Nouveau système d'abonnement Fonds l'Eau vive banniere
Close
Mychèle Fortin

Est-ce que "Indigenous Lives Matter"?

Indigenous Lives Matter

Indigenous Lives Matter

Une des nombreuses manifestations qui ont suivi l'acquittement, le 9 février 2018, de Gerald Stanley, le fermier saskatchewanais qui a abattu Colten Boushie en août 2016.
Crédit : Alicia Asquith / CBC

Comme beaucoup de mes semblables, je regarde avec effarement ce qui se passe chez nos voisins états-uniens. Misère ! Il y a bien sûr le cauchemar de la COVID-19 et le spectacle d'un président inapte et dangereux qui se prend pour un tsar. Il y a une société profondément divisée, dangereusement armée et belliqueuse. Et, depuis quelques semaines, cet éveil populaire qu'est Black Lives Matter, immense mouvement dont Trump a dit qu'il était un « symbole de haine » et qu'il compte bien réprimer par la force.

On regarde tout ça et on se dit que chez nous, ce n'est pas parfait, mais Dieu qu'on est contents de vivre ICI et pas LÀ-BAS. Notre premier ministre n'attise pas la haine et ne croit pas avoir la science infuse. Malgré d'importants dérapages, la pandémie semble mieux gérée ici et la population plus patiente. Qu'on aime ou pas, le masque n'a pas de résonance politique. Et, bien sûr, on est de tout cœur avec Black Lives Matter parce que chez nous, le racisme, la discrimination systémique, on est contre. N'est-ce pas ?

La paille dans l’œil du voisin...

Il est facile de pointer du doigt et des mots la paille (grosse, grosse paille, j'en conviens) dans l’œil de nos voisins. Il est encore plus facile de ne pas voir la poutre dans le nôtre.

Alors qu'on s'émeut, à juste titre, du sort de George Floyd, mort étouffé sous le genou d'un policier blanc, il n’y a pas eu beaucoup de vagues autour de la mort de Chantel Moore, une jeune Autochtone abattue par un policier à Edmunston, au Nouveau-Brunswick, le mois dernier.

George Floyd n'était pas le premier Noir à mourir aux mains des policiers. Mais cette fois, quelqu'un a filmé  la scène et la diffusion sur les réseaux sociaux a allumé un incendie. Personne n'a filmé la mort de Chantel Moore. Est-ce que ça aurait changé quelque chose ?

Alors qu'on applaudit, avec raison, Black Lives Matter, parle-t-on de Idle no More ? Ce mouvement de contestation autochtone pancanadien est né du ras-le-bol des Premières Nations en novembre  2012. L'élément déclencheur a été l'introduction de la loi C-45 qui « réduisait les droits et l'autorité des communautés autochtones tout en permettant aux gouvernements et aux entreprises de faire avancer plus facilement des projets sans évaluation environnementale rigoureuse ». Ça a fait beaucoup de bruit, et mené à une rencontre avec le premier ministre Harper en janvier 2013. Et à des contestations judiciaires. Et on n'en a presque plus parlé dans nos médias.(1)

Alors qu’il y a beaucoup de Blancs dans les manifestations de Black Lives Matter, on en a vu peu répondre aux appels de Idle no More. Si le mouvement s'appelait Indigenous Lives Matter, est-ce que ça changerait quelque chose ?

Le Canada a montré qu'il pouvait admettre des erreurs du passé envers les Premières Nations. Des excuses officielles ont été présentées, tant par les gouvernements conservateur que libéral. Ce n'est pas rien. Mais ce n'est pas assez. Les rapports et les commissions se sont succédé, les recommandations aussi. À quand la réparation ? À quand l'action ?  À quand le soutien de l'ensemble de la population ?

Ça va prendre combien de Chantel Moore, de Tina Fontaine (MB), de Colton Boushie (SK), de Shannon Alexander (QC), combien de drames avant que l’ensemble de la population canadienne ne se sente interpellée ? Combien de temps avant que l'on reconnaisse que chez nous, le racisme systémique envers les Autochtones a la vie dure ?

