Nouveau système d'abonnement Fonds l'Eau vive banniere
Close
Ericka Muzzo – Francopresse

Les faibles taux de rétention, revers de la médaille en immersion

Image
Photo : Note Thanun / Unsplash

Si les inscriptions dans les programmes d’immersion ont augmenté de manière exponentielle dans les vingt dernières années, moins de la moitié des élèves inscrits en début de parcours y restent jusqu’à l’obtention de leur diplôme. 

Ce constat provient d’un projet pilote complété en 2021 par le chercheur Laurent Cammarata, professeur titulaire en éducation à la Faculté Saint-Jean de l’Université de l’Alberta, et auteur de l’étude pancanadienne RÉCIF-SRIFS sur la rétention scolaire en immersion française et en milieu minoritaire francophone.

« Quand on commence à regarder les chiffres, ils sont extrêmement beaux au niveau des inscriptions. […] En immersion, on a une augmentation d’à peu près 75 % en 20 ans, on a de quoi se réjouir ! » lance d’abord Laurent Cammarata.

De 50 000 à 13 000 élèves

Image
Moins de la moitié des étudiants qui commencent en immersion y obtiennent leur diplôme.
Photo : Courtoisie de Laurent Cammarata

« Évidemment, il y a toujours un revers à la médaille. Quand on commence à se pencher sur le phénomène de la rétention des élèves […] on n’a pas de données sur les pertes. Très, très peu de conseils scolaires collectent des statistiques sur les gens qui partent ou ont des entrevues avec les parents qui décident de retirer leurs enfants », déplore le chercheur.

Au Canada, en 2016-2017, près de 50 000 élèves fréquentaient la maternelle en immersion. Pour chaque année scolaire, ce nombre diminue, pour finir avec à peine plus de 13 000 élèves en 12e année.

« Il y a des choses qui sont normales, explicables […], mais il y a aussi toute une partie qui ne l’est pas », estime Laurent Cammarata, notant que la tendance est similaire d’une province à une autre.

À travers son étude, le chercheur espère identifier certaines des raisons qui poussent les parents à retirer leurs enfants de ces programmes. « Ma question, c’est de savoir ce qui se passe lorsqu’on a des parents qui ont fait le choix de l’immersion — ce qui est déjà quelque chose de très courageux —, qui étaient au départ très motivés, pour qu’à un moment donné ils décident de les retirer […] Tant qu’on ne sait pas, on ne pourra pas résoudre les problèmes. »

Des problèmes aux solutions

L’équipe de recherche a donc décidé de sonder les parents sur leur propre expérience avec le français, sur les motivations qui les ont amenés à choisir l’immersion ou l’école francophone pour leur enfant, ainsi que sur leur perception actuelle du programme. Un suivi avec des entrevues et des groupes de discussion est également prévu.

L’étude RÉCIF s’adresse également aux enseignants et aux administrateurs. « On veut voir aussi comment les perceptions et motivations des parents sont comprises ou interprétées par les autres acteurs du milieu, comment les enseignants et les administrateurs accompagnent ces familles-là », résume Laurent Cammarata.

Et d’ajouter : « Le but ultime, c’est vraiment d’identifier des problématiques particulières, des manques ou des choses sur lesquelles on devrait travailler, pour pouvoir ensuite apporter des propositions pour améliorer la situation. »

Quelques réponses préliminaires

Laurent Cammarata
Laurent Cammarata, chercheur et professeur titulaire en éducation à la Faculté Saint-Jean de l’Université de l’Alberta.
Photo : Courtoisie

Laurent Cammarata note d’ores et déjà que « beaucoup de parents mettent leurs enfants dans un programme d’immersion sans s’être vraiment préoccupés de poser des questions ou sans avoir eu accès à beaucoup d’informations. Beaucoup d’entre eux ne savent pas vraiment ce que c’est. »

L’universitaire observe aussi un manque de connaissances par rapport à l’apprentissage d’une langue seconde : « En immersion, on a souvent un délai naturel au niveau de la lecture et de l’écriture en anglais puisqu’on apprend à lire et à écrire exclusivement en français jusqu’à la troisième année. Beaucoup de parents s’inquiètent alors lorsqu’ils voient leur enfant avoir un petit retard », constate-t-il.

