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Horizons - chronique littéraire du Cercle des écrivains de la Saskatchewan

Là où la terre rencontre le ciel

Extrait du roman en chantier Là où la terre rencontre le ciel

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Quelque part dans le sud de la Saskatchewan, dans les années 1860...

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Landon Parenteau - Unsplash

Wilbur se dirigea vers le magasin général des frères Smith. En fait c’était des Schmidt, d’origine allemande, et comme ils avaient fini par se fatiguer de se faire appeler à l’anglaise, ils avaient choisi de modifier le nom de leur commerce. De toutes façons, Smith, Schmidt, ça voulait dire la même chose : forgeron.   

L’édifice original était en bois, mais depuis quelques années les frères ajoutaient un mur de pierre ici et là avec quelques hauts-reliefs représentant des animaux en lignes géométriques simples. Une manière originale de distinguer leur bâtisse. Pas tellement loin au sud, des hommes s’affairaient à la construction d’une autre habitation en pierre, le nouveau bureau de poste de Regina.

À l’intérieur du magasin Smith, c’était le fouillis total. Comme les fermiers des alentours et ceux de Moose Jaw et même du comté de Weyburn se donnaient rendez-vous à cette période de l’année, la pièce centrale débordait de marchandises en tout genre. Des outils dans un coin, des graines et des semences dans un autre, des draps, couvertures, tissus, chandelles à profusion, des barriques remplies d’on ne sait quoi, certaines de bière ou du vin pour les plus petites, les autres c’étaient des farines ou des légumes, du vinaigre, du fromage ou du pétrole. Les lampes étaient derrière le comptoir tout comme les denrées plus dispendieuses telles que les ensembles de table en crochet, la vaisselle et les accessoires de verre. Quelques cadres étaient exposés près de la petite chambre qui servait à prendre des photos, très utilisée en cette période. On y venait par famille entière, il y en avait d’ailleurs deux qui attendaient patiemment leur tour. Frank fit tourner la manivelle de ce qui était son tout nouveau gadget, une caisse enregistreuse pour calculer la monnaie. Venue tout droit de Toronto et fabriquée à New York, la nouvelle fierté de la famille Smith. 

- Hey! Wilbur, t’as finalement décidé de sortir de ton trou à rat. Qu’est-ce qui peut bien t’amener cette fois-ci? demanda Frank avec sa grosse voix qui passait par-dessus toutes les autres petites conversations dans le magasin.

- Salut Frank, voici ma liste, j’espère que tu as à peu près tout ça.

- Laisse-moi voir. Hum! D’accord je te prépare tout ça. Tu retournes quand dans ta grotte au juste?

- C’est pas une grotte, et je pensais partir dimanche après la messe.

- Pas samedi!

- Si je manque encore une fois la messe, le curé va me tirer par les oreilles de l’Assiniboine jusqu’à son église. Non merci. C’est mieux d’aller communier d’abord et ça va me permettre de faire une prière pour que la température ne soit pas la merde que j’ai eue quand je suis monté. Il me reste encore à faire réparer ma charrette, y’a un essieu qui branle et j’ai pas envie de valser encore tout le long du chemin.

- Ben correct mon Wilbur, je te mets ça de côté.  Une fois ta charrette réparée, vient la mettre dans la cour arrière, on la remplira. 

Le soleil perçait ici et là entre les nuages et prenait sa teinte rougeâtre foncé quand Wilbur passa enfin à l’atelier du charretier pour se faire dire de repasser demain. Il fallait non seulement enlever la roue, mais aussi ajouter de nouvelles pièces. L’essieu était complètement cassé et avait endommagé le système de roulement.

- Tu es chanceux d’avoir réussi à arriver sans que ta carriole te flanque les quatre fers en l’air en s’affaissant au sol. Tu as dû en valser un coup sur le chemin.

Ouais, il en avait valsé un coup, pas besoin de lui rappeler ce calvaire.

- Parfait, je te revois demain alors. 

Après le magasin des frères Smith et le charretier, la nuit allait bientôt arriver. Le mieux était de retourner chez madame Wells, de manger et de se reposer un peu dans la douce chaleur de sa chambre.

Une fois à table, c’est Cathy qui vint le rejoindre.

 

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