Skip Navigation
Nouveau système d'abonnement Fonds l'Eau vive banniere

Des discussions de fond sur le racisme

Le 4 février, la Communauté des Africains francophones de la Saskatchewan (CAFS) a officiellement inauguré le Mois de l'histoire des Noirs. Le thème de cette année, Reconnaissance, Justice et Développement, a été abordé lors de deux conférences et de témoignages, rassemblant une trentaine de personnes autour de sujets sociétaux sensibles et actuels.

La première conférence a été animée par le chargé de cours à la Cité universitaire francophone et directeur des services administratifs au Conseil des écoles fransaskoises (CÉF), Abdoulaye Yoh, par ailleurs titulaire d’un doctorat en éducation.

Les participants ont entre autres été sensibilisés à la tendance et aux effets néfastes de la dépigmentation de la peau et du colorisme, une discrimination basée sur le teint de la peau.

« Je n’ai pas envie de culpabiliser, explique le conférencier, je veux amener à sensibiliser, comprendre pourquoi on en est arrivé là et les effets sur la population. »

Selon Abdoulaye Yoh, le colorisme est un préjugé ou une discrimination envers les personnes à la peau foncée au sein d’un même groupe racial ou ethnique.

Le colorisme se distingue du racisme bien qu’il en soit issu, ajoute le chargé de cours : « Plus une personne se rapproche de la peau blanche, plus les bénéfices seront élevés, comme les salaires, l’éducation, le mariage, etc. »

Haine des autres et haine de soi

« Il existe aussi une négrophobie, ajoute Abdoulaye Yoh, donc des Noirs qui méprisent d’autres Noirs et qui veulent ressembler aux Blancs. » D’où les mesures drastiques que certaines personnes à la peau foncée envisagent pour se blanchir.

« Selon l’Organisation mondiale de la santé, 77 % des femmes, soit plus de 60 millions de personnes, utilisent régulièrement des crèmes éclaircissantes », souligne le conférencier, précisant au passage que des hommes aussi utilisent ce genre de produits.

Pourtant, les effets en sont souvent nocifs : « Certaines de ces crèmes contiennent du mercure et peuvent entraîner des cancers de la peau, du diabète, de l’hypertension, de l’insuffisance rénale et hépatique, sans parler de l’anxiété et la dépression », indique le spécialiste.

Image

Toujours selon ce dernier, la négrophobie proviendrait de l’esclavage et de la colonisation : « Il s’est créé une sorte de business autour du culte du blanc. Par exemple, pendant l’esclavage, les Noirs à la peau plus pâle avaient de meilleures tâches et conditions que ceux à la peau plus foncée, il s’est donc créé un complexe d’infériorité et une grande pression sociale. »

Des pistes de solution existent malgré tout : « C’est certain qu’il est difficile de voir du développement si on ne s’aime pas soi-même et s’il existe de la négrophobie, concède l’orateur. Il faut donc commencer à décoloniser les esprits. »

Outre l’idée de la décolonisation, Abdoulaye Yoh encourage à la représentativité des Noirs dans les médias, ainsi que davantage de réglementation sur les produits éclaircissants. Pour conclure sa présentation, le docteur a fait écouter une chanson de l’artiste ivoirien Ismaël Isaac sur le thème de la pigmentation de la peau.

Le racisme et ses effets

La deuxième présentation de la rencontre était donnée par le docteur Mamadou Ka de l’Université de Saint-Boniface. Intitulée Racisme anti-Noirs et ses impacts : développement et inclusion socio-économique des Noirs dans nos communautés, elle a donné lieu à un aperçu de l’évolution historique de la présence des Noirs au Canada et du racisme. 

« Il s’agit en fait de souligner les barrières systémiques auxquelles sont confrontés les Noirs dans nos communautés à travers le concept de racisme anti-Noirs, présente le docteur Ka, au lieu de regrouper les expériences des communautés noires au Canada dans la catégorie ‘minorité visibles’. »

L’universitaire définit le racisme anti-Noirs comme des politiques et des pratiques ancrées dans les institutions canadiennes, telles que l’éducation, les soins de santé et la justice, qui reflètent et renforcent les croyances, les attitudes, les préjugés, les stéréotypes et la discrimination à l'égard des personnes noires.

« L’expression ‘racisme anti-Noirs’ a été lancée pour la première fois par le docteur Akua Benjamin, professeur de travail social à Ryerson, a expliqué l’expert. Ce dernier voulait souligner la nature unique du racisme systémique dont sont victimes les Canadiens noirs, ainsi que l’histoire et les expériences d’esclavage et de colonisation des personnes noires au Canada. »

En outre, le professeur a donné les raisons pour lesquelles les Noirs constituent le groupe le plus affecté par le racisme au Canada. « Le Canada est surtout perçu comme une société de colons blancs, et les Noirs sont souvent étiquetés comme l’opposé binaire du ‘vrai’ Canadien », avance Mamadou Ka.

