AGA 2024 de la CPF
Close
Réjean Paulin
/ Categories: Opinion, Réjean Paulin

Les feuilles d’automne

On aime bien les premières.  Elles passent de l’or au rouge, mélange de contrastes et d’infinies nuances. Et puis viennent les autres feuilles d’automne. Elles ne sont plus qu’un tapis blafard que l’on piétine en cheminant vers la poisse de novembre. C’est cette marche qu’évoquent les feuilles que les tribunaux ont colorées de leur plume ces dernières semaines.

La Commission scolaire francophone des Territoires du Nord-Ouest (CSFTN-O) et l’Association des parents ayants droit de Yellowknife (APADY) demandaient des écoles équivalentes à celles des  anglophones. Elles voulaient aussi gérer les admissions pour y accueillir les immigrants d’expression française.  La Cour suprême n’a pas voulu les entendre. Le gouvernement des TNO décidera  donc de son propre chef ce qu’il donnera en briques et mortiers, murs et plafonds,  et  désignera les élèves qui y mettront les pieds.  Cette  feuille  est tombée le 29 octobre.

Des résidents de Windsor, en Ontario, avaient porté plainte auprès du Commissaire aux langues officielles contre l’intention de Radio-Canada de fermer leur station régionale. La Cour d’appel fédérale a statué que le commissaire n’avait pas le pouvoir de faire enquête. Feuille tombée le 12 novembre.

Puis, il y eu l’affaire Caron-Boutet. Il s’agissait de faire reconnaître des textes vieux comme le pays qui faisaient du français langue législative sur le territoire occupé aujourd’hui par l’Alberta, la Saskatchewan, le Manitoba, les Territoires du Nord-ouest et une partie du Labrador. La Cour suprême a rejeté la requête. Autre  feuille tombée, celle là, le  20 novembre.

La FCFA, la Fédération nationale des conseils scolaires francophones, le commissaire aux langues officielles et bien sûr tous ceux et celles qui ont consacré des années à piloter ces dossiers sont déçus. Et pour cause car, tout compte fait, il n’y a  pas grande récolte à célébrer.

À cela, on peut ajouter cet incident survenu récemment  à la Cour des petites créances de  Toronto.  Roseline Dorcin avait porté plainte au sujet d’un ordinateur perdu. La cour aurait refusé sa demande d’audience en français. Le juge lui aurait demandé pourquoi insister puisqu’elle travaillait en anglais. Il aurait aussi fait allusion à la dépense de l’argent  des contribuables que sa demande allait entraîner.  Mme Dorcin  soutient même que le juge aurait été «grossier» à son endroit. 

L’affaire a conduit le Commissariat aux services en français de l’Ontario à faire enquête.

On a certainement des leçons à tirer de tout ça.

Les lois confèrent des droits mais elles ont leurs limites. À preuve, les commentaires des juges de la Cour suprême dans l’affaire Caron-Boutet. Il ne fallait pas, dans les circonstances,  rendre un jugement qui aurait créé « de nouveaux droits ».  On aurait grandement préféré une interprétation « large et généreuse » en  cette matière, comme l’a déjà exprimé par le passé, Me Michel Bastarache, ancien juge au plus haut tribunal au pays et ardent défenseur du fait français.  Ce vœu n’a pas été exaucé.

C’est ainsi que le judiciaire a coloré notre automne.

On a au moins entendu une allusion encourageante dans le discours du Trône, très brève cependant. « Le gouvernement appuiera CBC/Radio-Canada, encouragera l’utilisation des langues officielles du pays, et investira dans les industries culturelles et créatives canadiennes. » Belle intention, mais timidement exprimée.

Ceci étant dit, on ne baisse pas les bras. L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario vient de demander au commissaire aux langues officielles du Canada et au commissaire aux services en français de l’Ontario de se pencher sur le financement des journaux communautaires. Les gouvernements leur achètent de moins en moins de publicité.

Le fédéral et l’Ontario pourraient bouger dans le sens souhaité avant que les commissaires leur tapent sur les doigts. Aucune loi ne l’interdit. Tous les journaux membres de l’Association de la presse francophone en tireraient bénéfice.

Reste à voir ce que députés et ministres feront.  Le pouvoir n’appartient pas qu’au judiciaire. Il est aussi aux mains de ceux et celles qui peuvent changer les choses. C’est là l’occasion de  nous faire oublier les branches décharnées qui, dressées vers le ciel, semblent  implorer la grisaille d’automne.

Print
11335

Réjean PaulinRéjean Paulin

Other posts by Réjean Paulin
Contact author

Contact author

x
Conseil économique et coopératif de la Saskatchewan

Le CCS sur Facebook

Nouvelles du CÉCS

2 postes à combler : Conseillers.ères en développement économique

Le Conseil économique et coopératif de la Saskatchewan (CÉCS) est à la recherche de deux Conseillers/Conseillères en développement économique (CDÉ). Date de clôture : 17 décembre 2021 Plus de détails The post 2 postes à combler : Conseillers.ères en développement économique appeared first on CÉCS.
Monday, November 15, 2021/Author: Conseil économique et coopératif de la Saskatchewan/

Poste à combler : Conseiller.ère en emploi

Le Conseil économique et coopératif de la Saskatchewan (CÉCS) est à la recherche d’un conseiller(ère) en emploi).  DÉTAILS The post Poste à combler : Conseiller.ère en emploi appeared first on CÉCS.

Offre d’emploi : Coordonnateur.trice du programme Jeunesse Canada au Travail

Le Conseil économique et coopératif de la Saskatchewan (CÉCS) est à la recherche d’un Coordonnateur/Coordonnatrice du programme Jeunesse Canada au Travail dans les deux langues officielles (JCTDLO). DÉTAILS The post Offre d’emploi : Coordonnateur.trice du programme Jeunesse Canada au Travail appeared first on CÉCS.
Thursday, September 30, 2021/Author: Conseil économique et coopératif de la Saskatchewan/
RSS
245678910Last

Actualité économique

Le CÉCS investit pour l’avenir Le CÉCS investit pour l’avenir

Le CÉCS investit pour l’avenir

4942

En se dotant d’un fonds d’investissement depuis la première fois de son existence, le Conseil économique et coopératif de la Saskatchewan (CÉCS) compte bien donner un nouveau souffle pour l’entrepreneuriat fransaskois. Kouamé N’Goandi, directeur général de l’organisme, explique le but de l’initiative.

Lutter contre le déclin démographique par la relance économique Lutter contre le déclin démographique par la relance économique

Lutter contre le déclin démographique par la relance économique

4769
L’augmentation des cibles en immigration et l’injection substantielle de fonds gouvernementaux se trouvent au cœur du deuxième Livre blanc sur la francophonie économique. Le Réseau de développement économique et d’employabilité (RDÉE Canada), qui signe le document, propose un plan de cinq ans qui mise notamment sur la création...
Léger ralentissement de l’inflation en décembre Léger ralentissement de l’inflation en décembre

Léger ralentissement de l’inflation en décembre

FRANCOPRESSE – Malgré un maintien des prix élevés au Canada, l’Indice des prix à la consommation (IPC) est passé de 6,8 % à...
6283
RSS
245678910Last
Terms Of UsePrivacy StatementCopyright 2014 par L'Eau vive
Back To Top