Close
Dur, dur, la démocratie
Mychèle Fortin

Dur, dur, la démocratie

Comme bien des gens, je suis obsédée par Donald Trump. Depuis son arrivée à la présidence des États-Unis, j’ai consacré un nombre inouï d'heures à visiter les sites de CNN, du Washington Post et du New-York Times (pour ne nommer que ceux-là). Tout le monde pense à Trump et c'est une de ses plus grandes victoires. « Parlez-en en bien, parlez-en en mal, mais parlez-en ». Eh bien, on en parle. Plus ça devient kafkaïen, plus on en parle. Il a même délogé la météo comme sujet de conversation.

Il est vrai que ce président si peu présidentiel est inquiétant. Dangereux même. Pour son pays et pour la planète. Les aléas de la politique américaine sont devenus une véritable obsession. Mais fallait-il vraiment que l'émission L'heure du monde de Radio-Canada se rende au New Hampshire pendant deux jours pour couvrir les primaires démocrates ?

Notre radio d'État, aux prises avec mille contraintes budgétaires, avait-elle besoin d'être là ? Qu'avons-nous appris que nous ne savions déjà ? Va-t-on suivre tous les soubresauts électoraux de nos voisins jusqu'aux présidentielles de novembre prochain ? Et pendant que nos médias nous abreuvent sur les frasques de Trump, des enjeux cruciaux passent sous le radar.

Urgence climatique, vraiment ?

Au Canada, nous avons la chance d’avoir un premier ministre qui n'est pas belliqueux. Ni menteur compulsif. Ni arrogant. Il n’a pas fait reculer les mesures de protection environnementale de 20 ans comme l’a fait le président américain. Mais à ce chapitre, on dirait qu'il n'a pas de plan de match. Il affirme une chose et fait son contraire. Il déclare une « urgence climatique nationale » et achète au prix fort l'oléoduc TransMountain.

On ne sait pas encore si le gouvernement fédéral donnera son aval au mégaprojet d’exploitation des sables bitumineux Frontier, au nord de Fort McMurray, en Alberta. Le bon sens dicterait que non - déjà, on estime qu'il faudra dépenser jusqu’à 260 milliards pour fermer et réhabiliter les sites de quelque 90 000 puits inopérants. Mais bon, à l'heure où les relations entre l'Alberta et Ottawa sont tendues, on peut s’attendre à tout.

Il faut reconnaître que, côté environnement, Justin Trudeau a tenu certaines promesses, notamment au chapitre de la protection du territoire et des océans sur les côtes canadiennes. Il faut reconnaître aussi que le dossier des changements climatiques n'est pas de tout repos. On en veut pour preuve la taxe carbone qui ne passe pas comme une lettre à la poste, surtout dans l’Ouest canadien.

Et que dire du blocus ferroviaire causé par des opposants au projet de gazoduc Coastal GasLink en Colombie-Britannique ? Il n'est pas exact de dire que l’ensemble des Premières Nations s'oppose à ce projet. Pas moins de 20 ententes ont été signées entre l’entreprise gazière et des nations autochtones, parmi lesquelles les Wet’suwet’en, dont les chefs héréditaires dissidents s'opposent à la construction du pipeline. Veut, veut pas, le gouvernement fédéral devra probablement intervenir. Un pays comme le Canada ne peut pas se retrouver sans transport ferroviaire très longtemps.

Pour des choix citoyens éclairés

Il n'y a pas que le gouvernement fédéral en cause. Les provinces aussi ont un rôle à jouer. Certaines ne s'accordent pas avec d'autres, des visions diamétralement opposées s'affrontent. Et il y a nous, citoyens et citoyennes. Si virage climatique sérieux il y a, il ne viendra pas d'en haut, mais d'en bas. Au départ, c'est ça, la démocratie. Du bas vers le haut. Ça dépasse le droit de vote. Des millions de jeunes l'ont compris.

