Au Rendez-vous fransaskois, le kiosque de l’Eau vive permettait de faire un petit voyage dans le temps en se promenant dans les albums de l’hebdomadaire des 30 dernières années. Les gens s’amusaient à regarder les photos des membres de la communauté à une époque où les cheveux étaient plus foncés ou plus fournis.
Les sujets rapportés dans ces articles, datant de quelques décennies, ont alimenté plusieurs discussions sur le chemin parcouru par la communauté. D’ailleurs, dans une de ses présentations sur le thème du Rendez-vous, Le continuum en éducation francophone en Saskatchewan : de la prématernelle au postsecondaire, la présidente de l’ACF, Françoise Sigur-Cloutier, a évoqué un éditorial que j’avais écrit en 1990 qui abordait le postsecondaire. Curieux, je suis allé relire le texte en question, histoire de voir ce que j’avais bien pu dire à ce sujet.
Le titre était Postsecondaire : le pouvoir du rêve et la puissance de l’action. En voici un extrait :
J’admire les gens qui non seulement osent rêver, mais qui passent à l’action. Malgré les embuches et les revers de fortune, ils regardent l’avenir avec confiance et détermination. Trop souvent ces personnes se font accuser de ne pas être réalistes, de trop vouloir, de rêver en couleur. Heureusement pour nous, nous avons des gens de cette trempe en Saskatchewan.
Alors que nous parlions de cours de français, eux rêvaient d’écoles françaises. Alors que nous parlions d’écoles françaises, eux rêvaient de gestion scolaire. Maintenant que nous parlons de gestion scolaire, eux rêvent d’éducation postsecondaire. Qui a dit qu’il ne faut pas prendre nos rêves pour des réalités?
25 ans plus tard, nous avons la gestion scolaire et nous parlons de postsecondaire.
Dans ce même numéro de l’Eau vive, il y avait un reportage sur le rapport Guindon, commandé par le Comité sur l’éducation postsecondaire en français en Saskatchewan (tiens, je l’avais oublié celui-là). Ce rapport recommandait entre autres la création d’un Conseil fransaskois de l’éducation postsecondaire et voyait l’Institut de formation linguistique (aujourd’hui l’Institut français... pardon, la Cité universitaire francophone) jouer un rôle de premier plan. Il recommandait également que le Collège Mathieu se dote d’un statut de Collège fransaskois d’arts appliqués et de technologies.
C’était en 1990. Les choses ont progressé, lentement certes, mais elles ont progressé.
À cette époque, l’Eau vive recommandait de ne pas oublier les partenariats avec les institutions postsecondaires de nos provinces voisines. Je doute encore qu’en travaillant seuls, nous soyons en mesure d’offrir l’éventail de formations en français qui répondent à la variété d’aspirations chez nos jeunes.
Alors je repose la même question qu’il y a un quart de siècle : n’y aurait-il pas lieu d’envisager le postsecondaire francophone dans une perspective régionale pour l’Ouest canadien? Winnipeg ou Edmonton ne sont pas plus loin que Regina ou Saskatoon pour les jeunes de Bellegarde ou Lloydminster.