La pauvreté toujours d’actualité
Un article de juillet 1992 publié dans L’Eau vive tirait la sonnette d’alarme quant au risque pour un Canadien sur trois de tomber dans la pauvreté. Plus de trente ans plus tard, force est de constater que ce risque n’a pu être évité.
Certes, selon le rapport 2022 du Conseil consultatif national sur la pauvreté, environ 10 % de la population canadienne vit en situation de pauvreté.
Cependant, ce nombre ne donne pas un portrait fidèle de la réalité car les populations particulièrement à risque ne sont pas celles qui répondent aux sondages gouvernementaux.
Notons toutefois que 10 % représente une hausse d’environ 4 % depuis 2020. Il est prévu que ce nombre continuera d’augmenter dans les prochaines années à cause, entre autres, de la croissance de l’inflation et de l’augmentation des taux d’intérêt et d’emprunt.
Une situation variable
Le Canada établit le seuil de pauvreté pour une famille de trois personnes, soit deux adultes et un enfant, à 39 000 dollars annuels après impôts.
En Saskatchewan, c’est 19 % de la population qui vit en dessous de ce seuil. Un taux particulièrement haut par rapport au reste du pays.
Il semble que la province a toujours suivi cette tendance, avec des taux élevés de pauvreté depuis le début des années 1900.
Plusieurs facteurs peuvent exposer une famille ou un individu à la pauvreté. Les populations autochtones, les nouveaux arrivants et les réfugiés constituent les populations les plus à risque.
D’après les données officielles, 34 % des nouveaux arrivants ou réfugiés au Canada connaissent la pauvreté au moins une fois dans leur vie. Ce taux est encore plus élevé pour les Premières Nations, Métis et Inuits, atteignant jusqu’à une personne sur deux.
Les femmes monoparentales constituent une autre population à risque. En effet, 40 % de ces dernières sont concernées par la pauvreté. En outre, 30 % des jeunes de 15 à 25 ans sont à risque.
Peu de changements
Il est frappant de voir que les raisons invoquées pour expliquer la pauvreté ont peu évolué depuis 1992.
Dans l’article, on pouvait lire : « De plus en plus de personnes acceptent des emplois faiblement rémunérés, qui offrent peu d’avantages et une faible sécurité, et qui sont souvent de courte durée ». La situation a-t-elle vraiment changé ?
Le racisme est aussi un facteur important. Au moins un tiers des Canadiens disent l’avoir subi et 60 % de la population générale pense que le racisme est un véritable problème.
La discrimination contre les Premières Nations et les nouveaux arrivants joue dans la quantité et la qualité des emplois qui leur sont disponibles. Les femmes monoparentales ont la même difficulté à obtenir un bon emploi stable, en raison des responsabilités familiales qui peuvent affecter leurs heures de travail et leur flexibilité.
La pauvreté est « un aspect dynamique » et la solution n’est pas évidente. Combattre à la fois l’inflation, le chômage, les taux d’intérêt et la discrimination n’est pas une mince affaire.
Certains pensent que les programmes sociaux sont une bonne solution, mais d’autres craignent une « dépendance à long terme ». De quoi encore alimenter les débats politiques en période électorale…
Alyssa Parker
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