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Le collapsologue qui sommeille en moi se dit souvent que nous sommes bien en Saskatchewan. Nous avons des ressources importantes, nous sommes à l’abri de la montée des eaux et nous sommes peu nombreux. De quoi affronter le futur en toute sérénité ? Des scientifiques se sont penchés sur la question.
Chercheurs à l’Université de la Saskatchewan, Lina Wu et ses collaborateurs ont étudié la question des compromis et des synergies dans le lien eau-énergie et alimentation en Saskatchewan. Les résultats, publiés en janvier dans le journal Resources, Conservation and Recycling, montrent que les changements socio-économiques et climatiques et les ressources en eau limitées posent de nombreux défis dans le monde entier et suscitent différentes décisions politiques.
La Saskatchewan repose sur l'agriculture et les ressources. Avec ses 18,9 millions d'hectares de terres agricoles cultivées, elle représente plus de 40 % des terres agricoles cultivées du Canada. Elle joue également un grand rôle sur le plan international en tant que première exportatrice mondiale de pois, de lentilles, de blé dur, de graines de moutarde, de canola, de graines de lin et d'avoine. Elle est aussi la deuxième productrice de pétrole du Canada.
La menace de la sécheresse
Pour autant, la province n’est pas épargnée par le changement climatique. Les épisodes de sécheresse de plus en plus virulents d’année en année ont poussé les politiques à devoir préparer l’avenir. Face à cette ressource épuisable qu’est l’eau et en réponse au changement climatique, la province s'est engagée à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) provenant de la production d'électricité de 40 % par rapport aux niveaux de 2005 d'ici 2030.
La Saskatchewan dispose de réserves d'eau souterraine importantes dont 43 % de la population dépend directement. Néanmoins, les épisodes de sécheresse menacent directement son approvisionnement. Alors, comment faire pour concilier diminution des ressources en eau et augmentation de nos besoins ?
Des choix non sans conséquence
En compilant toutes ces données sur nos ressources en eau, en aliments et en énergie en Saskatchewan, les scientifiques ont développé un modèle permettant de prédire le comportement de ces systèmes dans le temps selon différents scénarios.
Les résultats montrent qu’une augmentation de 1 °C de la température entraînerait des pertes de rendement des cultures allant de 8,1 à 8,8 % pour les légumineuses et de 7 à 8,3 % pour les céréales. Les chercheurs avancent alors que la solution pour parer à ces pertes serait de retarder la date des semis de 3 à 6 jours et de se tourner vers des semences et des variétés ayant des besoins en « degré jour de croissance » plus importants.
D’autres solutions sont avancées pour faire face au réchauffement climatique, mais aucune n’est sans conséquence. L’expansion de l’irrigation et le recours à un plus grand nombre d’éléments nutritifs sont avancés comme des stratégies de résilience efficaces, mais elles entraîneront une réduction de la production d’hydroélectricité et de l’eau livrée en aval au Manitoba, ainsi qu’une augmentation des émissions de GES.
L’expansion de l’énergie éolienne apporterait alors des garanties en réduisant les émissions de GES et de demande en eau, d’où l’intérêt particulièrement croissant des politiques de se tourner vers cette énergie renouvelable. Néanmoins, cette source d’énergie n’est pas si propre qu’elle pourrait le faire penser.
Un degré de plus, voilà ce que cela engendre… Alors, espérons simplement que les choix effectués ne seront pas financiers ou précipités, car il n’est pas sûr que nous puissions endurer des augmentations beaucoup plus sévères, même en Saskatchewan.