À la découverte de la rivière Saskatchewan Sud
La rivière Saskatchewan Sud croise les Badlands et offre une vue hors pair d’une région que la plupart des amateurs de canot méconnaissent. Créée par la jonction de la rivière Bow et la rivière Oldman au sud-est de Calgary, la Saskatchewan Sud traverse la province qui porte son nom. Elle rejoint sa sœur, la Saskatchewan Nord, à l’est de Prince Albert. Photo: Dominique Liboiron (2016)
Le déversement de pétrole de Husky Energy remet en cause la légitimité des oléoducs et surtout de ceux qui passent près de l’eau. L’ampleur des retombées reste à déterminer, mais nous savons déjà que les amateurs de canot et de kayak cherchent une destination autre que la rivière Saskatchewan Nord.
Couronnée par ses paysages de la forêt boréale et de la forêt-parc de trembles, la rivière Saskatchewan Nord chevauche deux écosystèmes en plus d’être empreinte de l’histoire de la traite des fourrures. Malheureusement, la fuite d’environ 225 000 barils de pétrole brut au mois de juillet incite les canoéistes et les kayakistes à revoir leurs plans de séjour.
Ce que je veux partager avec vous, chers lecteurs, est une suggestion de voyage dans un écosystème moins célébré, mais dont la beauté rude et nuancée provoquera chez vous un sentiment de révérence digne d’une cathédrale dédiée à la nature.
À plusieurs reprises, j’ai parcouru en canot diverses parties de la rivière Saskatchewan Sud. Le paysage de l’écosystème des grandes plaines est spectaculaire et le cours d’eau est facile à naviguer. Plusieurs fois, j’ai été profondément ému devant la beauté des hoodoos sculptés par la main des millénaires. Les falaises érodées, les immenses cavernes et le paysage hors-planétaire m’ont empreint d’une nouvelle appréciation des environnements arides. Au pied des berges hautes de 600 pieds ou de 180 mètres, j’ai compris l’émotion que provoquent les grandes cathédrales voûtées d’Europe, celle de l’émerveillement.
La vallée de la rivière Saskatchewan Sud est profonde et porte les cicatrices de l’érosion causée par le vent, la pluie et la retraite des glaciers. Là où la rivière coupe la frontière de l’Alberta et de notre province, vous verrez les Badlands. L’origine du mot Badlands nous arrive du français et des premiers explorateurs qui trouvaient que le paysage désertique était « des mauvaises terres à traverser. »
À la découverte de la rivière Saskatchewan Sud
La rivière Saskatchewan Sud compte parmi les cours d’eau que j’aime à pagayer le plus. Elle offre la même solitude et tranquillité des rivières du Nord, mais sans demander de longs trajets par auto ou par avion pour y arriver.
Photo: Dominique Liboiron (2016)
Certains aspects du voyage doivent être pris au sérieux. La rivière est peu voyagée et souvent vous n’aurez pas de réception cellulaire. Vous n’y retrouverez pas toujours beaucoup de maisons. Donc, vous devez être prudents parce qu'il est peu probable qu'on vienne à votre secours en cas d’urgence.
Étant donné que certaines parties de la rivière sont isolées, vous devez amener toutes vos provisions avec vous. Cela inclut votre nourriture et votre eau, mais sans oublier votre équipement de camping, trousse de premiers soins et des matériaux pour réparer votre bateau.
Si vous êtes bien préparés et bien équipés, l’élément de danger augmente l’intensité du voyage. Votre pensée doit déchiffrer tout ce qui représente un danger. Ce défi devient un jeu, un casse-tête, qui exige de la créativité, de l’analyse et de la concentration.
Les réussites provoqueront chez vous des sentiments de fierté. Vos préoccupations se transformeront. Vous oublierez la dynamique de groupe ou la politique de votre milieu de travail. Votre relevé de compte, vos projets scolaires, l’incertitude économique, voire toutes vos inquiétudes quotidiennes cesseront d’exister et seront remplacées par le souci du vent, des vagues, de l’emplacement de votre camp et par la curiosité de découvrir ce qui reste caché derrière chaque tournant de la rivière.
À la découverte de la rivière Saskatchewan Sud
Le long de la rivière Saskatchewan Sud, il existe plusieurs cavernes qui invitent l’exploration ou qui servent d’abris quand le soleil plombe. En arrière-plan, nous voyons le paysage majestueux de cette rivière peu pagayée.
Photo: Dominique Liboiron (2016)
Sur le plan physique, le travail de pagayer et d’explorer les berges n’exige pas trop, mais assez pour assurer que vous dormirez dans un sommeil profond. Vos repas auront un goût amélioré.
Si vous pensez entreprendre une aventure sur la rivière Saskatchewan Sud, je vous conseille fortement de vous procurer le livre Prairie River par Dawn Dickinson et Dennis Baresco, deux écrivains albertains. Prairie River vous informe pleinement et clairement sur la rivière à partir de Bow Island jusqu’à sa fourche avec la rivière Red Deer au ras de la frontière de la Saskatchewan. Ce guide de voyage vous fournit d’excellentes cartes pour vous aider à vous repérer à chaque kilomètre et explique bien les traits géographiques et historiques de la rivière sans oublier des descriptions engageantes et des illustrations de la flore et la faune.
À vous de découvrir un écosystème aride que l’on explore rarement à partir de l’eau. D’apparence, il s’agit d’un voyage en bateau, mais en réalité il est question d’un voyage à l’intérieur de soi.