Les femmes DJ ont fait tourner les tables au club The Cure le samedi 7 mars à Regina lors de l’événement Divas on the Decks. La soirée a permis de souligner la Journée internationale des femmes du 8 mars et la forte influence féminine d’une scène marquée par son inclusivité.
Si, à première vue, les hommes se retrouvent plus souvent derrière les tables de mixage que les femmes, la scène électronique compte de grands noms féminins. « Traditionnellement, les femmes ont toujours été très présentes sur la scène électro car c’est un milieu marginal et inclusif, un safe space où chacun peut s’exprimer. En Europe surtout, il y a plusieurs DJ femmes qui attirent les foules », explique le DJ fransaskois Shawn Jobin.
Toutefois, l’artiste ajoute que la commercialisation de la scène électro a beaucoup changé la dynamique. Ainsi, dans les grands festivals, les têtes d’affiche sont souvent des hommes.
Pour Michelle, alias Thug Shells, venue d’Edmonton, son incursion dans le monde électro est une progression naturelle de sa carrière de rappeuse et d’artiste hip-hop. « Pour moi, ce n’est pas vraiment la question d’être une femme ou un homme. Il n’y a rien qui empêche les femmes de mixer. C’est mon univers, les beats, la musique, la danse. J’aime être aux commandes et influencer l’ambiance et le mood des gens. »
Soit belle et mixe
La scène électro souffre également de l’effet « vedettariat » que connaissent d’autres industries. Et comme dans d’autres milieux à prédominance masculine, les femmes peuvent ressentir davantage de pression en matière de performance et d’apparence.
« Surtout sur la scène électro plus commerciale, les apparences prennent une grande place. Beaucoup de têtes d’affiche féminines pourraient être des top-modèles. C’est un spectacle, une mise en scène, et les gens viennent pour la performance mais aussi pour le performeur ou la performeuse. »
Sur un pied d’égalité
« Je ne veux pas être choisie juste parce que je suis une femme ! », lance Thug Shells. J’ai du talent, une personnalité, un style. Les femmes ont leur place tout comme les hommes. Il y a un sentiment très fort d’empowerment féminin, mais c’est aussi un travail d’équipe et de collaboration avec les hommes. »
Shawn Jobin abonde dans le même sens et croit que même s’il faut encourager les filles et les femmes à se lancer dans la musique électro à l’aide de programmes, de formations et de mesures incitatives, il faut avant tout privilégier le talent et la place naturelle que les femmes occupent dans ce milieu.
Marginales et progressistes
La DJ Thug Shells, quant à elle, est fière de porter le flambeau féminin : « De nombreuses jeunes femmes me voient en performance et se sentent inspirées. Je crois que, d’une certaine manière, je les encourage à être elles-mêmes. J’offre aussi des ateliers dans les écoles, c’est important pour moi de partager et diffuser mon art. »
Bien que marginale, la scène techno est aussi le reflet d’une société en constante évolution qui défie les genres et les catégories. « Les femmes ont été et restent de grandes pionnières de la scène électro à travers le monde. De nouvelles joueuses comme Miss Honey Dijon ou DJ trans changent la donne et bousculent les conventions. J’aime ce milieu pour son ouverture d’esprit et son côté inclusif », conclut Shawn Jobin.