Adrienne Sawchuk, une héroïne de la vie ordinaire

Au début des années 2000, je tenais une chronique dans L’Eau vive intitulée Des héros bien ordinaires, revenant sur les héros de ma jeunesse et sur mon implication dans la francophonie. Cette fois, j’aimerais vous présenter une autre héroïne de mon époque : ma petite sœur Adrienne Sawchuk.

Adrienne est née à Saint-Isidore de Bellevue le 8 janvier 1954. Elle était la fille de Pierre Gareau et Marie-Ange Gaudet.

Son père était très impliqué dans la communauté franco-canadienne de la Saskatchewan, modèle remarquable d’implication.

Il a œuvré à titre de commissaire d’école et de membre de l’Association des commissaires d’école franco-canadiens (ACEFC), de membre du directorat de la radio de Saskatoon CFNS, qui a été en ondes entre 1952 et 1973, ainsi que du conseil d’administration de l'Association culturelle franco-canadienne de la Saskatchewan (ACFC).

Tititte, comme on la connaissait durant sa jeunesse à Bellevue, allait s’inscrire pleinement dans les pas de son père.

Une vie bien remplie

Durant le secondaire à l’école Saint-Isidore de Bellevue, Adrienne découvre le théâtre et le maquillage grâce à trois tantes qui étaient des passionnées des arts dramatiques.

Toujours durant son secondaire, Adrienne est choisie pour prendre part au Voyage SEV (Saskatchewan étudiante voyage), une initiative du père André Mercure qui souhaitait faire découvrir aux jeunes de la province la francophonie canadienne et ainsi développer un nouveau leadership fransaskois.

Entre 1968 et 1979, des centaines de jeunes Fransaskois comme elle ont eu la chance de vivre cette expérience. Adrienne aura ainsi forgé de grandes amitiés avec d’autres voyageurs.

Après son mariage avec Émil Sawchuk en 1974, Adrienne songe à poursuivre des études universitaires à Regina.

Finalement, en février 1976, elle se voit offrir le poste de secrétaire de rédaction par Dominique Galopin, rédactrice du journal L’Eau vive. Elle y demeurera jusqu’en janvier 1981, lorsque la famille Sawchuk déménage à Saskatoon.

En 1977, elle fait la mise en scène de ma troisième pièce, Le monologue, le dialogue, le trialogue et le catalogue dans laquelle je jouais.

Une femme de culture

À Saskatoon, tout en élevant sa famille et en travaillant comme secrétaire de l’école canadienne-française, Adrienne s’implique dans sa nouvelle communauté comme maquilleuse pour le théâtre.

Elle fait partie de l’équipe qui, en 1985, produit le collectif Azarie, lequel donne naissance à une nouvelle troupe de théâtre, la Troupe du Jour.

Avec l’arrivée de Denis Rouleau à la Troupe du Jour en 1989, elle fait partie de la distribution de la pièce de Michel Tremblay Surprise ! Surprise ! qui remporte le premier prix au festival Saskatchewan Drama cette année-là.

Par la suite, elle devient la directrice administrative de la Troupe du Jour à l’automne 1989 et aide à mettre sur pied le théâtre du Bas-Côté dans le centre-ville de Saskatoon.

À mon tour, j’ai eu le plaisir à l’automne 1990 de faire la mise en scène de la pièce Balconville de David Fennario dans le Bas-Côté avec Adrienne dans le rôle de madame Paquette. Dans les années qui suivent, elle jouera dans plusieurs autres productions de la Troupe du Jour.

Comme ce fut le cas pour bien d’autres Fransaskois et Fransaskoises, les coupes budgétaires de Paul Martin, ministre des Finances dans les années 1990, l’ont obligée à quitter la Troupe du Jour et à trouver un emploi ailleurs.

Un modèle d’engagement

Au cours des années qui ont suivi, Adrienne a œuvré en tant que directrice générale pour la Fédération des francophones de Saskatoon (FFS), pour la Fédération des aînés fransaskois (FAF), devenue Vitalité 55+ en 2020, et pour l’Association communautaire fransaskoise de la Trinité (ACFT).

Comme bien d’autres dans la communauté, Adrienne Sawchuk n’a pas évité les couteaux dans le dos. Malgré tout, elle a toujours persisté dans sa vocation : aider la communauté.

Son engagement avait d’ailleurs été souligné en 2015 par le Conseil culturel fransaskois (CCF), qui lui avait alors remis le prix Lys d’art, soulignant sa contribution au développement des arts et de la culture dans la fransaskoisie.

Adrienne Sawchuk, née Gareau, est décédée à l’âge de 71 ans le 10 mai 2025.