Skip Navigation
Fonds l'Eau vive banniere

Pas de guérison sans pardon

Le pape François n'offrira pas d'excuses de l'Église aux Premières Nations

Un groupe d’enfants autochtones dans une école résidentielle à Trout Lake (Ontario), vers 1930.

Un groupe d’enfants autochtones dans une école résidentielle à Trout Lake (Ontario), vers 1930.

Photo :Archives nationales du Canada : Affaires indiennes et du Nord
Le 27 mars dernier, une lettre de la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC), adressée aux Autochtones, nous apprenait que le pape François ne présenterait pas d’excuses pour les traitements subis dans les pensionnats catholiques pendant plus d’un siècle. Il semblerait que le pape ait pris cette décision à la demande des évêques catholiques du Canada, partagés sur la question. Vrai ? Faux ? Ce qui est certain, c’est que les analystes se perdent en conjectures. Ce qui est certain, c’est que les Autochtones sont, encore, blessés. Ce qui est certain, c’est que je ne comprends pas.

Je me souviens du 13 mars 2013. Le conclave était en train d’élire un nouveau pape et j’avais laissé la télé allumée. À l’Habemus papam, je me suis précipitée pour entendre les premières paroles de l’élu. Jorge Mario Bergoglio est apparu sur le balcon qui surplombe la place du Vatican. Ses premières paroles ont été d’une simplicité désarmante. « Frères, sœurs, bonsoir ». Il s’est ensuite incliné, du jamais vu pour un pape nouvellement élu, et a demandé à la foule en délire de prier pour lui. J’ai tout de suite aimé le pape François, son humilité, sa simplicité. Si on m’avait dit qu’il refuserait un jour de présenter, au nom de l’Église, des excuses aux Autochtones pour les sévices subis, je ne l’aurais pas cru.

Réconciliation entre les peuples autochtones et l’Église

Le 58e des 94 appels à l’action formulés au terme de la Commission de vérité et réconciliation (CVR), en 2015, exhortait le pape à « présenter, au nom de l’Église catholique romaine, des excuses aux survivants, à leurs familles, ainsi qu’aux collectivités concernées pour les mauvais traitements sur les plans spirituel, culturel, émotionnel, physique et sexuel que les enfants des Premières Nations, des Inuits et des Métis ont subis dans les pensionnats dirigés par l’Église catholique ». Pour fin de mémoire, rappelons que 150 000 enfants autochtones sont passés par ces pensionnats, dont le dernier a fermé ses portes en 1996, et que 6 000 d’entre eux y sont morts.

Tout semblait indiquer que ces excuses seraient présentées. En décembre 2016, l’ambassadeur du Vatican au Canada, l’archevêque Luigi Bonazzi, affirmait que la réconciliation entre les Autochtones et l’Église catholique était une priorité pour le pape. « Si un tort a été fait et qu’il y a quelque chose d’autre à faire, il faut le faire », affirmait-il. L’archevêque de Regina, Mgr Donald Bolen, et le chef du conseil tribal de Saskatoon, Felix Thomas, travaillaient à faire venir le pape dans la province en 2018 ou 2019. On avait même avancé que les excuses seraient présentées au parc historique Wanuskewin, au nord de Saskatoon.

Et puis, le 27 mars, cette lettre, qualifiée par Frédéric Barriault, blogueur pour la revue Relations, de « mièvre et opaque », dans laquelle le président de la CECC, Mgr Lionel Gendron, explique qu’après avoir examiné attentivement la demande de la CVR et en avoir « discuté abondamment avec les évêques du Canada », le pape François était d’avis qu’il ne pouvait « y répondre personnellement ». Du coup, il encourageait les évêques « à continuer de s’engager dans un travail intensif de pastorale visant la réconciliation, la guérison et la solidarité avec les peuples autochtones ».  Et bla-bla-bla, a-t-on envie d’ajouter. De nombreuses communautés religieuses n’ont pas attendu ces directives pour agir en ce sens. En mars 1991, à l'issue d'une réunion de trois jours à Saskatoon, des dirigeants de communautés religieuses ont fait la déclaration suivante; « Nous regrettons profondément toutes les souffrances, les peines et les humiliations endurées par de nombreux aborigènes.(...) Nous voulons maintenant prendre part au processus de guérison. » Les Oblats ont présenté des excuses et demandé pardon en 1991, les Jésuites en 1993, les évêques de l’Alberta et des Territoires du Nord-Ouest en 2014.

