Poète et étudiant en maîtrise à l’Université de la Saskatchewan, Alasdair Rees a été nommé lauréat dans la nouvelle catégorie Jeune poète de la Guilde des écrivains de la Saskatchewan en 2019. Il nous présente son recueil de poèmes Mon écologie aux Éditions du Blé, paru le 1er juin dernier.
Le recueil est la troisième publication de la collection Nouvelle Rouge dirigée par J.R. Léveillé qui a pour objectif de faire découvrir des talents émergents de l’Ouest et du Nord canadiens.
Découverte, interconnexion et construction fractale
Alasdair Rees, auteur et artiste fransaskois
Crédit : Courtoisie
Les poèmes de Mon écologie explorent la connexion entre la conscience et l’environnement. Une pensée, un souvenir, une réflexion philosophique sont déclenchés par le contact de l’eau, l’aperçu d’une comète, le parfum d’une fleur.
Alasdair Rees commente : « C’est le thème que je visais avec le titre du recueil. Je m’intéresse à la construction fractale de notre univers, les systèmes qui se reproduisent en croissant ou en décroissant, les lois qui gouvernent l’organisation d’entités à tous niveaux, l’écologie qui réunit les corps, les mots et le monde. Le processus de création est toujours un processus de découverte, je voulais mieux comprendre la place que j’occupe sur cette toile complexe et interconnectée. »
Les poèmes d’Alasdair Rees sont aussi une commémoration de la reconnexion de l’auteur avec la Saskatchewan au retour d’une année à Montréal. « Les poèmes ont été écrits et rassemblés au cours de l’été 2018. Je venais de redéménager à Saskatoon après avoir vécu à Montréal pendant un an. Je cherchais à préserver les expériences et états que je rencontrais pendant cette période : nouvel amour, amitié naissante, vieux deuils, retrouvailles avec le territoire. »
La collection Nouvelle Rouge a attiré l’attention du Fransaskois et l’a inspiré à soumettre son manuscrit : « Je savais qu’ils cherchaient à publier et promouvoir les nouvelles voix dans les Prairies et je leur ai donc envoyé le manuscrit, juste pour voir. Leur réponse a été très enthousiaste et on m’a offert de travailler le recueil avec J.R. Léveillé, un poète que j’admire beaucoup, avant de le publier. J'ai naturellement accepté ! » Le recueil a ainsi été lancé virtuellement le 30 juin.
La poésie d’aujourd’hui
Le recueil de poésie Mon écologie, paru le 1er juin 2021 aux Éditions du Blé
Crédit : Courtoisie
Définir la poésie en 2021 peut paraître difficile, mais pour Alasdair Rees elle est une expérience plutôt qu’une définition : « Je crois que la poésie est indéfinissable. On la reconnaît quand on la voit. Elle n’est surtout pas limitée à la page ; il s’agit plutôt d’une force qui colore et anime le monde entier. » L’auteur rappelle ici la définition d’Anne Hébert dans Poésie, solitude rompue : « La poésie ne s’explique pas, elle se vit. Elle est et elle remplit. Elle prend sa place comme une créature vivante. »
Quant aux défis d’intéresser les jeunes à la poésie, Alasdair Rees voit plutôt un problème de définition que d’intérêt : « J’ai un vrai problème avec la notion que les jeunes ne s’intéressent pas à la poésie. Plein de gens de mon âge la lisent, l’écrivent et l’adorent », souligne celui qui s’adonne aussi au slam.
Pour le jeune auteur, penser que la jeunesse est insensible aux vers est un cliché. « En répétant ce stéréotype, on le rend vrai... On fait en sorte que les jeunes ne ramasseront jamais un livre de poèmes, puisqu’ils auront absorbé l’idée que ce n’est pas pour eux. »
À l’inverse, Alasdair Rees se veut optimiste et créatif dans son approche : « Proposez aux jeunes des poètes de leur âge, de leurs communautés, qui parlent de thèmes qui leur tiennent à cœur. Proposez des musiciens-poètes, des poèmes-vidéos. On retrouve même des poèmes en format jeu-vidéo. On trouve la poésie partout lorsqu’on commence à la chercher. Il faut ajuster notre définition de la poésie », soutient-il.
Le recueil Mon écologie est disponible sur le site des Éditions du Blé. Pour accompagner l’ouvrage, l’auteur propose aussi trois vidéos artistiques mêlant poésie et performance multimédia.