Le philosophe néerlandais Baruch Spinoza disait que pour que la démocratie fonctionne, les citoyens doivent avoir accès à une éducation de qualité, y compris une éducation citoyenne. Presque quatre siècles plus tard, nos systèmes d’éducation peinent à enseigner les notions du « vivre ensemble » et du bien collectif qui peuvent amener les individus à faire des choix éclairés quand vient le temps d’agir ou de choisir nos dirigeants. On a beau vanter les moult mérites de l'accès électronique aux connaissances, encore faut-il apprendre à penser. À faire la part des choses. Pour reprendre les mots de Montaigne : « Mieux vaut tête bien faite que tête bien pleine. »

Print
33158

Mychèle FortinMychèle Fortin

Other posts by Mychèle Fortin
Contact author

Contact author

x
Conseil économique et coopératif de la Saskatchewan

Le CCS sur Facebook

Nouvelles du CÉCS

Découvrons nos communautés avec Canada 150!

Vendredi le 25 novembre dernier avait lieu l’annonce officielle des projets du 150e par l’Honorable Ralph Goodale. En effet, le projet «Découvrons nos communautés avec le Canada 150» du CÉCS a été sélectionné parmi les projets communautaires financés du Canada 150. Tout au long de l’année 2017, le CÉCS s’engage à collaborer avec les communautés dans le but de créer 150 nouvelles géocaches bilingues partout à travers la...
Monday, November 28, 2016/Author: Conseil économique et coopératif de la Saskatchewan/

Forum économique 2016: revoyez quelques présentations

Vous avez été nombreux à participer à notre forum économique, l’Agriculture et l’agroalimentaire: de la terre à la table, en octobre dernier. Nous avons eu la chance d’avoir des conférenciers spécialisés qui se sont entretenus sur des sujets diversifiés s’adressant à tous. Vous avez maintenant la possibilité de revoir quelques présentations de ce Forum. Merci à tous les participants! 
Wednesday, November 23, 2016/Author: Conseil économique et coopératif de la Saskatchewan/

Le CÉCS à Destination Canada

Destination Canada, c’est bientôt, et pour une première fois, le CÉCS participera à Destination Canada! En effet, Robert Therrien, directeur général, ainsi que Clément Dion de Zenon Park, membre du conseil d’administration, seront à Paris et Bruxelles du 15 au 19 novembre prochain afin d’assister à un des plus gros salons francophones de l’emploi. Destination Canada est un salon de l’emploi présenté par l’Ambassade du Canada en France avec le...
RSS
First1516171820222324Last

Actualité économique

Un quatrième économusée inauguré en Saskatchewan Un quatrième économusée inauguré en Saskatchewan

Un quatrième économusée inauguré en Saskatchewan

2983

Le 7 juin, l’hydromellerie artisanale Prairie Bee, la première en son genre dans la province, a été désignée économusée.

Le FDÉFP, une bouffée d’air pour la fransaskoisie Le FDÉFP, une bouffée d’air pour la fransaskoisie

Le FDÉFP, une bouffée d’air pour la fransaskoisie

Grâce aux financements du Fonds de développement économique francophone des Prairies (FDÉFP), trois organismes fransaskois peuvent concrétiser...
3963
La Belgique tisse des liens avec la Saskatchewan La Belgique tisse des liens avec la Saskatchewan

La Belgique tisse des liens avec la Saskatchewan

L'ambassadeur de Belgique au Canada, Patrick Van Gheel, a effectué une visite officielle en Saskatchewan du 24 au 27 octobre afin de...
5461
Le CÉCS dresse le portrait des régions Le CÉCS dresse le portrait des régions

Le CÉCS dresse le portrait des régions

Disponibles sur le site du Conseil économique et coopératif de la Saskatchewan (CÉCS) depuis la mi-juin, six rapports statistiques offrent un...
4850
Gaspillage alimentaire : la Saskatchewan veut mieux faire Gaspillage alimentaire : la Saskatchewan veut mieux faire

Gaspillage alimentaire : la Saskatchewan veut mieux faire

Depuis le 3 août, une nouvelle application, Too good to go, permet aux habitants de Regina et de Saskatoon de réduire leur gaspillage alimentaire....
4882
RSS
12345678910Last
Terms Of UsePrivacy StatementCopyright 2014 par L'Eau vive
Back To Top