La Loche: portrait d'une communauté en détresse
Un taux de suicide trois fois plus élevé que la moyenne provinciale
LA LOCHE - La communauté de La Loche puise ses racines dans la traite des fourrures, mais au cours des dernières années sa population à majorité autochtone a été confrontée au conflit opposant le mode de vie traditionnel des trappeurs à celui plus moderne du secteur minier.
La communauté saskatchewanaise qui compte environ 3000 âmes s'est retrouvée bien malgré elle au centre de l'actualité ces derniers jours.
Vendredi, un adolescent a ouvert le feu dans une école secondaire et dans une résidence de la ville, faisant quatre victimes.
Le jeune de 17 ans a été formellement accusé samedi de quatre chefs de meurtre prémédité et de sept chefs de tentatives de meurtre.
Selon des données gouvernementales, 90 pour cent de la population de la région s'identifie comme autochtone.
Un rapport de la Keewatin Yatthe Regional Health Authority mentionne également que la population est relativement jeune, alors que 27 pour cent des habitants sont âgés de moins de 15 ans et seulement 7 pour cent ont plus de 65 ans.
Une seule route permet d'atteindre la petite communauté, située tout près de la frontière avec l'Alberta. À partir de Prince Albert, il faut compter environ six heures avant d'atteindre La Loche. Une deuxième route mène à Fort McMurray, mais elle peut être empruntée uniquement l'hiver puisqu'il faut traverser un pont de glace.
Un rapport datant de 2007-2008 révèle que le taux de suicide y est trois fois plus élevé que la moyenne saskatchewanaise.
Le premier ministre Brad Wall a assuré, samedi, que des programmes avaient été mis en place pour s'attaquer à cette détresse endémique.
"C'est un effort continue de la part du gouvernement et des communautés affectées", a-t-il déclaré lors d'un point de presse.
Des entreprises à la recherche de minéraux ou de pétrole représentent un espoir pour plusieurs membres de la communauté de La Loche. Mais pour d'autres, dont la Northern Trappers Alliance, l'activité industrielle est vue comme une menace à l'environnement et aux espèces animales.
À la fin de l'année 2014, le groupe avait bloqué une route de gravelle près de La Loche pour empêcher les véhicules appartenant aux sociétés minières d'y circuler. Cet épisode a exacerbé les tensions entre ceux qui souhaitent que l'activité industrielle se développe dans la région et ceux qui s'y opposent.
La porte-parole de l'association des trappeurs, Candyce Paul, a déclaré que le groupe ne veut plus de ce "développement toxique".
Mais Georgina Jolibois, qui était mairesse de La Loche au moment de la confrontation et qui est maintenant la députée fédérale de la circonscription a répondu que l'industrie tente d'accommoder les trappeurs. Elle a ajouté qu'elle a elle-même grandi sur les lignes de trappe et qu'elle ne croit pas que le groupe bénéficie d'un grand appui dans la communauté.
L'éloignement amène son lot de défis. Mais cet isolement peut également contribuer à bâtir un plus grand sentiment d'appartenance à sa communauté. L'école, qui a été la cible du tireur vendredi, était notamment au centre des activités communautaires de La Loche.
La Northern Lights School Division a publié un message sur Facebook à la suite de la tragédie de vendredi se disant "sous le choc".
"Notre coeur est brisé pour chacune des victimes et leurs familles et pour tous les élèves et le personnel de l'école communautaire de La Loche."
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