EBOLA: La mobilisation sociale pour lutter efficacement contre l’épidémie
Conférence du Dr Reeder (Université de la Saskatchewan)
«Le défi du virus Ebola: les interventions de Médecins sans frontières au Libéria». C’est le thème de la conférence prononcée le 5 mars dernier à Saskatoon par le Dr Bruce Reeder, médecin et professeur de santé communautaire et d’épidémiologie à l’Université de la Saskatchewan. Il était l’invité de l’Association francophone pour le savoir (ACFAS).
L’exposé du Dr Reeder a porté en substance, d’une part, sur les données cliniques concernant la maladie à virus Ebola et, d’autre part, sur les efforts visant à contenir l’épidémie. Il a partagé sa propre expérience de terrain et mis en exergue l’importance des facteurs sociologiques, psychologiques et comportementaux pour établir une communication efficiente entre le médecin et les communautés au sein desquelles se trouvent des populations en détresse.
Parlant tout d’abord du mode de transmission de la maladie, le Dr Reeder a indiqué que les «présomptions portent entre autres sur les chauves-souris qui sont les hôtes naturels du virus Ebola». D’après l’épidémiologiste, ce virus s’introduit dans la population humaine après un contact étroit avec du sang, des sécrétions, des organes ou des liquides biologiques d’animaux infectés comme des chimpanzés, des gorilles, des singes, retrouvés malades ou morts dans la forêt.
Dr Reeder a noté que le virus Ebola se propage également par «transmission entre humains, à la suite de contacts avec du sang, des sécrétions, des organes ou des liquides biologiques de personnes infectées, ou avec des surfaces et des matériaux (par exemple, linge de lit, vêtements) qui ont été contaminés par ce type de liquides». Il a mis l’accent sur les rites funéraires au cours desquels les parents et amis du défunt sont en contact direct avec la dépouille qui jouent un rôle dans la transmission du virus.
L’épidémie actuelle d’Ebola, la pire de l’histoire de cette fièvre hémorragique, s’est déclarée, depuis fin 2013, en Afrique de l’Ouest. Les pays concernés sont: la Guinée, le Libéria, le Sierra Leone où la maladie a eu ses plus graves conséquences, et également le Mali et le Nigéria où l’épidémie a pu être circonscrite assez rapidement. Selon le bilan le plus récent de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’épidémie d’Ebola a causé la mort de quelques 9700 personnes contaminées par le virus pour près de 24 000 cas recensés dans ces pays, en date de la fin février 2015.
Le Dr Reeder a affirmé qu’à l’heure actuelle, «la participation de la communauté internationale reste essentielle pour juguler les flambées, étant donné la précarité extrême des moyens humains, logistiques et financiers disponibles sur place dans les pays concernés». Pour être efficace, a-t-il souligné, la lutte doit se fonder «sur un ensemble d’interventions : prise en charge des cas, surveillance et recherche des contacts, services de laboratoire de qualité, inhumations sans risque et mobilisation sociale». Par ailleurs, l’épidémiologiste soutient que «les soins précoces axés sur la réhydratation et le traitement des symptômes améliorent les taux de survie». Aucun traitement homologué n’a pour l’instant, selon lui, démontré «sa capacité à neutraliser le virus mais plusieurs traitements (dérivés du sang, immunologiques ou médicamenteux) sont à l’étude».
Le Dr Reeder a séjourné de septembre à décembre 2014 dans le district libérien de Lofa, où il a exercé en tant qu’épidémiologiste dans un important centre de traitement et de contrôle de l’épidémie d’Ebola établi par Médecins sans frontières (MSF).
Martin Kakra-Kouame est un Journaliste, expert en Communications, agent de liaison du Réseau santé en français de la Saskatchewan (RSFS), Saskatoon.
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