Grève Postes Canada accès PDF
Close
Réjean Paulin

En français du berceau à l’adulte

«Maman…» Deux syllabes, deux phonèmes, le mot français le plus facile à prononcer, le premier appel parlé d’un jeune enfant à sa mère. C’est comme une seconde naissance : celle du bébé d’abord puis celle du francophone. Ce mot, c’est la jeune pousse fragile qui sort de terre après les semailles. En milieu fertile, elle trouvera le soleil et grandira sans césure pour devenir un beau tournesol. Dans le cas contraire, elle cherchera en vain la lumière.

C’est contre cette issue fatale que l’on doit protéger ce francophone naissant, en évitant la cassure qui brisera sa croissance. Ce n’est pas facile quand on est minoritaires.

Il faut aller plus loin que la Charte des droits et libertés qui ne porte que sur l’enseignement en français. L’enfant a six ans quand il ouvre son premier étui à crayon et découvre le tableau noir. Entre le berceau et l’école, le chérubin aura rencontré sa voisine Judy ou son voisin Trevor à la garderie ou ailleurs. Il aura emprunté leurs mots comme il empruntait ceux de ses parents depuis ses premiers balbutiements. Le milieu ne lui aurait pas apporté cette force nécessaire à la vie. Petit à petit, la confusion va s’installer dans son esprit. Son sentiment identitaire va accuser le choc. L’insécurité finira par gruger sa confiance.

Une initiative toute récente vise à lever cet écueil. La Fédération nationale des conseils scolaires francophones (FNCSF) vient d’annoncer un ensemble de projets de développement de la petite enfance et de services de garde en français dans les communautés minoritaires. Oui, c’est là qu’il faut commencer.

Myriam Quimpère, éducatrice à la petite enfance, en est convaincue. Elle a travaillé auprès d’enfants francophones dans une ville anglophone de l’Ontario. 

Déjà à quatre ou cinq ans, la gêne s’installe. «La fierté n’est pas toujours là chez les enfants. Il faut la développer. C’est plus facile quand l’enfant est jeune», dit-elle.

Or, si l’on s’en tient à notre Charte des droits et libertés, la vie linguistique ne commencerait qu’à six ans. C’est trop tard.

Il faut constamment arroser la fleur qui pousse. Les projets annoncés par la FNCSF visent à maintenir la continuité pour que l’enfant s’enrichisse chaque jour d’un nouveau mot ou d’un son qui sera français.

Comme toujours, c’est surtout le fédéral qui finance. Hélas, il ne faut pas trop compter sur l’enthousiasme des provinces. Nous en sommes encore aux poursuites en justice pour obtenir des bâtiments adéquats, comme en témoigne la cause des Franco-Colombiens qui est actuellement devant la Cour suprême.

Voici une petite anecdote, en terminant, au sujet de mon plus vieux souvenir d’enfance.

Je me trouvais dans une pièce étrange peinte en vert pâle, une teinte dont on dit parfois «vert hôpital». Un jour, j’ai demandé à mes parents d’où me venait ce souvenir. «De l’hôpital du trois milles», ont-ils répondu. C’était comme ça que l’on appelait le baraquement qui, à l’époque, servait d’hôpital à Sept-Iles, ma ville natale.

Mon père y était hospitalisé. J’avais deux ans et cinq mois. Mes parents me l’ont confirmé. À cet âge, les conversations abstraites entre grandes personnes forment un ensemble de sons sans signification nette. Ces sons prennent un sens au fur et à mesure que l’on grandit, et une couleur, celle de la langue que l’on entend partout et à tous les jours. Ça, c’était le rayon de soleil qui faisait grandir ma francité.

Un an plus tard, une petite voisine anglophone vivait près de chez nous. Elle mettait du sable mouillé dans un petit sceau puis le retournait. Elle faisait du «cake», disait-elle. Et bien, je me suis mis à faire du «cake», moi aussi.

