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Appâter pour mieux régner ?
Arthur Béague

Appâter pour mieux régner ?

Quelques jours après la tragique attaque d’un ours noir le 21 août sur une femme de 44 ans dans le secteur de Buffalo Narrows, la question du nombre d’ours noirs est sur toutes les lèvres.

En juillet, des experts avaient alerté quant à l’augmentation du nombre d’ours noirs dans la province sans s’étendre sur la raison du phénomène. Néanmoins, un argument majeur avait été avancé : le manque de chasseurs de trophées en Saskatchewan, d’habitude des Américains pour la plupart, qui ne sont pas venus en raison de la pandémie. Outre le coup dur que doivent affronter les professionnels de ce secteur  touristique, l’impact est aussi visible sur le terrain où les probabilités de croiser un ours noir sont plus importantes cette année.

Plutôt qu’une augmentation, c’est en fait une absence de diminution à laquelle nous faisons face. En effet, environ 2 000 individus sont prélevés annuellement par des chasseurs qui ne résident pas en Saskatchewan. Autant d’ours qui ne disparaîtront pas sous les coups de fusil cet été, gonflant un peu plus la population estimée entre 43 000 et 70 000 individus.

Régulateurs…

Certains chasseurs de trophées aiment se voir comme de grands régulateurs, ceux sans qui ce monde ne serait que désolation, peuplé de méchantes bêtes féroces à nos portes… La réalité est bien souvent plus complexe.

En effet, pour attirer les ours, les pourvoiries ont très souvent recours à l’appâtage, y compris cette année alors même que la chasse est au point mort. En apportant de la nourriture sur un plateau, les animaux sauvages n’ont pas à se soucier d’en trouver et économisent énormément d’énergie qu’ils peuvent alors investir dans la reproduction, par exemple. De plus, l’accès aux ressources alimentaires présentes en quantité finie à l’état naturel est l’un des facteurs principaux limitant la croissance de populations animales.

Plusieurs ombres au tableau

En plus de la croissance du nombre d’ours, l’appâtage a d’autres conséquences, comme celle de forcer les interactions entre hommes et ours. En outre, il modifie la répartition spatiale des individus en entraînant de grandes congrégations d'ours dans une petite zone, augmentant alors leurs densités locales.

Les chercheurs Manning et Baltzer ont montré que ces pratiques en Amérique du Nord avaient des impacts négatifs sur la dynamique des forêts. L'ours noir utilise les arbres pour se nourrir et pour marquer son territoire, entraînant des dommages au niveau du cambium, cette « seconde écorce » responsable de la formation du bois des arbres. Cela a le potentiel de réduire le taux de croissance des arbres, voire d’augmenter leur taux de mortalité, et pourrait menacer l’intégrité des forêts là où l’activité des ours y est plus élevée.

Plus généralement, l’alimentation complémentaire par l’homme peut avoir des implications importantes sur la santé. Une menace souvent sous-estimée de ces pratiques de chasse est la possibilité de faciliter la transmission de maladies intra et interspécifiques. L'alimentation complémentaire peut entraîner un potentiel accru de transmissions de maladies, soit directement (par contact avec l'animal), soit indirectement (par l'intermédiaire d'aliments fonctionnant comme un fomite, propageant la maladie dans l'environnement adjacent et à d'autres animaux).

Cette année 2020 ne saurait être un meilleur exemple pour nous montrer que jouer les apprentis sorciers avec la nature peut avoir de terribles conséquences. La meilleure façon de réguler des populations animales sera toujours de laisser faire la nature sans interférer.

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