C’est la dernière. Le clap de fin. Le baisser de rideau.
Le 29 octobre a vu la publication de l’ultime version imprimée de
l’Eau vive en 2015. La chose a été dite et répétée, votre journal, comme beaucoup d’autres à travers le Canada, souffre de la crise du papier, souffre de la chute dramatique des revenus publicitaires. Dernière victime en date : le quotidien Le Devoir qui vient de lancer une campagne de financement sur les réseaux sociaux.
Mais comme dit le proverbe, il faut savoir aussi voir la paille (ou la poutre) que l’on a dans l’œil et ne pas s’exonérer de toute responsabilité. Votre hebdomadaire a parfois eu une histoire tumultueuse depuis 1971. Ce n’est pas sa première crise, pas la première fois qu’il met sa parution entre parenthèses. Aujourd’hui, l’Eau vive souffre d’un contexte extrêmement défavorable à la presse écrite. Mais il paye aussi, probablement, les époques sombres de son histoire. Comme un écho venu du passé, il subit certains mauvais choix anciens, certains aléas de gestion. Les racines du mal remontent aussi à bien des années dans le temps. Du temps justement, c’est ce qui manque désormais face à l’hémorragie financière. Alors nous avons entrepris d’essayer d’en gagner.
Pour cela, nous avons décidé de désormais publier un journal aux deux semaines et uniquement sur Internet. Nous avons lancé une campagne de financement auprès de la communauté, en espérant qu’une fois encore, elle viendra à la rescousse de son journal. Nous avons aussi entrepris de réorganiser notre fonctionnement interne. Non par plaisir, mais pour raison économique. La situation nous oblige à prendre des décisions pénibles, délicates, sensibles. Des choix qui touchent à l’humain et à la nature de l’Eau vive qui provisoirement n’est plus un hebdomadaire imprimé, mais un bimensuel électronique.
Des scénarios pour l’avenir seront proposés aux sociétaires en décembre. Ils auront un choix lourd à faire, déterminant pour le futur de ce journal cher aux Fransaskois et qui l’an prochain fêtera ses 45 ans. Encore faudra-t-il arriver jusqu’à 2016… Car désormais l’avenir s’écrit en pointillés. Nous espérons que toutes ces démarches, associées à la générosité des Fransaskois, permettront au journal de sortir de sa fragilité chronique, de renaître et de se réinventer, pour que perdure l’information en français dans la Saskatchewan.