Grève Postes Canada accès PDF
Close
Réjean Paulin

Le droit à son français et Denise au pays des Francos

Denise Bombardier sur le plateau de Tout le monde en parle, le 6 octobre 2019

Denise Bombardier sur le plateau de Tout le monde en parle, le 6 octobre 2019

Photo : Capture d’écran, émission Tout le monde en parle
J’ai discuté récemment avec une enseignante à la retraite au sujet du documentaire de Denise Bombardier sur la francophonie canadienne. Je vais taire son nom pour la bonne raison que son cœur s’est toujours ouvert aux bouts de chou qui ont peuplé ses classes plutôt qu’aux controverses médiatisées.

Un court passage l’a bouleversée. C’est celui où Denise au pays des Francos reprend un jeune Franco-Ontarien qui venait d’employer le verbe «supporter» dans le sens d’«appuyer». Anglicisme. Ô sacrilège! Pris en flagrant délit d’inconduite linguistique…

Cette ex-enseignante acadienne m’a fait comprendre en peu de mots que la langue parlée n’est pas qu’affaire de dictionnaire. Elle a à voir avec l’estime de soi et l’expression de sa personne.

«C’est blessant pour ce jeune, dit-elle. Aura-t-il le gout de parler français s’il se fait humilier?»

Jeanne-Mance (nom fictif) parle un français tout à fait correct. Elle est fière de sa langue et heureuse de la transmettre. À l’écouter, on perçoit son idéal, celui d’une langue parlée qui serait un cocon confortable. On y vivrait avec sa famille et ses amis dans des mots nés du cœur plutôt que copiés des grands dictionnaires. 

Faut-il toujours parler lexique en poche? Répondre oui à cette question priverait la langue française de tous ses accents et de ses couleurs locales. Impensable et inconcevable.

«Votre langue n’est pas la mienne», dit Denise Bombardier à l’intention des francophones minoritaires. Or, des années passées en France, au Québec, en Acadie, en Saskatchewan et en Ontario m’ont fait entendre bien des sons français qui ne sont pas les siens, ni les miens, ni les vôtres probablement. Mais ils sont nôtres. C’est ce qui compte. Et bien sûr, dans toutes ses «parlures», on entend des fautes.

Sans complexe

Permettez-moi cette petite anecdote.

J’ai déjà côtoyé un Français catalan. Aux premières heures, nous avions du mal à nous comprendre tellement nos accents étaient différents. Son débit rapide et saccadé contre mes syllabes escamotées… Pas évident… Mais on s’est vite habitué.

C’est avec lui et un gars du Midi que j’ai visité le moulin d’Alphonse Daudet. Ce moulin nous disait la même chose… Bien sûr, nous n’aurions pas raconté La chèvre de monsieur Séguin de la même manière, mais l’œuvre demeure universelle. Elle a voyagé par la grâce de ceux et celles qui ont traversé l’Atlantique pour la reprendre et lui donner vie sur notre continent. C’est un morceau de culture française qui a franchi les époques et les frontières.

Au-delà de l’histoire culturelle, soyons contemporains.

Étienne Fletcher est Fransaskois. Ce jeune auteur, compositeur et interprète de talent s’est produit à Gatineau tout récemment. Avec ses mots et sa façon de parler, il se dit résolument Fransaskois. C’est avec cette identité qu’il promène son spectacle sur les scènes du Québec… Sans complexe…

Bien sûr, il ne faut pas fermer les yeux sur ce nuage noir qu’est l’assimilation. En proportion, la composante francophone du Canada rétrécit, mais admettons-le, elle augmente toujours en nombre.

S’il en est ainsi, c’est parce que des Francophones se lèvent chaque matin en faisant un choix linguistique qui vient du cœur, à deux pas du dépanneur du coin où tout se passe en anglais. C’est avec ténacité qu’ils contribuent au rayonnement de la langue parlée au Québec. Ils sont sur la ligne de front… Il est normal qu’ils en subissent quelques ecchymoses. Quant au verbe «supporter», cet anglicisme dénoncé dans le documentaire, il est d’usage courant au Québec. On l’entend à la radio, à la télévision, on le lit dans les journaux et je le corrige souvent dans les travaux de mes étudiants québécois.

Non, le pays des Francos n’a pas le monopole de la faute… Il a toutefois celui d’un défi que Mme Bombardier et ses voisins de palier n’ont pas à relever.

Print
31357

Réjean PaulinRéjean Paulin

Other posts by Réjean Paulin
Contact author

Contact author

x
Conseil économique et coopératif de la Saskatchewan

Le CCS sur Facebook

Nouvelles du CÉCS

2 postes à combler : Conseillers.ères en développement économique

Le Conseil économique et coopératif de la Saskatchewan (CÉCS) est à la recherche de deux Conseillers/Conseillères en développement économique (CDÉ). Date de clôture : 17 décembre 2021 Plus de détails The post 2 postes à combler : Conseillers.ères en développement économique appeared first on CÉCS.
Monday, November 15, 2021/Author: Conseil économique et coopératif de la Saskatchewan/

Poste à combler : Conseiller.ère en emploi

Le Conseil économique et coopératif de la Saskatchewan (CÉCS) est à la recherche d’un conseiller(ère) en emploi).  DÉTAILS The post Poste à combler : Conseiller.ère en emploi appeared first on CÉCS.

Offre d’emploi : Coordonnateur.trice du programme Jeunesse Canada au Travail

Le Conseil économique et coopératif de la Saskatchewan (CÉCS) est à la recherche d’un Coordonnateur/Coordonnatrice du programme Jeunesse Canada au Travail dans les deux langues officielles (JCTDLO). DÉTAILS The post Offre d’emploi : Coordonnateur.trice du programme Jeunesse Canada au Travail appeared first on CÉCS.
Thursday, September 30, 2021/Author: Conseil économique et coopératif de la Saskatchewan/
RSS
12345678910Last

Actualité économique

Essencerie automatisée: inauguration officielle à Gravelbourg Essencerie automatisée: inauguration officielle à Gravelbourg

Essencerie automatisée: inauguration officielle à Gravelbourg

26746
GRAVELBOURG - La Coopérative régionale Southland d’Assiniboia a inauguré officiellement une nouvelle essencerie automatisée (Cardlock) à Gravelbourg le 11 juin.
Économie et francophonie Économie et francophonie

Économie et francophonie

33311

Le Conseil de la coopération a changé de nom pour devenir le Conseil économique et coopératif de la Saskatchewan. Ce changement de nom est plus qu’esthétique, il vient confirmer l’orientation que se donnait le CCS depuis quelques années.

La presse doit se réinventer La presse doit se réinventer

La presse doit se réinventer

TORONTO - Les journaux régionaux sont au coeur d'une révolution sans précédent et ils doivent innover pour demeurer...
23691
Tourisme francophone en milieu minoritaire Tourisme francophone en milieu minoritaire

Tourisme francophone en milieu minoritaire

Mais le tourisme de proximité n’est pas adapté aux dimensions du Canada. Visiter les communautés francophones reste...
23190
Départ à la retraite de Robert Carignan Départ à la retraite de Robert Carignan

Départ à la retraite de Robert Carignan

Après plus de 11 ans au service du CCS, Robert Carignan a fait le saut vers la retraite le 31 mars dernier.

31314
RSS
First89101113151617Last
Terms Of UsePrivacy StatementCopyright 2014 par L'Eau vive
Back To Top