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Aventure et plein air

Le parcours exceptionnel de la famille Mayes

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Un atelier sur l’histoire et l’apport de la culture africaine au Canada a été présenté dans le cadre du festival Heritage de Saskatoon le 5 mars dernier. Cette conversation culturelle mettait en lumière Lesa Mayes-Stringer et Mamadou Ka, deux francophones qui ont partagé la richesse de leur culture au cœur des Prairies canadiennes entre anecdotes, faits historiques et traditions.

Lesa Mayes-Stranger
Lesa Mayes-Stranger, ancienne championne de bobsleigh et artiste peintre.
Crédit : Capture d’écran

Lesa Mayes-Stringer est descendante de colons d’origine africaine en Saskatchewan. Cette pilote de Coupe du monde de bobsleigh, membre de l’équipe nationale du Canada pendant 8 ans, a été deux fois championne canadienne et est l’ancienne détentrice du record canadien sur piste.

Cette femme au parcours de vie fascinant a débuté son intervention en présentant son arrière-grand-mère, Mattie Mayes, née aux États-Unis en 1846. « À l’âge de 4 ans, elle a été séparée de sa famille, et a été déplacée dans une autre plantation où son rôle était de chasser les mouches pendant que la famille qui l’avait achetée comme esclave mangeait son souper », a-t-elle retracé.

Lorsque les États-Unis abolissent l’esclavage en 1865, le destin de la famille Mayes prend une autre tournure. À ce moment-là, Mattie Mayes avait rencontré l’arrière-grand-père de Lesa, Joseph Mayes. « Mes arrière-grands-parents ont déménagé en Oklahoma où ils ont commencé une ferme porcine », explique-t-elle.

Mais les années de ségrégation raciale aux États-Unis ont donné du fil à retordre aux descendants Mayes. « Pour mes ancêtres, la ségrégation était très dangereuse étant donné que Joseph et Mattie étaient dirigeants d’une église », ajoute l’athlète.

Mattie Mayes
Mattie Mayes, l'arrière-grand-mère de Lesa Mayes-Stranger
Crédit : Provincial Archives of Saskatchewan/R-A10362

En 1910, environ 200 personnes issues de familles noires se sont déplacées avec la famille Mayes vers les terres de Maidstone, dans le nord-ouest de la Saskatchewan. « Ils sont passés d’un climat chaud de l’Oklahoma au froid glacial de la Saskatchewan. Ils n’avaient jamais vu de neige et n’étaient pas préparés, ça a été une période très difficile », souligne Lesa Mayes tout en signalant que ses arrière-grands-parents ont failli mourir de froid plusieurs fois.

La Saskatchewan, province d’inclusion

Commencer une nouvelle vie en Saskatchewan aura été laborieux, mais la famille Mayes a refusé de jeter l’éponge.  Joe, Mattie et leurs treize enfants ont bâti leur propre communauté. Mattie, qui avait travaillé dans un cabinet de dentiste aux États-Unis, détenait des bases en médecine moderne, ce qui était très utile dans la région. « Leur vie en Saskatchewan était une vie typique d’agriculteurs avec tous les fermiers qui s’entraidaient », décrit la descendante.

Lesa Mayes a passé plusieurs heures à interviewer ses proches âgés. « Chaque personne a tenu à me dire qu’elle n’a jamais eu de problème avec le racisme. Je crois que c’est quelque chose d’extraordinaire et cela représente les valeurs de la Saskatchewan, à savoir l’inclusion », relève fièrement la Saskatchewanaise. 

Et d’ajouter : « Grandir avec toutes ces histoires m’a particulièrement touchée. Cela m’a appris à être reconnaissante et travailler dur et être le meilleur de moi-même. Aucun objectif n’est impossible à atteindre avec beaucoup de discipline. »

La richesse de la culture noire

Mamadou Ka
Mamadou Ka, politologue et professeur associé à l’Université de Saint-Boniface
Crédit : Capture d’écran

Le docteur Mamadou Ka, qui est politologue, professeur associé à l’Université de Saint-Boniface et professeur agrégé associé à l’Université du Manitoba, a été le premier à prendre la parole lors de l’atelier. 

Ce dernier a tenu d’emblée à souligner l’apport de la culture noire et de la population noire dans les Prairies canadiennes. « Il est important de souligner que la population s’est accrue très vite dans les Prairies dans les dernières années. Nous avons maintenant une communauté noire qui n’est plus le fruit de la pauvreté et des conflits armés, mais plutôt de l’immigration économique. »

En fait, jusqu’aux années 1950, la communauté noire s’est heurtée à une immigration raciste selon le professeur, et c’est à partir des années 1990 que l’immigration des communautés noires s’est développée. « De nos jours, l’immigration des Noirs francophones connaît des sommets et tous contribuent au développement économique et social des Prairies canadiennes », souligne Mamadou Ka.

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