Le commissaire aux langues officielles, Graham Fraser.
Photo: CLO (2014)
Dans son rapport "La petite enfance: vecteur de vitalité des communautés francophones en situation minoritaire", dévoilé le 3 octobre 2016, le commissaire aux langues officielles, Graham Fraser, demande au gouvernement fédéral d’ouvrir les coffres pour les services touchant la petite enfance en milieu minoritaire. M. Fraser veut que le prochain plan pour les langues officielles d’Ottawa assure un financement "suffisant, stable et continu" pour ces services.
La présidente de la Commission nationale des parents francophones (CNPF), Mme Véronique Legault, accueille favorablement ce rapport qui « démontre clairement l’enjeu vital de la petite enfance pour l’avenir des minorités francophones. » Or, selon M. Graham, la qualité et l'accessibilité des services sont plombées par le manque de ressources, la pénurie de personnel et la fragmentation des services.
Madame Legault confirme que « les listes d’attente pour des services de garde en français débordent dans presque toutes les communautés francophones au pays. Un nombre important de parents francophones doivent placer leurs enfants dans des services de garde en anglais ».
Pour Mychèle Fortin, qui a dirigé trois centres de la petite enfance à Montréal, « il y a un manque de places partout, même en milieu majoritaire. Le défi particulier du milieu minoritaire c’est trouver du personnel formé et compétent qui maîtrise la langue et surtout de le conserver. Le taux de roulement est très élevé. »
Ce que confirme Sandra Hassan Farah, directrice du centre éducatif Trésors du monde à Prince Albert. « Recruter du personnel qualifié avec un niveau de français excellent et des techniques éducatives réfléchies et adaptées relève du tour de force au sein de cette province anglophone ».
Frédérique Baudemont, directrice générale de l’Association des parents fransaskois
Photo : Alexandra Drame (2015)
En entrevue à Radio-Canada, la directrice de l’Association des parents fransaskois, Frédérique Baudemont, a affirmé que « la petite enfance c’est le berceau de nos communautés en milieu minoritaire et c’est essentiel d’offrir des services dans ce domaine. »
Même si elle reconnaît qu’il y a un manque de ressources elle considère que « le grand défi est le manque de continuité. On ne voit pas une vision à long terme dans le dossier de la petite enfance. Cette vision ne peut se développer en silo. Il faut un travail au niveau fédéral et provincial. »
Selon madame Baudemont, il y a du travail à faire pour se faire connaître auprès des instances provinciales et surtout faire connaître nos besoins. Et ces besoins sont différents selon le milieu. « Il n’y a pas un manque de place en milieu rural, par contre il y a des besoins en formation. En zone urbaine, il y a des listes d’attente de 200 à 300 places. »
Graham Fraser estime que le développement de la petite enfance est crucial pour la vitalité des communautés francophones. « Des services accessibles et de qualité aident non seulement les parents francophones à transmettre leur langue à leurs enfants, mais ils favorisent leur transition vers l'école de langue française et le développement d'un sentiment d'appartenance à la communauté », mentionne-t-il.