Les Territoires du Nord-Ouest (TNO) innovent dans le déploiement de services dans 11 langues officielles à leurs 42 000 habitants. Depuis 1989, Benoit Boutin y joue un rôle déterminant.
« Le français et les langues autochtones ont un statut officiel depuis 1984, explique le directeur général du Secrétariat aux Affaires francophones (SAF). Le Secrétariat autochtone a été créé récemment. Beaucoup de travail reste à faire sur la terminologie et la standardisation de l’écriture. Certaines langues sont uniques au Nord, les nombres sont très petits.
« On travaille ensemble, dit-il, même si la mise en œuvre est différente. Pour les francophones, on cherche à augmenter les services ; pour les autochtones, on parle de revalorisation des langues. »
Benoit Boutin a d’abord été recherchiste au Commissariat des langues officielles des TNO. Il a dirigé en 1990 un comité spécial de la Législature pour réviser la Loi sur les langues officielles. En 2010, le conseiller du gouvernement a joué un rôle-clé dans le développement, avec les communautés, du Plan stratégique 2013-2018 pour les services en français.
« En 2009, après un procès de dix ans mené par la Fédération franco-ténoise, on a reçu l’ordre de développer un plan. Lorsqu’on a fait l’ébauche, on s’est rendu compte qu’on n’avait pas au gouvernement l’appareil nécessaire pour offrir des services. »
Le SAF a été créé en 2012 et Benoit Boutin en est son premier directeur général. Le même poste aux Affaires autochtones a récemment été comblé. Les deux secrétariats relèvent du ministère de l’Éducation et de la Culture.
Le Nunavut est la seule autre juridiction dotée d’une loi des langues officielles inclusive du parler autochtone. Un ministre est chargé de son application au sein du gouvernement, des municipalités et des écoles.
L’idée de collaborer avec les autochtones pour la valorisation des langues fait son chemin dans la francophonie depuis la publication en 2015 du rapport de la Commission de vérité et réconciliation. La Société nationale de l’Acadie inclut déjà les autochtones dans ses manifestations, tout comme le premier ministre Justin Trudeau depuis son élection.
« On parle beaucoup des langues autochtones au fédéral, note Benoit Boutin, surtout depuis le rapport sur les écoles résidentielles. On en parle beaucoup ici. Ça n’empêche pas le développement de services en français, il n’y a jamais eu cette crainte.
« La Fédération a toujours valorisé les langues autochtones. Des francophones siègent au Comité des langues officielles des autochtones. Je ne sais pas si le modèle des TNO est exportable, conclut-il. Les gens peuvent toujours venir voir comment ça fonctionne. »