Les Autochtones d’Amérique latine ont eu droit aux excuses du pape

Dans son article « Les non-excuses du pape François : quand le silence fait mal »,  monsieur Barriault rappelle que, dès le début de son pontificat, le pape François a fait de la réconciliation avec les peuples autochtones une priorité pastorale. Lors de son voyage en Bolivie, en Équateur et au Paraguay en 2015, il a demandé « pardon pour les offenses de l’Église et pour les crimes perpétrés contre les peuples autochtones dans ce qu'on appelle la conquête de l’Amérique ». En Bolivie, il a salué les luttes de ses « frères et sœurs du mouvement indigène latino-américain  ». Il a réitéré cet appui lors de chacun de ses voyages en Amérique latine, au Mexique en 2016, au Chili et au Pérou en 2018.  Alors... comment expliquer ce décalage dans l’attitude du pape envers les peuples autochtones de l’Amérique latine et ceux du Canada?  Le fait qu’il soit Argentin y est-il pour quelque chose ?

Les excuses du pape sont essentielles au processus de guérison et de réconciliation auquel les Canadiens étaient conviés à l’issue des travaux de la CVR. Tant que l’Église ne demandera pas pardon, ses paroles de réconciliation sonneront faux.

Print
37740

Mychèle FortinMychèle Fortin

Other posts by Mychèle Fortin
Contact author

Contact author

x
Gerer un OSBL : ça s’apprend !

Gerer un OSBL : ça s’apprend !

Parfois, un cours 101 sur la gestion d’un OSBL est de mise.

Wednesday, March 15, 2017/Author: André Magny (Francopresse)/Number of views (30919)/Comments (0)/
L’apprentissage de la propreté : entre stress, joie et patience

L’apprentissage de la propreté : entre stress, joie et patience

Les premiers mois de l’arrivée de notre bébé nous transportent de joie. Puis, arrive le temps fatidique de cet apprentissage qui nous semble insurmontable : la propreté !

Sunday, March 12, 2017/Author: Sandra Hassan Farah /Number of views (42897)/Comments (0)/
Quel avenir pour le couvent Jésus-Marie?

Quel avenir pour le couvent Jésus-Marie?

Gravelbourg se mobilise pour sauver un joyau de notre patrimoine

GRAVELBOURG - L’avenir de l’édifice se joue en ce moment.  Est-ce que ce monument à un pan de l’histoire fransaskoise ne survivra qu’en photos?  

Tuesday, March 7, 2017/Author: Jean-Pierre Picard/Number of views (29872)/Comments (0)/
Hommage à Monique Rousseau 1960-2017

Hommage à Monique Rousseau 1960-2017

Décès de la première enseignante de l’École canadienne-française de Saskatoon

SASKATOON - Le 5 février dernier, des centaines de personnes se sont rendues au pavillon élémentaire de l’École canadienne-française de Saskatoon pour rendre hommage à Monique Rousseau, la première enseignante de l’école, décédée le 20 janvier 2017. 
Wednesday, March 1, 2017/Author: Jean-Pierre Picard/Number of views (36489)/Comments (0)/
« Maman, quand est-ce qu’on arrive? »

« Maman, quand est-ce qu’on arrive? »

Voyager avec un enfant

Voyager en voiture, en avion ou en train pour un long trajet représente toujours un défi pour les parents. 
Thursday, February 2, 2017/Author: Sandra Hassan Farah /Number of views (43908)/Comments (0)/
Programme de sciences infirmières en français à Regina dès 2018

Programme de sciences infirmières en français à Regina dès 2018

La signature d’un protocole d’entente entre la Faculté de sciences infirmières de l’Université de Regina et La Cité universitaire francophone a eu lieu le 9 décembre 2016. Ce protocole vise à offrir un programme postsecondaire bilingue en sciences infirmières dès 2018. 

Saturday, January 21, 2017/Author: La Cité universitaire francophone/Number of views (36831)/Comments (0)/
Des graphistes en herbe à l’École Valois

Des graphistes en herbe à l’École Valois

La classe de la 3e année de l'École Valois a conçu une affiche pour la pièce de théâtre Par amitié. Selon leur enseignante, madame Nathalie Beaulieu, "la classe a eu beaucoup de plaisir à concevoir des affiches pour la pièce de théâtre. Cela correspondait à mon programme d'étude de faire une affiche en utilisant le titre d'une pièce où d'un livre. Quel beau travail ont fait les élèves."

