La notation humanitaire, un « soulagement » pour la population étudiante
FRANCOPRESSE – Plusieurs universités canadiennes ont adopté un système de notation alternatif depuis le début de la pandémie. Les étudiants peuvent désormais choisir la mention « réussite » ou « échec » pour un ou plusieurs cours plutôt que l’habituelle notation en chiffres ou en lettres. Malgré des pétitions qui circulent sur plusieurs campus, certaines universités refusent toujours de consentir à cet accommodement.
L’Université Laurentienne à Sudbury a annoncé en décembre dernier qu’elle permettrait aux étudiants « de choisir la mention “réussite” ou “échec” sur les relevés finals de notes des cours individuels plutôt qu’une note précise ».
Cette mesure s’appliquera pour le semestre en cours et celui de l’automne prochain d’après Simon Paquette, président de l’Association des étudiantes et étudiants francophones (AEF) de la Laurentienne.
En collaboration avec l’Association générale des étudiantes et étudiants (AGÉ), l’AEF a présenté la proposition au Sénat de l’Université, qui a été acceptée « à la suite d’un débat intense » d’après le communiqué de l’établissement.
« C’est un soulagement, assure Simon Paquette. Ça donne le choix, je pense que c’est la plus grande chose qu’il faut retenir. […] Ça va permettre à un cours ou quelques cours de ne pas affecter le cheminement [des étudiants] dans les circonstances extraordinaires. »
Un argument qui résonne chez Tim Gulliver, commissaire à la revendication au Syndicat étudiant de l’Université d’Ottawa (SÉUO) : « Les étudiants font face à beaucoup d’isolement, à des défis au niveau de la santé mentale qui sont sans précédent. Ils ont dû développer une nouvelle façon d’apprendre, avec laquelle plusieurs professeurs ne sont pas nécessairement capables de bien transmettre [le contenu du cours] […] Ça va être un soulagement pour les étudiants de savoir qu’ils ont une marge de manœuvre », estime-t-il.
Des systèmes qui varient
Photo : javier trueba / Unsplash
Contrairement à la Laurentienne, où les étudiants pourront choisir d’utiliser la notation humanitaire pour l’ensemble de leurs cours, ceux de l’Université d’Ottawa seront limités à un seul cours par session, à l’automne 2020 et à l’hiver 2021. Un compromis conclu entre le SÉUO et l’Université à la suite d’une pétition signée par plus de 5300 personnes.
« C’est clair que les étudiants auraient voulu que ça soit disponible pour tous les cours. […] Mais on est arrivés à un compromis qui aide les étudiants, pas autant qu’on le voulait, mais je pense que ça aide les étudiants de façon concrète donc on est fiers de ça », ajoute Tim Gulliver.
Plus à l’ouest, en Colombie-Britannique, la Simon Fraser Student Society (SFSS) a subi un revers du Sénat de l’Université Simon Fraser, qui a refusé de remettre en place le système de notation « réussite » ou « échec » instauré brièvement au début de la pandémie.
Encore une fois, une pétition a récolté près de 7300 signatures. La SFSS a également préparé une motion qui a été débattue le 11 janvier dernier, à la suite de quoi le Sénat de l’Université a accepté un compromis : un système de notation « pass/credit/no credit » qui sera disponible pour les cours optionnels uniquement.
« Nous sommes heureux des progrès réalisés, mais nous pensons que notre université pourrait faire plus », avance Gabe Liosis, vice-président aux relations avec l’université à la SFSS.
« Cette nouvelle proposition n’aide pas tout le monde, comme ceux qui ont terminé leurs cours optionnels et qui doivent maintenant compléter les cours liés à leur programme. C’est très problématique », ajoute-t-il.
Des universités frileuses
D’après Gabe Liosis, l’une des raisons pour lesquelles l’Université Simon Fraser a choisi cette voie serait pour éviter que des étudiants continuent de progresser sans avoir acquis toutes les connaissances nécessaires à leur cheminement.
Il estime toutefois que « les étudiants devraient avoir accès à toutes les informations et à toutes les connaissances nécessaires pour prendre cette décision par eux-mêmes ».
Parmi les arguments entendus lors du débat à l’Université Laurentienne, Simon Paquette de l’AEF nomme également la crainte de certains professeurs que les étudiants se forcent moins. « Je comprends la crainte, mais je pense vraiment que ça apporte un soulagement et que c’est une situation exceptionnelle. C’est une forme de compassion envers les étudiants », défend-il.
Tim Gulliver a également entendu cet argument à l’Université d’Ottawa, et il concède que ce pourrait être le cas pour quelques étudiants, « mais je pense que la majorité rentre dans un cours et veut apprendre, acquérir des connaissances. Je ne pense pas qu’on doive s’arrêter à une minorité qui sera peut-être de mauvaise foi, la pandémie affecte tout le monde ».
À Simon Fraser, la SFSS prévoit continuer de militer auprès des divers départements afin de tenter d’étendre la notation alternative aux cours de base, et non pas exclusivement aux cours optionnels. « On a l’impression que les étudiants ont fait beaucoup plus de compromis que l’université », déplore Gabe Liosis.
D’autres universités ont également mis en place un système similaire, dont l’Université de Toronto, l’Université de l’Alberta, l’Université du Manitoba, l’Université de Moncton et l’Université de Régina.
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