Une étude menée dans six pays conclut qu'un programme fournissant du bétail et une formation pour le rentabiliser peut aider les plus défavorisés de la planète à améliorer leur sort.
Si ce projet n'a pas éradiqué la pauvreté chez les participants, ceux-ci sont devenus "significativement moins pauvres", a affirmé l'économiste Dean Karlan de l'université Yale et l'organisme à but non lucratif Innovations for Poverty Action.
Ce n'est pas "la panacée", mais cette approche est meilleure que toute autre qu'il connaît, s'est réjoui M. Karlan.
Avec ses collègues, il a mené une évaluation indépendante de cette stratégie antipauvreté largement utilisée au Bangladesh, afin de voir si elle serait efficace dans d'autres conditions. L'évaluation a donc porté sur plus de 10 000 ménages en Éthiopie, au Ghana, au Honduras, en Inde, au Pakistan et au Pérou.
L'étude, dont les résultats ont été publiés jeudi dans la revue "Science", s'est concentrée sur les plus défavorisés des villages participants. Environ la moitié de ces ménages avaient un revenu équivalant à moins de 1,25 $ US par personne par jour.
Les éléments centraux du programme consistaient à fournir aux gens des actifs, comme du bétail, et à leur montrer comment les gérer. Une allocation régulière pour se procurer des produits de base était aussi donnée aux participants, qui étaient également encouragés à économiser.
Les chercheurs ont choisi au hasard des ménages pour participer au programme et ont comparé leurs revenus à ceux de ménages qui ne l'ont pas suivi, sur une période de trois ans.
La plupart des activités du programme avaient lieu dans les premiers mois. Après deux ans, à la fin du programme, les participants montraient déjà des améliorations sur plusieurs plans. Un an plus tard, leurs revenus étaient majoritairement maintenus.
Les chercheurs ont analysé plusieurs éléments, comme les dépenses familiales, la valeur des actifs, la fréquence à laquelle les participants allaient au lit le ventre vide, le temps passé à travailler, le revenu et la santé physique.
Les bénéfices du programme ont excédé ses coûts dans tous les pays, sauf au Honduras, où une grande partie des poules sont mortes d'une maladie.
Christopher Blattman, qui étudie la pauvreté à l'université Columbia, a louangé l'étude de M. Karlan, à laquelle il n'a pas participé, et juge que ce programme est remarquable.
Pour sa part, Stephen Smith de l'université George Washington, qui agit comme conseiller à la filiale américaine de BRAC, un organisme qui déploie ce programme au Bangladesh, considère que les résultats démontrent qu'il est possible de sortir de la pauvreté extrême par le travail autonome ou, éventuellement, l'emploi salarié.