Une autre raison évoquée par les parents est le manque de soutien pour des problèmes d’apprentissage. « C’est vrai que, dans la situation actuelle de l’Alberta, il y a des coupures assez incroyables, on se retrouve avec des enfants qui ont des besoins particuliers en salle de classe et qui n’ont pas le soutien nécessaire […] Dans les écoles anglophones, en général, il y a plus d’argent », évoque Laurent Cammarata.

Enfin, beaucoup de parents s’inquiètent de ne pas pouvoir accompagner leur enfant dans les devoirs. « Le gros problème, c’est qu’on fait la promesse au départ que les parents n’auront pas besoin de parler français [dans le cas des programmes d’immersion]. C’est vrai pour certains enfants, mais celui qui a par exemple des problèmes d’attention va avoir besoin de soutien à la maison », relève le chercheur.

L’étude doit se conclure au mois de mars. Laurent Cammarata voit toutefois cette recherche comme « le début d’une aventure […] La deuxième étape, ça va être d’approfondir tout ça et de faire des études ciblées sur des choses que l’on aura remarquées. »

« Si on veut vraiment que tout le Canada soit bilingue, il faut que les enfants se retrouvent dans des programmes bilingues, donc il faut se préoccuper des gens qui sortent de ces programmes », souligne le chercheur.

Print
8779

Ericka Muzzo – Francopresse Francopresse

Other posts by Ericka Muzzo – Francopresse
Contact author

Contact author

x
Conseil économique et coopératif de la Saskatchewan

Le CCS sur Facebook

Nouvelles du CÉCS

Les bénévoles à l’honneur pour le Banquet Bravo Bénévoles 2016

  Cette année, c’est au tour des bénévoles à être souligné par le fameux prix BRAVO du CÉCS! Le prix Bravo Bénévoles vise à souligner le travail de nos bénévoles d’ici pour leur apport et...
Thursday, January 21, 2016/Author: Conseil économique et coopératif de la Saskatchewan/

La 2e édition du Tournoi de golf sera en juillet!

Eh oui! Pour une deuxième année, le CÉCS organise un Tournoi de golf comme levée de fonds pour la Fondation fransaskoise. C’est le samedi 23 juillet 2016 qu’aura lieu le second tournoi de...
Tuesday, January 19, 2016/Author: Conseil économique et coopératif de la Saskatchewan/

Naturallia: une porte vers un nouveau type d’intervention du CÉCS

Au cours de la deuxième semaine de novembre se tenait Naturallia, un évènement de réseautage exceptionnel. Cette année, l’évènement se tenait à Sudbury en Ontario du 11 au 13 novembre 2015, et...
RSS
First2122232426282930Last

Actualité économique

Un quatrième économusée inauguré en Saskatchewan Un quatrième économusée inauguré en Saskatchewan

Un quatrième économusée inauguré en Saskatchewan

5235

Le 7 juin, l’hydromellerie artisanale Prairie Bee, la première en son genre dans la province, a été désignée économusée.

Le FDÉFP, une bouffée d’air pour la fransaskoisie Le FDÉFP, une bouffée d’air pour la fransaskoisie

Le FDÉFP, une bouffée d’air pour la fransaskoisie

Grâce aux financements du Fonds de développement économique francophone des Prairies (FDÉFP), trois organismes fransaskois peuvent concrétiser...
6189
La Belgique tisse des liens avec la Saskatchewan La Belgique tisse des liens avec la Saskatchewan

La Belgique tisse des liens avec la Saskatchewan

L'ambassadeur de Belgique au Canada, Patrick Van Gheel, a effectué une visite officielle en Saskatchewan du 24 au 27 octobre afin de...
7646
Le CÉCS dresse le portrait des régions Le CÉCS dresse le portrait des régions

Le CÉCS dresse le portrait des régions

Disponibles sur le site du Conseil économique et coopératif de la Saskatchewan (CÉCS) depuis la mi-juin, six rapports statistiques offrent un...
6868
Gaspillage alimentaire : la Saskatchewan veut mieux faire Gaspillage alimentaire : la Saskatchewan veut mieux faire

Gaspillage alimentaire : la Saskatchewan veut mieux faire

Depuis le 3 août, une nouvelle application, Too good to go, permet aux habitants de Regina et de Saskatoon de réduire leur gaspillage alimentaire....
6818
RSS
12345678910Last
Terms Of UsePrivacy Statement© Copyright 2024 Journal L'Eau Vive. Tous les droits sont réservés.
Back To Top