Aide médicale à mourir : jugement de la Cour suprême
La Cour suprême a tranché : le suicide assisté sera autorisé dans certaines circonstances. La signature des juges n’est pas encore sèche sur le document que des voix s’élèvent, émotionnellement chargées.
Qui aurait cru qu’avec sept de ses neufs juges nommés par le gouvernement Harper, le tribunal suprême du pays en arriverait à ce jugement? Derrière ses allures humanitaires, cette décision cacherait-elle une dimension économique face aux coûts engendrés par les besoins grandissants d’une population vieillissante?
Au Québec, une commission s’est penchée sur les soins de fin de vie et a produit le rapport « Mourir dans la dignité » qui souligne l’importance des soins palliatifs et le besoin des les améliorer.
Dans certaines conditions, des soins palliatifs de qualité peuvent faire la différence entre vouloir tout arrêter et persévérer encore un peu. Mais encore faut-il financer adéquatement ces soins. Les scandales autour des centres pour personnes âgées démontrent qu’on a déjà du mal à offrir des soins aux personnes en perte d’autonomie, alors imaginez les soins palliatifs...
Pour Robert Latimer ce jugement « est une reconnaissance du besoin de mettre fin aux souffrances des gens ». Rappelons qu’en 2001, la Cour suprême avait envoyé Latimer en prison pendant neuf ans pour avoir mis fin aux souffrances de sa fille de 12 ans, qui subissaient, depuis des années, de douloureuses opérations aux allures de charcuterie.
Avec ce jugement, Latimer irait quand-même en prison car dans son cas, il s’agissait de meurtre par compassion et non de suicide assisté. Un médecin ne pourra rien faire si une personne est si avancée dans sa dégradation qu’elle ne peut communiquer elle-même son désir de mourir. Si vous pensez un jour vouloir faire ce choix, mieux vaut remplir quelques papiers légaux pendant que vous en êtes capable.
Certains, comme Mgr Donald Bolen du diocèse catholique de Saskatoon, affirment qu’il faut faire confiance au système de santé pour alléger les souffrances. « Nous devons éliminer la douleur et pas éliminer le patient ».
Mais voilà, qu’arrive-t-il lorsque la douleur ne veut pas disparaître? Je me souviens d’un calvaire d’une semaine à cause d’une dent. Je ne m’imagine pas affronter des mois ou des années de douleur, les os rongés par le cancer ou avec toute autre affliction irréversible.
Il y a l’acharnement thérapeutique et il y a la compassion. Depuis longtemps, des médecins vont encore plus loin que ce que la Cour suprême autorise. Ils pratiquent l’euthanasie par compassion, discrètement, avec l’accord tacite des familles.
En bout de ligne, comment connaître d’avance le niveau de souffrance que nous pouvons encaisser, le niveau de souffrance qui nous fera peut-être dire un jour « c’est assez! Je n’en peux plus »? Pour ma part, je veux avoir le droit de choisir. Personne ne devrait porter de jugements moraux sur la souffrance des autres.
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