Monday, January 2, 2017/Author: ENDV/Number of views (43326)/Comments (0)/
Jour du Souvenir aux écoles Beau Soleil et Mathieu de Gravelbourg

Jour du Souvenir aux écoles Beau Soleil et Mathieu de Gravelbourg

GRAVELBOURG - C’est le 9 novembre dernier que les jeunes des écoles Beau Soleil et Mathieu de Gravelbourg, le personnel des deux institutions scolaires et des membres de la communauté fransaskoise se sont donné rendez-vous pour la célébration du Jour du Souvenir sous le thème « Nous nous souviendrons ».

Friday, December 2, 2016/Author: Michel Vézina/Number of views (35562)/Comments (0)/
Article 23 : Un autre faux départ pour le préscolaire?

Article 23 : Un autre faux départ pour le préscolaire?

Il y a dix ans, la Table nationale en petite enfance devait faire des choix critiques. Ses membres ont décidé de continuer à se réseauter et à développer des modèles de lieux de service pour stimuler un mouvement national. Et ils ont écarté la stratégie juridique, qui aurait consisté à monter une cause solide quelque part au pays.

Thursday, November 24, 2016/Author: Anonym/Number of views (46225)/Comments (0)/
Rencontre avec la nouvelle présidente du CSF

Rencontre avec la nouvelle présidente du CSF

"Je veux aider la communauté à guérir"

 

Christiane Guérette a été élue pour représenter le district de Saskatoon au sein du Conseil scolaire fransaskois (CSF) lors des élections scolaires du 26 octobre 2016. Elle a été choisie par une majorité de conseillers pour occuper la présidence du CSF succédant ainsi à Alpha Barry. L’Eau vive l’a rencontrée.


 

Thursday, November 24, 2016/Author: Jean-Pierre Picard/Number of views (35206)/Comments (0)/
Créer une relation complice avec son enfant

Créer une relation complice avec son enfant

Comment bâtir un lien durable

« Allez mon chéri, range vite tes affaires, prends ton goûter, relaxe-toi 5 minutes et fais tes devoirs. Puis prépare-toi, nous partons à ton entraînement de soccer. » Cette routine quasi quotidienne durant la semaine est commune dans bien des foyers.

Wednesday, November 23, 2016/Author: Sandra Hassan Farah /Number of views (49105)/Comments (0)/
Le devoir des écoles sans ressources

Le devoir des écoles sans ressources

Il faut enseigner la langue et la culture en même temps

« Il faut enseigner la langue et la culture en même temps. Si on ne le fait pas, on est voué à disparaître. »

Monday, November 21, 2016/Author: Réjean Paulin/Number of views (35825)/Comments (0)/
Inauguration de la nouvelle École Gravelbourg School

Inauguration de la nouvelle École Gravelbourg School

Mardi le 18 octobre 2016 avait lieu l’inauguration de l’École Gravelbourg School à Gravelbourg.
Friday, November 4, 2016/Author: Michel Vézina/Number of views (35017)/Comments (0)/
L'École Beau Soleil fête ses 25 ans au son de On n'est pas des cowgirls

L'École Beau Soleil fête ses 25 ans au son de On n'est pas des cowgirls

Un bon spectacle pour un anniversaire d'importance

GRAVELBOURG -  La communauté fransaskoise de Gravelbourg a célébré le 25ième anniversaire de l’École Beau Soleil, qui a vu le jour en 1990 au Centre culturel Maillard.

Sunday, October 30, 2016/Author: Michel Vézina/Number of views (34301)/Comments (0)/
Méditer à l’école

Méditer à l’école

Pour être en paix avec soi et avec les autres

Pourquoi amener la pratique de la méditation dans nos écoles? Parce qu'elle donne la possibilité de s’entraîner à ressentir ce qu’on est en train de vivre de façon concrète. Elle donne aux élèves la force mentale de pauser, ressentir, et stabiliser leur attention sur ce qu’ils-elles vivent
Saturday, October 29, 2016/Author: Frédéric Dupré et Céline Martin/Number of views (33704)/Comments (0)/
RSS
First1011121315171819Last

 - Saturday 23 November 2024