Image

Ce dernier a aussi évoqué l’Acte d’immigration de 1910 qui interdisait aux non-Blancs de migrer au Canada et le décret gouvernemental de 1911 qui limitait le nombre d’Américains noirs pouvant s’installer dans les Prairies. « Le Canada avait une politique d’immigration raciste, c’est aussi simple que ça », résume-t-il.

Les défis persistent au niveau de l’embauche pour le professeur. À expérience comparable, les candidats noirs auraient ainsi moins de chance de décrocher un emploi : « Le recensement canadien de 2016 montre que le taux de chômage des Noirs s’élève à 12,5 %, alors que pour les Blancs il n’est que de 7 % », précise le docteur Ka.

Une présentation rythmée

La rencontre n’était pas qu’intellectuelle, puisqu’une démonstration d’instruments de musique africains a suivi les deux conférences et clôturé l’événement. Gisèle Gbobouo, une Ivoirienne qui habite maintenant Gravelbourg, a présenté et joué de plusieurs instruments traditionnels, tels que l’arc à bouche, le shekéré et le tambour.

Image

Le thème de cette édition du Mois de l’histoire des Noirs est l’occasion de rendre hommage à l’héritage passé et présent au Canada et en Saskatchewan, a affirmé pour sa part Melchior Niyonkuru, directeur général de la CAFS. Au cours du mois, des présentations d’artistes et des témoignages de personnalités sont prévus dans les écoles.

 

 

Imprimer
6268

Marie-Lou BernatchezMarie-Lou Bernatchez

Autres messages par Marie-Lou Bernatchez
Contacter l'auteur

Contacter l'auteur

x
La PÉLEC : une solution pour le sous-financement des écoles fransaskoises?

La PÉLEC : une solution pour le sous-financement des écoles fransaskoises?

La Saskatchewan pourrait emboîter le pas à l'Ontario et au Nouveau Brunswick

La Politique d’encadrement linguistique et culturel ou PÉLEC est un outil qui pourrait aider à résoudre les problèmes auxquels sont confrontés le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) et la province en matière de financement et de programmation.

5 juin 2014/Auteur: Alexandre Daubisse (EV)/Nombre de vues (27328)/Commentaires (0)/
Un héros grec au pavillon Gustave Dubois!

Un héros grec au pavillon Gustave Dubois!

Des élèves de Saskatoon ont présenté un spectacle musical

Hercule, héros de la mythologie dont les nombreuses aventures l’ont mené de la Méditerranée jusqu’aux enfers, a ajouté une tâche à sa liste déjà longue de 12 travaux : il était en effet de passage à Saskatoon pour quelques jours, du 26 au 28 mai, et a pu profiter d’un beau temps printanier digne du mont Olympe!

5 juin 2014/Auteur: Alexandra Drame (EV)/Nombre de vues (34397)/Commentaires (0)/
Mesures de compressions du réseau scolaire fransaskois

Mesures de compressions du réseau scolaire fransaskois

Leurs raisons et leur impact

Les mesures liées aux compressions budgétaires du Conseil scolaire fransaskois (CSF) entreront en vigueur le 1er septembre 2014 tandis que certains postes ne seront pas renouvelés lorsque les contrats prendront fin au mois de juin. Voici quelques précisions obtenues auprès de monsieur André Denis, président du Conseil scolaire fransaskois.

2 juin 2014/Auteur: Alexandre Daubisse (EV)/Nombre de vues (28327)/Commentaires (0)/

Concours d’art oratoire

Coup d'oeil sur la finale provinciale du Concours d’art oratoire, organisé par Canadian Parents for French – Saskatchewan (CPF-SK) à Saskatoon, le samedi 26 avril 2014.

29 mai 2014/Auteur: Kenneth Bos/Nombre de vues (27901)/Commentaires (0)/
Au printemps ça bourgeonne à l’Association des parents fransaskois !

Au printemps ça bourgeonne à l’Association des parents fransaskois !

On plante à l’extérieur, on range à l’intérieur!

Le joli mois de mai, en plus d’être le mois de la petite enfance, est aussi synonyme de renouveau, de fin de l’hiver, de grand nettoyage et cela se vérifie au sein de nos organismes communautaires! L’Association des Parents fransaskois (APF) a organisé plusieurs activités en ce début de printemps pour les familles de Saskatoon et d’autres villes.

29 mai 2014/Auteur: Alexandra Drame (EV)/Nombre de vues (28200)/Commentaires (0)/

La Grande Traversée

Une école de la vie

Transformés, c’est sans doute le mot qui revient le plus dans les commentaires des six élèves du Pavillon secondaire des Quatre Vents (PSQV) de Regina, qui ont participé à l’édition 2014 de La Grande Traversée (LGT) en Saskatchewan.

