SASKATOON - Après deux années passées à la tête du Festival Cinergie, grand rassemblement des amoureux du 7e art de Saskatoon, Marie Franchin passe un flambeau bien allumé à Margo Leblanc, tout aussi énergisée. La professionnelle française en événementiel culturel quitte la barre en laissant dans son sillon la marque reconnue d’un rendez-vous en français qui se démarque sur la scène festivalière de Saskatoon. Avant de quitter le navire pour rejoindre ses terres natales, elle revient sur l’événement phare des Prairies et son expérience qui tient du film d’action, mais aussi de l’introspection.
Comment décririez-vous le Festival Cinergie ?
Marie Franchin : Cinergie est le Festival international du film francophone de Saskatoon. Il est reconnu pour la qualité de ses présentations et son expertise. Il lance le bal de la saison des festivals à Saskatoon et suscite un réel engouement aussi bien du côté francophone qu’anglophone. On y présente une grande diversité de genres cinématographiques, il y en a pour tous les goûts, que ce soit des documentaires, des films d’action, des comédies ou des projections familiales.
Près de 3 000 spectateurs y ont assisté en 2019, c’est dire son ampleur. Il permet à une population éloignée des grands centres d’avoir accès à des films récents, réalisés aux quatre coins de la francophonie canadienne et internationale.
Qu’est-ce qui vous a le plus marquée lors de votre passage à la direction de Cinergie ?
M. F. : Le cinéma est un art rassembleur et le cinéma francophone suscite un grand intérêt. J’ai été agréablement surprise de voir le nombre de familles bilingues et de personnes anglophones qui viennent voir les films, car ils sont tous sous-titrés et c’est donc quelque chose de très accessible.
Le festival jouit d’une excellence réputation et compte sur l’appui de nombreux partenariats, que ce soit les multiples bailleurs de fonds, les organismes communautaires ou encore des entités culturelles comme l’Office national du film (ONF) ou Québec Cinéma.
Que représente Cinergie dans l’espace francophone saskatchewanais ?
M. F. : Tout d’abord, il permet à une population qui a peu accès à des produits culturels en français de découvrir des films d’ici et d’ailleurs et de s’ouvrir à des cultures et des genres diversifiés. C’est une expérience propice aux échanges et aux rapprochements.
Il y a aussi tout le volet scolaire qui prend une part de plus en plus importante et qui attire de nombreuses écoles d’immersion et francophones. Les enfants sont ainsi exposés à des réalités francophones auxquelles ils n’auraient probablement pas accès autrement.
Qu’est-ce que votre expérience à Cinergie vous a apporté sur le plan professionnel ?
M. F. : J’ai adoré travailler dans ce milieu. Mon background professionnel est dans l’événementiel culturel, c’est donc mon métier d’organiser ce genre de rassemblements. J’ai eu la chance de faire des interventions professionnalisantes lors des Rendez-vous PRO de Québec Cinéma, donc de participer à des tables rondes aux côtés de professionnels du cinéma francophone et d’enrichir mon expertise culturelle. J’ai aussi beaucoup aimé évoluer dans la communauté francophone de Saskatoon et pouvoir contribuer à l’expansion de Cinergie.
Comment voyez-vous l’avenir du festival ?
M. F. : Je crois que cet événement a un énorme potentiel. En 2019, j’ai réalisé un sondage auprès des festivaliers qui a révélé que la majorité d’entre eux ne sont pas de Saskatoon et qu’ils y assistaient pour la première fois. Cela semble donc indiquer que le public est en renouvellement constant et qu’il y a place à l’expansion et à la diversification.
D’ailleurs, la formule hybride, à la fois en salle et en mode virtuel, de la prochaine édition de Cinergie va permettre de rejoindre un public plus varié. Je crois que l’épisode pandémique que nous avons vécu a donné le goût aux gens de découvrir la culture sous un nouvel angle et le prochain festival s’inscrit dans cette nouvelle tendance.
En parlant d’avenir, c’est Margo Leblanc, originaire de Zénon Park, qui reprend les rênes d’un festival parti au grand galop. La jeune diplômée en commerce reprend une programmation déjà bien développée par sa prédécesseure, mais devra composer avec une nouvelle réalité.
À quoi ressemblera la 15e édition du Festival Cinergie reportée à cet automne en raison de la pandémie ?
Margo Leblanc : Il y aura des projections sur place et aussi une programmation virtuelle car nous ne pourrons pas accueillir autant de gens en salle. En même temps, cela permettra à plus de monde partout en province de découvrir nos films sans avoir à se déplacer. C’est une organisation plus compliquée, mais sûrement un beau défi !
Quelle orientation souhaitez-vous donner au festival ?
M. L. : Je vais tout d’abord continuer le beau travail que Marie [Franchin] a fait au cours des deux dernières années. Et puis je veux continuer à apporter des améliorations, surtout au niveau de la visibilité et de la promotion de l’événement. J’ai étudié en commerce à l’Université de la Saskatchewan alors je compte bien mettre mes connaissances à profit.
En attendant le dévoilement de la programmation 2020, une chose est sûre : les cinéphiles fransaskois et francophiles profiteront d’un menu virtuel auquel ils pourraient bien prendre goût.