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Actualité économique

La fin des tyrans
Frédéric Dupré

La fin des tyrans

L’arrestation massive, début décembre 2022, d’un groupuscule d’aristocrates ultranationalistes en Allemagne prêts à attaquer le parlement, ou encore le coup manqué sur le siège du gouvernement des États-Unis lors du transfert du pouvoir le 6 janvier 2020 ont choqué le monde. Les mouvements fascistes font-ils un retour en force pour prendre le contrôle des États démocratiques ?

La présence de leaders charismatiques prêts à rompre avec les principes démocratiques au profit de régimes autoritaires, xénophobes et ultranationalistes est une tendance de l’histoire humaine, mais le fascisme ne devrait plus réussir à s’imposer au sein des pays qui ont établi une tradition démocratique et un système de justice digne de ce nom.

Un de ces leaders est bien sûr Donald J. Trump. Son coup manqué sur le siège du gouvernement américain le 6 janvier 2020 et sa potentielle mise en accusation pour conspiration de sédition en sont l’illustration.

Le Département américain de la justice accumule en ce moment les preuves. Trump et ses semblables ont tout de même réussi à enflammer les ambitions des groupuscules d’extrême droite à travers le monde, convaincus d’une conspiration mondiale du Deep State pour contrôler les populations.

Cette mythologie haineuse favorise l’usage de la violence en vue de renverser le gouvernement, comme nous l’avons récemment vu en Allemagne.

Que Trump se retrouve en prison ou non (ce qui va arriver selon moi), cela ne va pas ralentir l’évolution sociale, démographique et politique en cours. Le visage de nos sociétés change : il est plus diversifié, plus inclusif, plus conscient de notre interdépendance, plus responsable de son impact sur l’environnement tout en étant fermement ancré dans des valeurs démocratiques et de respect de la dignité humaine. Ce mouvement progressiste est la hantise des Trump de ce monde.

Certes, ces mouvements politiques haineux demeureront un danger, mais leur succès est maintenant extrêmement difficile, et voici pourquoi.

Premièrement, les multiples crises d’envergure planétaire associant les enjeux environnementaux, sanitaires, économiques et technologiques appellent les leaders, les professionnels et, en fait, chacun de nous, à la nécessité d’agir collectivement.

L’individualisme, le nationalisme, le communautarisme, le tribalisme ne peuvent pas être la réponse à des enjeux planétaires. Un écosystème fait de risques de cette ampleur nécessite une action collective pour rétablir notre équilibre, et ultimement la survie de l’humanité sur Terre.

Cette prise de conscience motive les gouvernements, les acteurs économiques et sociaux à penser et à mieux agir ensemble. Il n’y a pas ici de place pour l’ultranationalisme sectaire et autoritaire. La coopération, la solidarité et la vision commune sont l’inévitable modus operandi de l’ère actuelle.

La deuxième raison est inscrite dans la mémoire et l’expérience individuelle et institutionnelle. L’Europe, et de nombreux pays à travers le monde, ont expérimenté dans le passé, ou expérimentent encore aujourd’hui, le joug de tyrans.

Les Iraniens en sont présentement les victimes et tentent de résister avec la force de leur espoir. Cette mémoire des atrocités passées est toujours vivante, et grâce à l’immigration ce souvenir se répand à travers le monde.

De plus, l’expérience de la liberté, de la sécurité et d’une société qui cherche, tant bien que mal, à protéger les plus vulnérables est une expérience positive, que nous chérissons. La mémoire des horreurs du fascisme et l’expérience de la liberté élèvent des remparts contre la montée des tyrans en devenir.

Restons, toutefois, très vigilants. Ces hommes et femmes, prêts à dénigrer la dignité, la liberté et la démocratie attendent une faille dans le tissu social pour émerger et répandre leur venin. L’État et les citoyens doivent continuer à protéger les valeurs qui nous rassemblent et nous protègent contre la pléthore de risques à l’horizon.

 

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