Le Vladivostok, navire de type Mistral acheté par la Russie à la France
Dans le port français de Saint-Nazaire, des marins russes jouent au foot au pied du « Vladivostok », l'un des deux navires de guerre Mistral, commandés par la Russie à la France, dont le départ a été annoncé trois fois déjà. Le 25 novembre, François Hollande a annoncé le report « jusqu'à nouvel ordre » de la livraison du premier Mistral, considérant que la situation actuelle dans l’est de l’Ukraine ne permettait toujours pas cette livraison. Les marins ne sont pas contents. « Nos femmes commencent à s'impatienter. On dirait que le président français a peur de Poutine, on dirait qu'il a peur de tout » a déclaré l'un d'eux.
Et pourtant... François Hollande a rencontré samedi Vladimir Poutine, alors que Kiev annonçait de nouvelles nécociations de paix en Ukraine. Depuis le début du conflit, il est le premier dirigeant occidental à se rendre à Moscou, où il a appelé à la « désescalade ».
« La France et la Russie sont pour une fin immédiate du bain de sang », a déclaré Vladimir Poutine au terme de sa rencontre avec le président français. La déclaration est à prendre avec prudence. Les accords de Minsk du 5 septembre dernier prévoyaient un cessez-le-feu qui a été fort peu respecté. Mais les négociations reprennent. À la surprise générale, Kiev et les séparatistes pro-russes ont annoncé jeudi dernier (4 décembre) un accord sur l'arrêt total des tirs dans l'Est.
Encore une fois, si tous les espoirs sont permis, il convient de demeurer prudent. S'il est vrai que Moscou, accusé par les Occidentaux et par Kiev de soutenir militairement les rebelles prorusses, a concédé samedi que les rebelles prorusses avaient leur part de responsabilité dans les violations du cessez-le-feu, il n'en demeure pas moins que les combats se sont intensifiés au cours des derniers jours. Aussi, après sa rencontre avec le chef du Kremlin, François Hollande a déclaré : « Si le 9 décembre, le cessez-le-feu se confirme, alors on pourra envisager d'aller plus loin, mais si dans deux ou trois semaines il y a encore des morts, alors nous en prendrons acte. » Il s'est toutefois gardé une petite gêne quant aux détails des mesures qui s'ensuivraient...
En attendant, les marins russes devront prendre leur mal en patience. La question des Mistral n'a pas été abordée lors de l'entretien entre les deux chefs d'État. À l'issue de la rencontre, Vladimir Poutine a déclaré : « Il y a un contrat, nous partons du principe qu'il sera respecté, sinon nous espérons qu'on nous rendra l'argent que nous avons payé ». Les marins, eux, doivent espérer qu'ils seront rentrés pour Noël.
De son côté, le Canada vient d'annoncer qu'il va augmenter son aide militaire en Ukraine pour combattre les rebelles prorusses dans l'est du pays. L'annonce a été faite lundi (8 décembre) par le ministre canadien de la Défense, Rob Nicholson, après qu'il eut signé, à Kiev, une déclaration d'intention. « Le Canada est fermement résolu à respecter son engagement pris envers le peuple ukrainien face à l'agression de la Russie ».
L'Ukraine vit actuellement des événements tragiques. La Crimée est tombée aux mains des Russes et l'est du pays s'est transformé en zone de guerre. Que pourra faire le président ukrainien, Petro Porochenko? Il faut dire que l'Ukraine, indépendante depuis 23 ans, n'a pas su créer un véritable État ukrainien. Ce qui a vu le jour, c'est un système d'intérêts de différents groupes tous occupés à s'accaparer pouvoir et ressources. Et la révolte qui sévit n'a fait que renforcer ce système.
Comment tout ça va-t-il finir? Le conflit ukrainien est complexe et soulève bien des questions, notamment sur la stratégie d'encerclement de la Russie via l'Alliance atlantique et l'Union européenne et illustre l'importance de la relation à l'Europe. Pendant ce temps, face aux sanctions occidentales, Moscou accélère son rapprochement avec l'Asie.
Sources : Le Monde diplomatique, Agence France-Presse, Le Courrier de Russie, La Presse, Paris-Match, http://fr.canoe.ca/infos