Qui aime bien châtie bien
Tout le monde est tombé à bras raccourcis sur Radio Canada après le débat des chefs entre les principaux leaders des partis. ACF, FCFA, SANB, ACF… Bref tout un tas d’organismes pleins d’acronymes et de francophonie reprochent au diffuseur public de n’avoir posé aucune question sur les francophones hors Québec.
Pour eux, c’est un signe de désintérêt, voire de mépris envers la communauté. Personne n’a autant de mal que les journalistes à formuler un mea culpa. A part peut-être les politiciens… Le diffuseur public s’est donc défendu d’une quelconque malice envers les francophones minoritaires. « Nous avons choisi des thèmes qui concernent l’ensemble des Canadiens […] On s’est assuré qu’on ne prenait pas de références québécoises », a tenté d’expliquer Michel Cormier, son directeur de l’information. Certes. Mais tout ici est question de symbole.
Les francophones hors Québec savent très bien que leur cas n’est pas le premier souci des conservateurs, NPD et autre Parti libéral. Ils savent très bien que leurs préoccupations passent loin derrière l’économie, la sécurité, le procès Duffy, les lois anti-terroristes, etc. Mais ce qu’ils veulent, c’est du symbole ! Au moins une question, juste pour eux, rien que pour eux ! Qu’ils se sentent exister, qu’ils sentent qu’on pense à eux, qu’ils sentent qu’on ne les oublie pas.
Et dans leur éternelle peur de l’assimilation, ils ont un besoin vital, quasi viscéral, de savoir ce que pensent d’eux les futurs maîtres du pays. Et ça, Michel Cormier ne l’a apparemment pas compris. Ses réponses pourraient même dénoter une certaine ingratitude. Dès que Radio Canada voit ses budgets coupés, ses moyens charcutés, son bas de laine amputé, c’est tout le pays qui se dresse pour défendre l’institution. Milieux minoritaires compris. Car ces francophones hors Québec aiment leur diffuseur public. Ils veulent qu’il poursuive ses missions, surtout en français. Ils ont besoin de lui. Comme en amour, on a besoin de se sentir important aux yeux de l’autre, de se sentir considéré. On a besoin que l’autre nous regarde, car s’il nous oublie, ça veut peut-être dire qu’il ne nous aime plus…
Les francophones hors Québec aiment Radio Canada, mais ils ont besoin aussi, de temps en temps, d’une preuve d’amour en retour. Or avec ce débat des chefs, Radio Canada a détourné le regard de ceux qui ont besoin du sien. Mais que notre diffuseur public se rassure. Un sondage tombé ce mardi montre que 72% des citoyens mise sur Radio-Canada/CBC pour protéger la culture et l’identité canadiennes à la télévision. La côte d’amour reste élevée. Auditeurs et téléspectateurs ne sont pas ingrats, eux.
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