.

«Leur travail est phénoménal. Et tellement beau», conclut Wanda Nanibush.

Où voir le travail du PNIAI?

En ligne : Musée des beaux-arts du Canada; Musée des beaux-arts de l’Ontario; Gallery Gevik et Gallery Phillip de Toronto; Winnipeg Art Gallery

Au Québec : Musée canadien de l’histoire de Gatineau

En Ontario : Bay of Spirits Gallery de Toronto; Collection McMichael d’art canadien de Kleinburg; Thunder Bay Art Gallery; Ahnisnabae Art Gallery; Centre d’art autochtone des Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord du Canada à Ottawa

En Saskatchewan : MacKenzie Art Gallery à Regina

En Alberta : Musée des arts et artéfacts des peuples autochtones de Portage College à Lac La Biche; Bearclaw Gallery d’Edmonton; Janvier Gallery à Cold Lake; Alberta Art Gallery d’Edmonton

Renouveau spirituel, 1984, Daphne Odjig, Société canadienne des postes [2011]. Reproduction autorisée.

Qui sont les sept artistes du PNIAI?

Informations tirées du site du Ministère RCAAN et possiblement choisies par les artistes

Daphne Odjig: Odawa; 1919-2016; Wikwemikong, Ontario

Norval Morrisseau: Ojibway; 1932-2007; Sand Point, Ontario

Eddy Cobiness: Ojibwé; 1933-1996; Grandi à Buffalo Point, Manitoba

Alex Janvier: Dénésuline, Saulteaux; Né en 1935; Cold Lake, Alberta

Carl Ray: Cri-Algonquin; 1943-1978; Sandy Lake, Ontario

Jackson Beardy: Cri-Ojibwé; 1944-1984; Island Lake, Manitoba

Joseph Sanchez: Pueblo; Né en 1948; Trinidad, Colorado

Print
15103

Andréanne Joly (Francopresse)Andréanne Joly

Other posts by Andréanne Joly (Francopresse)
Contact author

Contact author

x
Bière et ailes de poulet avec Les Petits Pois de Bellevue

Bière et ailes de poulet avec Les Petits Pois de Bellevue

L'activité de levée de fonds du centre éducatif attire plus de 80 personnes

Le 7 octobre 2016 plus de 80 personnes se sont rendues au Centre communautaire BDS à Bellevue pour participer à la première soirée bière et ailes de poulet du Centre éducatif Les Petits Pois.

Thursday, October 13, 2016/Author: Centre francophone BDS/Number of views (30079)/Comments (0)/
Petite enfance: les communautés francophones ont besoin de plus de soutien

Petite enfance: les communautés francophones ont besoin de plus de soutien

Le commissaire aux langues officielles publie un rapport sur la petite enfance

Dans son rapport "La petite enfance: vecteur de vitalité des communautés francophones en situation minoritaire", dévoilé le 3 octobre 2016, le commissaire aux langues officielles, Graham Fraser, demande au gouvernement fédéral d’ouvrir les coffres pour les services touchant la petite enfance en milieu minoritaire.
Wednesday, October 12, 2016/Author: Jean-Pierre Picard/Number of views (30300)/Comments (0)/
L’École Beau Soleil de Gravelbourg: 25 ans d’existence

L’École Beau Soleil de Gravelbourg: 25 ans d’existence

Lors du passage de la tournée « Mon enfant, mon engagement » de l’Association des parents fransaskois, je regardais les gens dans la salle pour constater que nous n’étions que deux à avoir connu la saga de la mise sur pied de l’École Beau Soleil à Gravelbourg.

 

 

Monday, October 3, 2016/Author: Michel Vézina/Number of views (29543)/Comments (0)/
Les tribunaux pour morceler le Protocole des langues officielles dans l’enseignement?

Les tribunaux pour morceler le Protocole des langues officielles dans l’enseignement?

Trois organismes ont réclamé mi-septembre la modernisation des ententes nationales en éducation qui lient le fédéral et les provinces. Ils demandent la création d’un protocole additionnel tripartite pour la gestion des fonds fédéraux destinés à l’enseignement en français, langue maternelle. 

Saturday, October 1, 2016/Author: Anonym/Number of views (33078)/Comments (0)/
Santé mentale à l’école

Santé mentale à l’école

Accepter de partager ses états d’âme est difficile quand on souffre

Le phénomène est répandu : des enfants en retrait ou agressifs qui dérangent. On ne sait pas comment les aider, on les écarte, on les stigmatise et les relations se détériorent. La santé mentale n’est pas perçue comme un problème de santé ordinaire.