Oui, il est bien de rappeler, au début d'un discours ou à la fin d'un courriel, sur le territoire de quel traité on se trouve. Ce qui serait encore mieux, ce serait de dire « présent » quand la communauté autochtone cherche à se faire entendre.(2)


(1) Le 2 juillet dernier, on apprenait que la Cour suprême du Canada n’entendra pas un nouvel appel de communautés autochtones de la Colombie-Britannique concernant l’expansion de l’oléoduc Trans Mountain. 

(2) Pour connaître Idle No More et ses activités: idlenomore.ca

Print
29320

Mychèle FortinMychèle Fortin

Other posts by Mychèle Fortin
Contact author

Contact author

x
Conseil économique et coopératif de la Saskatchewan

Le CCS sur Facebook

Nouvelles du CÉCS

Prochain Webinaire « Êtes-vous business? »

Le Conseil de la Coopération de la Saskatchewan (CCS) est heureux de vous inviter au troisième atelier d’information, d’initiation et de développement des affaires. L’atelier sera sous le...
Wednesday, November 26, 2014/Author: Conseil économique et coopératif de la Saskatchewan/

Le CDEM reçoit 960 000$ pour exporter son expertise du projet Éco-Ouest dans les 4 provinces de l’Ouest

Le 21 novembre dernier était une journée importante pour les communautés bilingues des 4 provinces de l’Ouest. En effet, vendredi dernier, l’honorable ministre Shelly Glover se déplaçait à...
Monday, November 24, 2014/Author: Conseil économique et coopératif de la Saskatchewan/

Over the Hill Orchards – Récipiendaire de l’entreprise de transformation

C’est le 15 novembre dernier qu’avaient lieu les Lauriers de la PME organisé par le RDÉE Canada, un événement qui vise à souligner les petites et moyennes entreprises francophones à l’extérieur du...
Tuesday, November 18, 2014/Author: Conseil économique et coopératif de la Saskatchewan/
RSS
First3839404143454647Last

Actualité économique

Un quatrième économusée inauguré en Saskatchewan Un quatrième économusée inauguré en Saskatchewan

Un quatrième économusée inauguré en Saskatchewan

4736

Le 7 juin, l’hydromellerie artisanale Prairie Bee, la première en son genre dans la province, a été désignée économusée.

Le FDÉFP, une bouffée d’air pour la fransaskoisie Le FDÉFP, une bouffée d’air pour la fransaskoisie

Le FDÉFP, une bouffée d’air pour la fransaskoisie

Grâce aux financements du Fonds de développement économique francophone des Prairies (FDÉFP), trois organismes fransaskois peuvent concrétiser...
5573
La Belgique tisse des liens avec la Saskatchewan La Belgique tisse des liens avec la Saskatchewan

La Belgique tisse des liens avec la Saskatchewan

L'ambassadeur de Belgique au Canada, Patrick Van Gheel, a effectué une visite officielle en Saskatchewan du 24 au 27 octobre afin de...
6867
Le CÉCS dresse le portrait des régions Le CÉCS dresse le portrait des régions

Le CÉCS dresse le portrait des régions

Disponibles sur le site du Conseil économique et coopératif de la Saskatchewan (CÉCS) depuis la mi-juin, six rapports statistiques offrent un...
6294
Gaspillage alimentaire : la Saskatchewan veut mieux faire Gaspillage alimentaire : la Saskatchewan veut mieux faire

Gaspillage alimentaire : la Saskatchewan veut mieux faire

Depuis le 3 août, une nouvelle application, Too good to go, permet aux habitants de Regina et de Saskatoon de réduire leur gaspillage alimentaire....
6364
RSS
12345678910Last
Terms Of UsePrivacy Statement© Copyright 2024 Journal L'Eau Vive. Tous les droits sont réservés.
Back To Top