Skip Navigation
Nouveau système d'abonnement Fonds l'Eau vive banniere
Un gigantesque projet d’irrigation qui pose question

Un gigantesque projet d’irrigation qui pose question

C’est en 2025 que doivent commencer les travaux de prolongement du projet d’irrigation du lac Diefenbaker. Un projet facturé 4 milliards de dollars pour permettre au secteur agricole de se développer et d’être moins vulnérable aux sécheresses. Toutefois, des critiques pointent du doigt son manque de rigueur économique et de prévention des risques environnementaux.

Annoncé en 2020 par le premier ministre de la Saskatchewan Scott Moe, cet agrandissement constituera « l’un des plus grands projets d’infrastructure de l’histoire de la province » selon les mots de David Marit, ministre de l’Agriculture et de l’eau de la Saskatchewan.

Le ministre se veut ambitieux avec ce projet qui devrait « bénéficier à l’économie locale et à notre sécurité alimentaire sur le long terme ».

Les trois phases du projet permettront d’irriguer 500 000 acres, lesquels s’ajouteront aux quelque 400 000 acres que compte déjà la province.

Un projet titanesque

D’après le gouvernement, ce projet d’infrastructure exceptionnel, dont la première phase commencera en janvier 2025, coûtera 1,15 milliard de dollars, créer plus de 40 000 emplois et rapporter 6 milliards de dollars dans les cinquante prochaines années.

Aaron Gray, agriculteur du sud-est de la Saskatchewan et coprésident de l’organisation Irrigation Saskatchewan, explique l’importance d’un tel projet.

« C’est quelque chose que nous devrions mettre en avant pour toute la Saskatchewan, estime le cultivateur. L’irrigation de ces zones en plus permettra de produire plus de légumes, en facilitant la rotation des cultures avec plus de surface. »

Une position que partage le gouvernement de la Saskatchewan et l’agence responsable de la sécurité de l’eau, relayée à Radio-Canada par son directeur des communications Patrick Boyle : « Le projet peut avancer de manière à être économique pour la province et les agriculteurs qui y participeront. »

Des critiques

Toutefois, pour Peter Leavitt, hydrologue à l’Université de Regina, la planification économique du projet n’est pas crédible.

« Le gouvernement avance que les cultures seront plus durables, mais nous n’en savons pas plus, précise le scientifique. Peut-être 100, 200 exploitations vont bénéficier d’un programme à 4 milliards de dollars. » [La province comptait 34 000 exploitations agricoles en 2021]

Image

Du point de vue environnemental et social, les répercussions ne sont pas non plus très claires, souligne Peter Leavitt.

Le chercheur, qui a travaillé en 2021 avec le Conseil Tribal File Hills Qu’Appelle (FHQTC) sur leur demande de saisie de l’Agence fédérale de l’évaluation d’impact, explique que le gouvernement de la Saskatchewan « n’a ni les compétences ni la volonté d’évaluer vraiment les possibles conséquences » du projet.

Plusieurs Premières Nations de la province se sont jointes au FHQTC pour exprimer leur frustration de ne pas être correctement consultées par le gouvernement et de ne pas avoir vu d’étude d’impact, ce qui leur permettrait de se prononcer sur la question.

À l’époque, le gouvernement fédéral avait statué que les deux premières phases du projet restaient de la responsabilité de la province.

Michael Champion, responsable des relations avec l’industrie et le gouvernement pour Ducks Unlimited, un organisme à but non lucratif qui milite pour la préservation des zones humides, attend de pied ferme une étude d’impact environnemental.

Car les projets d’irrigation qui commenceront dans quelques mois pourraient avoir des conséquences sur de nombreuses zones humides de la province.

La quantité de l’eau pourrait être affectée par les prélèvements supplémentaires, de même que sa qualité qui pourrait être dégradée par le ruissellement des nutriments et des produits utilisés sur les cultures.

Des effets qui s’ajouteraient à ceux que les scientifiques observent déjà sur le delta de la rivière Saskatchewan, plusieurs centaines de kilomètres en aval du lac Diefenbaker.

À ces arguments, l’agriculteur Aaron Gray répond que les risques sont minimes. D’après lui, « le prélèvement annuel maximal d’eau dans le lac Diefenbaker ne représente que 2,8 % de son volume, soit moins que son évaporation annuelle [qui est de 3 % environ] ». Le risque de pénurie serait donc minime.

L’agriculteur explique également que l’accès à l’eau permettra d’augmenter le rendement des cultures et de limiter la pollution des eaux de ruissellement. Et de conclure : « Je ne vois que du positif à ce projet. »

L’histoire du lac Diefenbaker

Le lac Diefenbaker est un lac de retenue créé en 1967 par la construction de deux barrages hydroélectriques sur la rivière Saskatchewan Sud et sur la rivière Qu’Appelle.

Le barrage au nord régule le niveau de la rivière Saskatchewan Sud, et ses effets sont perçus plusieurs centaines de kilomètres en aval.

Son eau alimente environ 150 000 acres pour l’irrigation, et apporte son eau à environ 45 % de la population de la province.

 

Imprimer
2131

Lambert Baraut-Guinet – IJL-Réseau.PresseGhita Hanane

Autres messages par Lambert Baraut-Guinet – IJL-Réseau.Presse
Contacter l'auteur

Contacter l'auteur

x
L’enseignement en français au cœur des débats

L’enseignement en français au cœur des débats

Les collèges et universités francophones en milieu minoritaire font face à d’importants défis partout au Canada.

1 mars 2022/Auteur: Marie-Lou Bernatchez – IJL-Réseau.Presse/Nombre de vues (9279)/Commentaires (0)/
Les faibles taux de rétention, revers de la médaille en immersion

Les faibles taux de rétention, revers de la médaille en immersion

Les programmes d’immersion ont augmenté dans les vingt dernières années, mais moins de la moitié des élèves restent jusqu’à l’obtention de leur diplôme.

