Inspirée par sa mère, elle-même couturière, Fatouma a décidé dès ses 15 ans qu’elle souhaitait évoluer dans le milieu de la mode. Mais à l’âge où les jeunes filles rêvent de défiler comme modèles, Fatouma rêve d’être de l’autre côté du rideau et de voir ses créations prendre vie : celle que l’on surnomme « touche à tout » à cause de son habileté manuelle, veut en effet devenir styliste.
Il lui restait tout de même à convaincre le chef de famille, son père, qui dans son Congo natal, considérait toujours le métier de couturière comme « un passe-temps pour femme au foyer, une activité pour les femmes qui n’ont pas d’autre ambition que de se marier. » Par sa ténacité, elle arrivera à lui montrer que c’est une vraie vocation.
Fatouma commence sa carrière en aidant sa mère dans son atelier : « J’étais très satisfaite de transformer ma culotte en jupe, de couper les tissus des clients de ma mère pour en faire des vêtements, même si je lui ai parfois causé du tort! Mais j’étais très contente de moi! ». C’est dans ses cours à l’école qu’elle se spécialise et professionnalise son travail : couture, textile, coupe, dessin technique, Fatouma en apprend le plus possible. Elle est d’ailleurs souvent sélectionnée pour représenter son école dans des concours de mode et des compétitions de talents.
Arrivée au Canada en 2007 avec sa famille, elle est très impliquée dans la vie francophone de Regina de par son emploi à l’Association des Parents fransaskois (APF) ou son engagement auprès de l’église Saint-Jean-Baptiste. « Cette communauté est un peu comme une deuxième famille pour moi, j’y ai trouvé mes repères ».
Un métier difficile
Parfois, les gens lui disent qu’elle devrait suivre son destin et faire de la couture à temps plein. Mais monter sa propre compagnie dans le secteur de la mode à Regina n’est pas aussi simple, surtout quand on est mère de famille, et que l’on suit des études universitaires en même temps. Ce ne sont pas les seuls défis qu’elle a rencontrés : « Tout d’abord, beaucoup de gens achètent du prêt-à-porter, qui coûte vraiment moins cher sur le marché. Et trouver le matériel requis, par exemple les tissus, est aussi un défi, car il n’y a pas une grande diversité ici. Enfin, le travail n’est pas vraiment valorisé par rapport aux efforts et au temps consacrés. Des fois, quand je me retrouve devant des clients insatisfaits ou malpolis, cela me décourage. Par contre, je suis très fière quand je vois mes clients satisfaits. Chaque fois que je dessine et couds un vêtement que je vois sur quelqu’un, c’est une réussite. »
« Ce métier devrait tout d’abord être une vocation; si quelqu’un trouve qu’il a du talent, pourquoi ne pas se lancer? C’est très important de faire quelque chose qu’on aime, par exemple dans mon cas, je suis passionnée par ce métier. Des fois, quand je me sens triste ou que je veux me défouler, je vais dans mon atelier. Aussi, j’aime m’habiller d’une manière différente parce que d’après moi, une artiste doit refléter l’image de ce qu’elle fait pour faire aimer son métier. »
Alors si vous aussi vous vous sentez une âme d’artiste, et que vous aimez retoucher, couper, mesurer et que les aiguilles ne vous font pas peur, laissez libre cours à votre imagination et à vos créations!
Pour en savoir plus sur les créations de Fatouma Tshiswaka : www.ftdesign.ca