OTTAWA – Bien que certains groupes, dont les organismes porte-parole des francophones vivant en situation minoritaire, estiment avoir été complètement ignorés dans le plus récent budget fédéral, le budget en question comprend diverses mesures applaudies de parts et d’autres. Ces cadeaux octroyés par Ottawa ne constituent d’ailleurs pas une coïncidence, alors que les électeurs seront appelés aux urnes dans six mois.
Ce budget déposé le 21 avril par le premier du ministre des Finances actuel, Joe Oliver, marque notamment le retour à l’équilibre budgétaire. En effet, le gouvernement Harper entend conclure le prochain exercice financier avec des surplus de l’ordre de 1,4 milliard de dollars.
Du côté des aînés
Parmi les groupes qui sortent gagnants à la suite du dépôt de ce budget, les aînés de même que les petites et moyennes entreprises (PME) viennent en tête de liste.
À titre d’exemple, les aînés et les personnes handicapées pourront bénéficier d’un nouveau crédit d’impôt s’ils effectuent des travaux de rénovation à leur résidence afin de la rendre plus accessible. Par ailleurs, les personnes qui doivent s’absenter du travail pour prodiguer des soins à un proche gravement malade voient la « prestation de compassion » passer de six semaines à six mois.
« Si nous voulons que les aînés puissent demeurer chez-eux le plus longtemps possible, il est important d’augmenter la durée de prestations pour ces personnes qui se dévouent pour leurs proches et qui font également économiser beaucoup d’argent à notre système de santé », indique Roland Gallant, président de la Fédération des aînées et aînés francophones du Canada (FAAFC).
Toujours du côté des aînés, le gouvernement alloue une plus grande flexibilité en lien avec les Fonds enregistrés de revenus de retraite (FERR) en réduisant le retrait minimal à partir de l’âge de 71 ans, une autre mesure qu’approuve la FAAFC.
« Ceci aura pour effet de donner plus de flexibilité aux retraités dans la planification de leur budget à la retraite », croit Roland Gallant.
CELI et PMEs
Notons également que le gouvernement Harper maintient sa promesse de faire passer à 10 000 $ la limite de cotisation annuelle à un Compte d’épargne libre d’impôt (CELI), un instrument d’épargne instauré par les conservateurs en 2009.
En ce qui concerne les mesures mises en place pour les PME, la principale fera passer le taux d’imposition des PME de 11 % à 9 % d’ici 2019. Considérant que la réduction du taux d’imposition constitue une excellente nouvelle pour ses membres, la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) estime que cette initiative permettra aux entreprises canadiennes de réaliser des économies totales de 2,7 milliards de dollars d’ici 2019-2020.
« La baisse du taux d’imposition des petites entreprises est une mesure plus efficace que des mesures trop ciblées, comme des crédits d’impôt, pour renforcer leur performance puisqu’elle permet aux entrepreneurs de choisir eux-mêmes là où ils souhaitent investir », juge Martine Hébert, vice-présidente principale de la FCEI.
Les francophones laissés pour compte
Avec les vagues de compressions à Radio-Canada au cours des dernières années et le peu d’initiative dont fait preuve Ottawa dans le dossier de l’immigration francophone, selon les organismes porte-parole, le budget fédéral suscitait certaines craintes au sein de la francophonie, et ce, avant même qu’il soit déposé.
Visiblement, ces craintes étaient fondées puisqu’il n’a aucunement été question des communautés de langue officielle en situation minoritaire dans le budget Oliver, une situation que dénonce la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada. Plus précisément, la FCFA soutient que dans sa quête visant à atteindre l’équilibre budgétaire, le gouvernement fédéral néglige les communautés francophones.
« L’équilibre budgétaire et les baisses de taxes, c’est bien, mais l’envers de la médaille c’est une érosion du tissu social et des services, structures, organismes et institutions qui permettent à nos citoyens de vivre en français », déplore la présidente de la FCFA, Marie-France Kenny.
« Au début mars, on nous a indiqué qu’il y aurait une annonce d’ici la fin du printemps, possiblement en termes de mécanismes pour accroître l’immigration francophone à l’extérieur du Québec. Nous attendons toujours », illustre Mme Kenny.
Culture : le gouvernement a manqué le bateau
Parmi les organismes francophones qui ont décelé un peu de positif à l’intérieur de ce budget, on compte la Fédération culturelle canadienne-française (FCCF), en partie en raison du financement octroyé pour les festivités entourant le 150e anniversaire du Canada, en 2017. Selon la FCCF, les artistes seront impliqués de près dans le cadre de ces festivités. Mais elle ne donne pas pour autant son aval au budget.
« Le plan économique annoncé offre très peu pour les arts, la culture et les industries culturelles du Canada et le gouvernement a manqué le bateau en ne reconnaissant pas et n’utilisant pas l’opportunité qu’offre le secteur de contribuer au développement économique du pays et de renforcer le tissu social canadien », souligne Martin Théberge, président de la FCCF.