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Aventure et plein air

Radio-Canada

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Encore cette année, le Francothon a été un franc succès. Plus de 60 000$ ont été amassés, grâce à un partenariat entre Radio-Canada et la Fondation fransaskoise, pour contribuer à assurer la vitalité de notre communauté. C’est fantastique.

 

Je peux m’imaginer que, pour les artisans de notre télévision d’état, les préparatifs n’ont pas été évidents puisque pour plus d’une semaine des rumeurs de coupures importantes à la Société Radio-Canada (SRC) planaient. Enfin jeudi, on annonce une coupure de 130 millions de dollars à son budget, dont 44,2 millions aux services en français. Cela inclurait 230 postes cette année et 82 autres l’an prochain. La programmation régionale d’Espace Musique est touchée et en Saskatchewan un nombre de postes vacants du côté francophone ne seront pas comblés. La façade demeure intacte, on nous dit.

 

Mais quelle façade? Depuis 10 ans les services qui nous sont offerts en Saskatchewan vacillent dramatiquement. En Saskatchewan, on a perdu une émission nationale, une émission estivale, un département d’affaires publiques, un service local de sous-titrage, même le Francothon rétrécit et cela seulement du côté de la télévision. La radio a aussi connu bon nombre de transformations. Oui, on a eu certains gains, mais ils nous ont aussi souvent été retirés. À chaque ronde de coupures, à chaque transformation, on semble être un peu perdant. Il y a un ou deux artisans de moins, on coupe une demi-heure ici et là, mais on nous dit que la façade reste intacte. Ce sont les briques arrières que l’on retire et la façade, elle, risque de s’effondrer.

 

Mercredi passé, avant l’annonce des coupures, je me suis retrouvé agréablement surpris en regardant la télé. C’est qu’une promotion de Radio-Canada m’invitait, non pas au Francothon, mais à prendre part à une consultation communautaire pour les régions de l’Ouest. Cette consultation, qui aura lieu le 29 avril par webdiffusion dans toutes les régions, doit prendre le pouls des auditeurs de l’Ouest. Cela m’a ravi, puisque SRC ne prend pas assez souvent le pouls de son auditoire en Saskatchewan. Mais le contexte dans lequel cette consultation est annoncée est inquiétant. Durant les coupures de 2009, j’étais moi-même employé de la société d’État. Il y avait eu des coupures en Saskatchewan, mais celles-ci étaient moins importantes qu’au sud-ouest de la [sic] franco-ontarie.

 

En 2009 une petite station de Radio-Canada, CBEF, diffusait dans la région de Windsor. Cela avait été le cas depuis près de 40 ans et, dans la foulée des compressions budgétaires, les gestionnaires de la SRC ont cru que de réduire la programmation radio de 36.5 à 5 heures par semaine était un bon moyen d’économiser. Donc, ils ont coupé tous les postes sauf 3 à la petite station de CBEF. Ce qui est intéressant, c’est que Radio-Canada a pris cette décision sans consulter personne.

 

Les francophones de Windsor se sont plaints beaucoup. Au point que M. Graham Fraser, le Commissaire aux Langues officielles, face à 800 plaintes, a commencé une enquête. Il a déterminé que la SRC a manqué à ses obligations en vertu de la partie VII de la Loi sur les langues officielles. Notamment, M. Fraser a trouvé que la société d’État n’avait pas consulté la communauté francophone du sud-ouest ontarien et n’avait pas tenu compte des répercussions négatives de la fermeture de la station de radio CBEF sur cette communauté. Un litige de deux ans a suivi entre le Commissaire et la société d’État. La SRC refusait de reconnaître que M. Fraser pouvait l’enquêter sous prétexte qu’il répondait seulement au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC). La Cour fédérale a donné raison à M. Fraser et trouvé que la Société d’État doit respecter la Loi sur les langues officielles.

 

Depuis les coupures de 2009, la SRC s’est fait dire par la Cour fédérale qu’elle doit respecter ses obligations sous la Loi sur les langues officielles et consulter les communautés. La SRC doit mesurer comment ses décisions affectent la Fransaskoisie. Or, la question se pose : la SRC a-t-elle appris une leçon depuis 2009 qui explique cette consultation communautaire? Consulte-t-on pour mieux couper?

 

On ne sait pas exactement ce que les hauts dirigeants de la SRC nous diront lors de la consultation, où s’ils y seront pour écouter, mais à mon avis, il est important d’y participer. Il me semble que ce forum est le bon pour faire valoir un mécontentement des services qui nous sont offerts par le diffuseur public. Au pire, nous serons mieux outillés pour adresser le démantèlement progressif de nos médias d’états en région et peut-être éviter le sort de la communauté francophone de Windsor et de CBEF. La SRC doit composer avec un budget, mais elle doit connaître nos besoins. Sans faire savoir que les services qui nous sont offerts ne sont pas suffisants, la SRC est mal placée pour octroyer ses ressources nationalement, et pour revendiquer davantage de financement auprès des gouvernements.

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