10 février 2022/Auteur: Ericka Muzzo – Francopresse /Nombre de vues (8404)/Commentaires (0)/
Postsecondaire dans l'Ouest: la demande dépasse l’offre

Postsecondaire dans l'Ouest: la demande dépasse l’offre

Dans l’Ouest canadien, la demande pour des programmes en français est plus élevée que l’offre des établissements postsecondaires. C'est ce qui ressort des États généraux sur le postsecondaire en contexte francophone minoritaire.

8 février 2022/Auteur: Marianne Dépelteau – Francopresse/Nombre de vues (9168)/Commentaires (0)/
La francophonie, parent pauvre du postsecondaire

La francophonie, parent pauvre du postsecondaire

L’égalité est loin d’être atteinte entre les établissements postsecondaires francophones et ceux de la majorité anglophone. 

25 janvier 2022/Auteur: Francopresse/Nombre de vues (8013)/Commentaires (0)/
Revue de l'année 2021 - Éducation

Revue de l'année 2021 - Éducation

Survol de l'actualité fransaskoise durant l'année 2021 dans le domaine de l'éducation.

14 janvier 2022/Auteur: Lucas Pilleri/Nombre de vues (9542)/Commentaires (0)/
Reconnaissance nationale pour Ronald Ajavon du CÉF

Reconnaissance nationale pour Ronald Ajavon du CÉF

Ronald Ajavon du Conseil des écoles fransaskoises est reconnu parmi les 10 personnalités influentes de la francophonie canadienne de 2021.

3 janvier 2022/Auteur: Francopresse/Nombre de vues (8873)/Commentaires (0)/
Garderies à 10 $ : pas de clause linguistique pour les francophones

Garderies à 10 $ : pas de clause linguistique pour les francophones

La Fédération des communautés francophones et acadiennes craint désengagement du fédéral de sa responsabilité de protéger l'éducation de la petite enfance en français. 

 

17 décembre 2021/Auteur: Inès Lombardo – Francopresse /Nombre de vues (11160)/Commentaires (0)/
Étudier en français sans le parler : le défi des élèves allophones

Étudier en français sans le parler : le défi des élèves allophones

L’intégration des élèves allophones, de plus en plus nombreux, représente un défi pour les écoles francophones en milieu minoritaire. 

16 décembre 2021/Auteur: Marine Ernoult – Francopresse/Nombre de vues (8092)/Commentaires (0)/
Qu'est-ce que la communauté fransaskqueer?

Qu'est-ce que la communauté fransaskqueer?

La Cité universitaire francophone de Regina organisait une table ronde sur la communauté fransaskqueer, du nom d’un projet d’études sur l’identité et les expériences queer et trans des Fransaskois.

28 novembre 2021/Auteur: Estelle Bonetto – IJL-Réseau.Presse /Nombre de vues (14110)/Commentaires (0)/
Éducation francophone : Me  Roger Lepage décortique l’article 23

Éducation francophone : Me Roger Lepage décortique l’article 23

Me Roger Lepage nous explique que la francophonie canadienne en situation minoritaire revient de loin en matière d’éducation en français.

21 novembre 2021/Auteur: Mehdi Jaouhari – IJL-Réseau.Presse/Nombre de vues (14146)/Commentaires (0)/
Quel continuum en éducation pour les Fransaskois ?

Quel continuum en éducation pour les Fransaskois ?

Le Rendez-vous fransaskois qui avait lieu du 1er au 7 novembre touchait un sujet sensible et urgent : l’éducation. Dans cet article, vous trouverez un résumé des discussions qui ont eu lieu à ce sujet.

13 novembre 2021/Auteur: Marie-Lou Bernatchez/Nombre de vues (14498)/Commentaires (0)/
Jean Féron : à la découverte d’un trésor bien caché

Jean Féron : à la découverte d’un trésor bien caché

Le Conseil culturel fransaskois a publié un troisième guide pédagogique consacre à Joseph-Marc Lebel, alias Jean Féron, l’un des joyaux les plus méconnus de la littérature francophone de l’Ouest.

 

1 novembre 2021/Auteur: Estelle Bonetto/Nombre de vues (14555)/Commentaires (0)/
Des balados en français pour les écoles

Des balados en français pour les écoles

Le Conseil culturel fransaskois a dévoilé son projet déCLIC, une série de balados éducatifs qui explore la construction langagière, identitaire et culturelle en Saskatchewan.

25 octobre 2021/Auteur: Leslie Garrido-Diaz/Nombre de vues (8995)/Commentaires (0)/
Garderies à 10 $ : ententes opaques sur d’éventuelles clauses linguistiques

Garderies à 10 $ : ententes opaques sur d’éventuelles clauses linguistiques

La création d’un système public pancanadien de garderies à 10 $ améliorera le sort des parents canadiens, mais les francophones en situation minoritaire s’inquiètent du manque de places de garderie pour eux malgré tout.

8 octobre 2021/Auteur: Marine Ernoult – Francopresse/Nombre de vues (10087)/Commentaires (0)/
Garderies francophones : une cinquantaine de nouvelles places à Saskatoon

Garderies francophones : une cinquantaine de nouvelles places à Saskatoon

Apprenez-en plus sur les deux nouveaux établissements de la petite enfance francophones qui ont ouvert leurs portes récemment à Saskatoon.

7 octobre 2021/Auteur: Mehdi Jaouhari – IJL-Réseau.Presse/Nombre de vues (10792)/Commentaires (0)/
RSS
123578910Dernière

 - dimanche 22 décembre 2024