29 mai 2014/Auteur: Alexandre Daubisse (EV)/Nombre de vues (26295)/Commentaires (0)/
Deux écoles saskatchewannaises se partagent 112 000$ de la Fondation Indigo pour l'amour de la lecture

Deux écoles saskatchewannaises se partagent 112 000$ de la Fondation Indigo pour l'amour de la lecture

Plus de 1,5 millions distribués aux écoles primaires dans le besoin

La Fondation Indigo pour l'amour de la lecture octroie des subventions du Fonds pour la littératie de 1,5 million de dollars à 20 écoles primaires dans le besoin.

28 mai 2014/Auteur: Anonym/Nombre de vues (31148)/Commentaires (0)/
Un débat mal engagé et un mauvais choix pour le Canada

Un débat mal engagé et un mauvais choix pour le Canada

Le RESDAC se prononce sur le financement du développement des compétences

Le débat actuel concernant le financement du développement de l’alphabétisme et des compétences au Canada dérape. 

26 mai 2014/Auteur: Isabelle Salesse/Nombre de vues (36730)/Commentaires (0)/

Méga-procès pour les écoles francophones en Colombie-Britannique

« Si on construit, les gens viennent »

C’est le Champ de rêve, version francophone hors Québec. Depuis 1982, un scénario semblable s’est déroulé dans plus de 130 collectivités francophones et acadiennes. Bâtissez l’école, disaient les parents, et vous verrez, les inscriptions y seront et les jeunes y resteront.

23 mai 2014/Auteur: Lucien Chaput (Francopresse)/Nombre de vues (18784)/Commentaires (0)/
Les élèves de Debden voyagent à la Ville de Québec

Les élèves de Debden voyagent à la Ville de Québec

En novembre 2013, nous avons commencé à planifier notre premier voyage éducationnel à la Ville de Québec. Avec l'aide de nos parents, notre communauté et nos enseignants, nous avons commencé les collectes de fonds. Pendant les heures de classe, nous avons recherché les activités qui satisferaient nos résultats d'apprentissages de nos programmes d'études. Les billets d'avion étaient achetés, et avant qu'on le sache, on était parti! 

22 mai 2014/Auteur: Diana Couture – École Publique de Debden/Nombre de vues (25245)/Commentaires (0)/
Edward Simon, 1er finissant de l’école Sans-Frontières à Lloydminster

Edward Simon, 1er finissant de l’école Sans-Frontières à Lloydminster

L’histoire en marche

Le 23 mai prochain, Edward Simon deviendra le premier finissant de l’école Sans-Frontières de Lloydminster.

22 mai 2014/Auteur: Alexandre Daubisse (EV)/Nombre de vues (26691)/Commentaires (0)/
Éducation en français des enfants de trois ans en Saskatchewan

Éducation en français des enfants de trois ans en Saskatchewan

La responsabilité remise aux aux CPE

Le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) cessera d’offrir son service de prématernelle trois ans dès la fin du mois de juin 2014 dans ses écoles, à l’exception des trois communautés où il n’y a pas de centre éducatif fransaskois. Ce sont les centres éducatifs de la petite enfance (CPE) qui seront en charge de la gestion et de l’offre du programme des trois ans.

22 mai 2014/Auteur: Alexandre Daubisse (EV)/Nombre de vues (26141)/Commentaires (0)/
Aménagement linguistique en petite enfance

Aménagement linguistique en petite enfance

L'Ontario prend les devants

La petite enfance est d’une importance capitale pour les francophones et Acadiens des provinces et territoires à majorité anglophone. Et leur avenir pourrait être lié à l’adoption de politiques d’aménagement linguistique (PAL). L’Ontario prend les devants en petite enfance.

22 mai 2014/Auteur: Lucien Chaput (Francopresse)/Nombre de vues (25796)/Commentaires (0)/
Aménagement linguistique et culturel

Aménagement linguistique et culturel

Le Nouveau-Brunswick bonifie la vision éducative

Plusieurs organisations francophones au Nouveau-Brunswick saluent la Politique d’aménagement linguistique et culturel (PALC), lancée officiellement le vendredi 9 mai. Selon des représentants acadiens, il était temps que ce type d’aménagement se développe comme en Ontario.

22 mai 2014/Auteur: Louis-Marie Achille (Francopresse)/Nombre de vues (25960)/Commentaires (0)/
Le plaisir de jardiner... à l’école

Le plaisir de jardiner... à l’école

Un journaliste dans les tomates

Initiative originale à l’école d’immersion Massey, à Regina, où une vingtaine d’élèves ont appris à planter des tomates.

22 mai 2014/Auteur: Alexandre Daubisse (EV)/Nombre de vues (24016)/Commentaires (0)/
RSS
Première2728293031333536

 - dimanche 22 décembre 2024