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L’économie franco-canadienne doit se tourner vers l’est et l’ouest
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/ Catégories: Économie, Politique

L’économie franco-canadienne doit se tourner vers l’est et l’ouest

Les entreprises francophones ne seront pas épargnées par les possibles tarifs douaniers que veut imposer le président des États-Unis. Les acteurs économiques regardent du côté de l’Afrique francophone, mais aussi des provinces et territoires. Le commerce intérieur n’est cependant pas sans obstacle.

Étant donné les menaces de Donald Trump d’imposer des tarifs douaniers de 25 % sur les importations canadiennes, l’inquiétude monte dans les milieux d’affaires francophones d’un bout à l’autre du pays. Les entreprises francophones sont intégrées à l’économie du Canada et, conséquemment, elles font elles aussi affaire avec les États-Unis.

Selon des données de Statistique Canada, 77,3 % des exportations canadiennes étaient destinées aux États-Unis en 2023. Le Nouveau-Brunswick et l’Alberta sont les deux provinces qui dépendent le plus des exportations vers notre voisin du sud. L’Île-du-Prince-Édouard, la Nouvelle-Écosse, le Québec et l’Ontario ont aussi des économies entremêlées à cette relation.

Minerais, animaux d’élevage vivants, végétaux, bois, nourriture transformée, pâte à papier... Des millions de dollars de matériaux et de produits sont vendus de l’autre côté de la frontière canadienne chaque année.

«Tout le monde en parle. Ça va fortement nous toucher. On parle d’une récession inévitable si ça se concrétise», témoigne le directeur général du Réseau de développement économique et d’employabilité (RDÉE) de l’Île-du-Prince-Édouard, Stéphane Blanchard.

Même son de cloche du côté du président-directeur général du Conseil économique du Nouveau-Brunswick, Gaëtan Thomas, qui indique que «la situation pourrait être extrêmement difficile» pour les entreprises francophones de la province, dont «la majorité» sont actives dans les secteurs de la pêche et de l’exploitation forestière.

Les clôtures internes

Pour le directeur général sortant de la Fédération des gens d’affaires francophones de l’Ontario (FGA), Richard Kempler, la base d’une résilience de l’économie canadienne, «et donc franco-canadienne», se trouve dans le commerce intérieur.

Pour cette raison, il souhaite une «mise en œuvre pleine et entière de l’Accord de libre-échange canadien». Cet accord, signé en 2017, encourage le retrait des exceptions au commerce entre les provinces et territoires. Ces exceptions comprennent par exemple des limites sur la vente et la distribution de boissons alcoolisées entre certaines régions du Canada.

Or, le tableau ci-dessous, tiré d’une analyse du groupe de réflexion IEDM, montre que seuls les trois territoires, le Manitoba et surtout l’Alberta ont retiré des exceptions à cet accord entre 2017 et 2023.

Les huit autres provinces ont maintenu leur nombre d’exceptions et, selon un communiqué d’IEDM du 27 janvier 2025, le Québec – qui est déjà la province ayant le plus grand nombre d’exceptions – en aurait même ajouté une de plus en 2024.

Tout cela signifie que les progrès espérés avec l’Accord de libre-échange canadien tardent largement à se concrétiser. Pourtant, ces exceptions au commerce intérieur représentent des manques à gagner pour l’économie canadienne, déplore Richard Kempler.

«C’est une absurdité, on se tire une balle dans le pied, dit-il. Commençons par créer un véritable marché unique à l’échelle du Canada. [...] Que les produits laitiers du Québec puissent être vendus en Ontario, que l’Ontario puisse proposer des services techniques en Saskatchewan.»

Et dans le cas d’entreprises canadiennes francophones qui exportent vers les États-Unis, le Québec n’est pas à négliger, fait remarquer Richard Kempler. «Vous avez à portée de main un énorme marché où vous avez la langue en commun.»

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«On a besoin de renforcer le marché intérieur, d’assouplir les règlementations», plaide le vice-président aux affaires nationales de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), Jasmin Guénette. «Les embuches actuelles reviennent à s’imposer des tarifs douaniers en tant que Canadiens.»

«Aujourd’hui, c’est plus facile et moins cher d’exporter aux États-Unis qu’au Québec. Les provinces doivent s’aligner et arrêter de compétitionner entre elles», renchérit Gaëtan Thomas.

La FCEI réclame notamment la reconnaissance des produits d’un océan à l’autre. «Les provinces et territoires doivent ouvrir leurs portes aux produits du reste du pays comme si c’étaient des produits fabriqués et approuvés chez eux», explique Jasmin Guénette.

«Ça fait des années qu’on en parle, mais rien n’a bougé. J’espère que la menace des droits de douane américaine va faire prendre conscience à nos gouvernements qu’il faut avancer sur cette question», réagit le directeur général du Conseil économique et coopératif de la Saskatchewan, Kouamé N’Goandi.

L’aide gouvernementale sera importante

Le responsable s’inquiète particulièrement pour deux grosses entreprises fransaskoises, Bourgault Industries et Trailtech Trailers, qui fabriquent respectivement du matériel agro-industriel et des remorques industrielles.

«Elles exportent surtout aux États-Unis, car le marché canadien est trop petit, explique Kouamé N’Goandi. Elles vont devoir se réinventer, essayer de baisser leurs couts de production pour rester compétitives.»

Il estime néanmoins que les entreprises ne pourront pas s’en sortir toutes seules, sans l’aide des gouvernements. «Le fédéral et les provinces devront leur verser des incitatifs pour compenser la hausse des tarifs.»

Par-delà l’océan

En Nouvelle-Écosse, l’industrie de la pêche se prépare à «diversifier ses marchés à l’international», rapporte le gestionnaire des services en affaires et en entrepreneuriat du Conseil de développement économique de la Nouvelle-Écosse, André LeBlanc. Cette industrie tente «de maintenir la croissance du secteur et de stabiliser les impacts, potentiellement très graves.»

«La francophonie pourrait nous servir de tremplin. On regarde au niveau des opportunités en France, relève-t-il. Mais ça reste compliqué. Les Européens ne sont pas habitués à nos homards, nos pétoncles et nos crabes.»

Les acteurs économiques néobrunswickois explorent les possibilités en Afrique francophone. Le gouvernement provincial mènera d’ailleurs une mission économique en Côte d’Ivoire cet hiver et au Bénin au printemps.

«Ce sont des marchés en expansion incroyable. Grâce à la francophonie, nous allons être capables de faire des grands pas en Afrique», considère Gaëtan Thomas.
Richard Kempler voit aussi les pays d’Afrique francophone comme de bons candidats au développement de nouveaux échanges économiques.

Pour les francophones, le directeur sortant suggère de diversifier le commerce en regardant ailleurs qu’aux États-Unis. «Aidons les entreprises francophones à exporter vers un marché d’exportation naturel où la langue est un atout, vers les 321 millions de locuteurs de l’[Organisation internationale de la francophonie].»

Avec les informations de Marianne Dépelteau et Marine Ernoult

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FrancopresseGhita Hanane

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