Sans le savoir, je faisais un emprunt à la langue anglaise. Pensez-y, un mot anglais entendu une fois… Imaginons maintenant l’enfant qui en entend partout et à tous les jours dès qu’il sort de la maison…

Print
23728

Réjean PaulinRéjean Paulin

Other posts by Réjean Paulin
Contact author

Contact author

x
Conseil économique et coopératif de la Saskatchewan

Le CCS sur Facebook

Nouvelles du CÉCS

2 postes à combler : Conseillers.ères en développement économique

Le Conseil économique et coopératif de la Saskatchewan (CÉCS) est à la recherche de deux Conseillers/Conseillères en développement économique (CDÉ). Date de clôture : 17 décembre 2021 Plus de détails The post 2 postes à combler : Conseillers.ères en développement économique appeared first on CÉCS.
Monday, November 15, 2021/Author: Conseil économique et coopératif de la Saskatchewan/

Poste à combler : Conseiller.ère en emploi

Le Conseil économique et coopératif de la Saskatchewan (CÉCS) est à la recherche d’un conseiller(ère) en emploi).  DÉTAILS The post Poste à combler : Conseiller.ère en emploi appeared first on CÉCS.

Offre d’emploi : Coordonnateur.trice du programme Jeunesse Canada au Travail

Le Conseil économique et coopératif de la Saskatchewan (CÉCS) est à la recherche d’un Coordonnateur/Coordonnatrice du programme Jeunesse Canada au Travail dans les deux langues officielles (JCTDLO). DÉTAILS The post Offre d’emploi : Coordonnateur.trice du programme Jeunesse Canada au Travail appeared first on CÉCS.
Thursday, September 30, 2021/Author: Conseil économique et coopératif de la Saskatchewan/
RSS
12345679Last

Actualité économique

Et pourquoi pas un salaire maximum! Et pourquoi pas un salaire maximum!

Et pourquoi pas un salaire maximum!

36685
Savez-vous ce qui s'est passé le mardi 3 janvier 2017?  À 11h47 très exactement, les 100 présidents-directeurs généraux les mieux rémunérés du pays (dont 2 femmes) empochaient le salaire moyen annuel d’un Canadien travaillant à temps plein.
Les PDG les mieux payés ont déjà gagné le salaire annuel d'un employé Les PDG les mieux payés ont déjà gagné le salaire annuel d'un employé

Les PDG les mieux payés ont déjà gagné le salaire annuel d'un employé

23407
Avant que l'horloge n'ait sonné les 12 coups de midi le mardi 3 janvier, les présidents et chefs de la direction les mieux payés du Canada avaient déjà gagné plus que le salaire annuel d'un travailleur moyen pour 2017.
Grandeurs et misères du néolibéralisme Grandeurs et misères du néolibéralisme

Grandeurs et misères du néolibéralisme

Dans un rapport du Fonds monétaire international, on peut lire: "Au lieu de favoriser la croissance, certaines politiques...
32643
De l'Algérie à la cuisine du Artful Dodger De l'Algérie à la cuisine du Artful Dodger

De l'Algérie à la cuisine du Artful Dodger

REGINA - Arrivé au Canada en 2014, Ramdane Chiouk travaille comme cuisinier à l’Artful Dodger au centre-ville de Regina...
28720
Programme Mobilité francophone Programme Mobilité francophone

Programme Mobilité francophone

Le ministère Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) a annoncé l'arrivée du programme...
27270
Le CÉCS souligne la contribution des bénévoles Le CÉCS souligne la contribution des bénévoles

Le CÉCS souligne la contribution des bénévoles

Roger Lepage est le gagnant du prix Castor de la 5e édition du prix Bravo Bénévoles. Le banquet Bravo Bénévoles...
31935
RSS
First45679111213Last
Terms Of UsePrivacy StatementCopyright 2014 par L'Eau vive
Back To Top