Skip Navigation

Tribune libre

NOTE: Les opinions exprimées sur cette pages sont celles de nos lecteurs et lectrices et ne reflètent pas nécessairement celles de l'Eau vive. Si vous désirez soumettre un texte veuillez le faire parvenir à redaction@leau-vive.ca.

Louis Riel pendu deux fois

29618 of views

Balises

Le verdict est tombé comme un couperet. Les contraventions de Gilles Caron et Pierre Boutet ne rendront pas les provinces de la Saskatchewan et de l'Alberta bilingues. L’effet papillon des deux contraventions de 2003 n’a pas eu lieu. On garde donc le statu quo. Une douche froide pour les Fransaskois dont beaucoup ont à peine eu le temps d’apprécier la fin du règne de Stephen Harper. 

Le camp Caron-Boutet a perdu la bataille judiciaire après 12 ans de plongée dans l’histoire canadienne d’avant 1870. Maître Roger Lepage parle d’une « vision du monde différente » des juges, rappelant qu’ils ont pour la plupart été nommés par l’ancien Premier ministre conservateur, dont tout le monde sait que les minorités n’ont jamais été la tasse de thé. Les magistrats sont-ils donc forcément conservateurs et anti-bilinguisme ? L’avocat fransaskois ne va pas jusque-là. Certains, comme l’honorable Russel Brown, parlent d’ailleurs français. Roger Lepage mentionne toutefois le système démocratique canadien et cette prérogative (bien utile diront certains) accordée à celui qui prend les rennes du pays : pouvoir nommer les juges. Mais les neufs auraient-ils reconnu le bilinguisme de l’Alberta et la Saskatchewan s’ils avaient été nommés par Justin Trudeau ? Difficile de répondre même si Roger Lepage constate que deux des trois juges ayant appuyé la cause Caron-Boutet sont Québécois. Un constat tout en ironie, lorsqu’on se rappelle que le Québec s’est fait imposer par cette même Cour suprême en 1979, l’obligation constitutionnelle de traduire toutes ses lois en anglais…

L’ironie est double puisque les deux plaignants francophones de l’Ouest réclamaient que soit reconnu le bilinguisme législatif en Alberta et en Saskatchewan, en vertu d’une promesse aux Métis formulée par la couronne britannique avant l’annexion de la Terre de Rupert au Dominion du Canada. Or la décision des juges est tombée quelques jours après le 130e anniversaire de la pendaison de Louis Riel. C’est comme si on venait de pendre une seconde fois le chef métis. En tout cas la décision consacre un peu plus le deux poids deux mesures.

Désormais, le camp Caron-Boutet veut envoyer le dossier sur le bureau du nouveau chef du gouvernement, en espérant que Justin Trudeau soutiendra la cause. Mais on voit mal le Premier ministre aller voir Brad Wall pour lui dire de traduire toute les lois en français aux frais du gouvernement fédéral.

Articles connexes

Un peuple sans histoire – l’arrêt Caron et les francophones de l’Ouest

« Eh bien, les francos en Saskatchewan, vous êtes quoi, une quinzaine de...

Lire la suite

Chronologie du statut juridique du français dans l’Ouest

Dates charnières du statut juridique du français dans l'Ouest canadien.

Lire la suite

« Les juges ont tranché avec leur propre vision du monde »

Roger Lepage est l’avocat de Gilles Caron. Selon lui, les juges ont été...

Lire la suite

La Saskatchewan restera anglophone

Les juges de la Cour suprême ont finalement décidé vendredi que...

Lire la suite

Cause Caron-Boutet : la déception francophone

Les juges de la Cour suprême ont tranché dans la cause Caron-Boutet....

Lire la suite

Le statut du français dans l’Ouest canadien: ce n'était qu'une promesse

Dans un jugement anticipé depuis 12 ans, la Cour suprême a rejeté les...

Lire la suite

Un ouvrage pour comprendre les enjeux de la Cause Caron

Afin de bien comprendre les enjeux de la Cause Caron, le Centre canadien de recherche sur les...

Lire la suite

La cause Caron entre les mains de la Cour suprême du Canada

OTTAWA - Une contravention unilingue anglophone est à l’origine de la saga...

Lire la suite

L'Alberta reviendra-t-elle bilingue comme au temps des Métis?

La Cour suprême du Canada décidera prochainement si l’Assemblée...

Lire la suite

La cause Caron-Boutet déboutée

 « Est-ce que la province de l’Alberta est tenue par la Constitution de publier...

Lire la suite