Tuesday, September 27, 2016/Author: Anonym/Number of views (30357)/Comments (0)/
Quand sommeil rime avec problème

Quand sommeil rime avec problème

20h : voici le moment tant redouté du coucher. « Est-ce que Capucine va encore crier de longues minutes avant de s’endormir ? », « Combien de fois Lucas va-t-il se réveiller cette nuit ?  « Je suis épuisée au travail, physiquement et nerveusement. »

Thursday, September 15, 2016/Author: Sandra Hassan Farah /Number of views (42293)/Comments (0)/
Nouvelle année scolaire et nouveau plan stratégique pour le CÉF

Nouvelle année scolaire et nouveau plan stratégique pour le CÉF

Le Conseil scolaire fransaskois (CSF) veut arrimer le nouveau plan stratégique 2016-2021 du Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) avec les écoles fransaskoises et la communauté.
Wednesday, September 7, 2016/Author: Pascal Lévesque/Number of views (29623)/Comments (0)/
Regard sur le modèle scolaire finlandais

Regard sur le modèle scolaire finlandais

La Finlande, jadis premier de classe, dégringole en éducation

Cet article vous propose ce que l’on peut importer de ce système scolaire du pays de Nokia, dans le nord de l’Europe, qui a aboli l’école privée en 1970.

Tuesday, September 6, 2016/Author: Marie-Jacquard Handy, orthopédagogue/Number of views (27861)/Comments (0)/
Français, littérature et décrochage universitaire

Français, littérature et décrochage universitaire

Entretien avec l’auteur Paul Savoie

L'auteur Paul Savoie a accepté de partager sa vision de la dimension francophone dans le monde de l’enseignement et de l’édition.

Monday, September 5, 2016/Author: Jean-Pierre Picard/Number of views (27235)/Comments (0)/
Démission d’André Denis du CSF: « Je voulais du renouvellement»

Démission d’André Denis du CSF: « Je voulais du renouvellement»

André Denis, ancien président du Conseil scolaire fransaskois (CSF), affirme avoir démissionné de son poste de conseiller, le 10 juillet dernier, après neuf ans et demi d’implication, à cause de la réembauche de Bernard Roy comme directeur de l’éducation du Conseil des écoles fransaskoise (CÉF).
Friday, September 2, 2016/Author: Pascal Lévesque/Number of views (30931)/Comments (0)/
André Messier nommé directeur général adjoint à l’éducation

André Messier nommé directeur général adjoint à l’éducation

Une nomination au CÉF qui soulève des vagues

La nomination d’André Messier à la direction générale adjointe à l’éducation du Conseil des écoles fransaskoises a suscité quelques questionnements compte tenu des antécédents houleux de monsieur Messier alors qu’il était directeur de la Commission scolaire du Val-des-Cerfs à Granby.

Sunday, August 21, 2016/Author: Jean-Pierre Picard/Number of views (31411)/Comments (0)/

Sacré Charlemagne!

Pour nous inviter aux vacances, il y a eu la chanson « C’est le temps des vacances ».  Mais pour nous ramener à la réalité de la fin de celles-ci et de la rentrée scolaire, il y a eu une chanson très populaire en son temps par la chanteuse française France Gall. Évidemment, il s’agit de « Sacré Charlemagne ».

Thursday, August 18, 2016/Author: Michel Vézina/Number of views (24836)/Comments (0)/
Rentrée scolaire stress et excitation pour enfants et parents

Rentrée scolaire stress et excitation pour enfants et parents

Le mois de septembre résonne comme le mois de toutes les découvertes. La plus grande découverte, et néanmoins la plus stressante pour un grand nombre de familles, reste l’entrée à l’école.

Thursday, August 18, 2016/Author: Sandra Hassan Farah /Number of views (37417)/Comments (0)/
Robert Lessard et la rentrée scolaire de l’École Boréale à Fort McMurray

Robert Lessard et la rentrée scolaire de l’École Boréale à Fort McMurray

Deux jours après son entrée en fonction, le feu atteignait la ville

Malgré les défis causés par le feu de forêt, la rentrée scolaire aura lieu pour les élèves de l’École Boréale de Fort McMurray. 

Friday, July 22, 2016/Author: Anonym/Number of views (24326)/Comments (0)/
Un collectif de parents fransaskois lance un appel à l'unité

Un collectif de parents fransaskois lance un appel à l'unité

Le Collectif des parents inquiets et préoccupé a émis un communiqué qui fait appel à l'unité pour lutter contre le sous-financement des écoles fransaskoises.

 

Monday, July 18, 2016/Author: Anonym/Number of views (24027)/Comments (0)/
RSS
First1011121315171819Last

 - Sunday 12 May 2024