Une première cohorte de juristes obtient des certifications en français
Une nouvelle cohorte de juristes francophones
La cérémonie de remise des diplômes s'est faite en présence du doyen de l'Université de la Saskatchewan, du vice-doyen de l'Université d'Ottawa et de la professeure et directrice de programme.
Photo : Avec l'autorisation de Caroline Magnan (2019)
SASKATOON - Pour la première fois, cinq étudiantes de l’Université de la Saskatchewan ont reçu ce 5 juin à Saskatoon une certification de common law en français de l’Université d’Ottawa. Elles sont ainsi les premières à être diplômées de ce programme inédit qui encourage la pratique du droit en français en milieu minoritaire.
Tava Burton, Marie Digney, Isabelle Larocque, Amanda Kimpinski et Laura Schaan ont reçu leur certification lors de la réception annuelle des diplômés de la faculté de droit de l’Université de la Saskatchewan. Il faut dire qu’elles ont relevé avec brio leur défi : suivre un programme de droit de trois ans, dont un tiers en français.
« Étudier dans une langue seconde prend beaucoup de courage et d’ambition. Ça m’a fait bien chaud au cœur de voir que tous les efforts faits par ces femmes ces trois dernières années ont finalement porté leurs fruits », évoque Caroline Magnan, directrice du programme et ancienne élève à l’école Monseigneur de Laval de Regina.
Au cours de leur formation, les cinq étudiantes, issues pour la plupart de l’immersion, ont acquis des compétences en rédaction et en plaidoirie en français. Surtout, elles ont développé une compréhension approfondie des enjeux entourant les droits linguistiques au pays. « Elles ont appris par exemple l’importance de la Loi sur les langues officielles », indique Caroline Magnan.
Un investissement pour l’avenir
D’après la responsable, ce genre de programme assure un bel avenir à la défense des droits linguistiques. « Il y a un intérêt pour l’offre de services juridiques en français. J’ai très hâte de voir ce qu’elles vont faire. »
Amanda Kimpinski, l’une des étudiantes nouvellement diplômées, semble le confirmer : « Mon expérience dans le cadre du programme a été transformatrice et continuera de me façonner tout au long de ma carrière. Les contacts que j’ai noués (…) m’ont incitée à continuer à œuvrer dans les deux langues officielles et à promouvoir les droits linguistiques partout au Canada, et particulièrement dans l’Ouest. »
Le programme en français fait des émules, avec une entente signée en février dernier avec l’Université de Calgary, des cours de common law offerts à l’Université de l’Alberta et à l’Université du Manitoba. Avec cette expansion, c’est la justice en français dans l’Ouest qui est visée : « L’objectif est d’assurer l’accès à la justice dans les deux langues officielles », résume ainsi Caroline Magnan.
L’initiative est soutenue par un financement du ministère de la Justice du Canada, par l’entremise du Fonds d’appui à l’accès à la justice dans les deux langues officielles. « Ça donne une opportunité unique aux étudiants inscrits dans les facultés de droit anglophones qui autrement n’auraient pas eu accès à des cours de common law en français », note la Fransaskoise d’origine, maintenant établie à Calgary.
La plus-value du réseau
Élément crucial de son succès, le programme fait appel au soutien de professionnels bilingues de la province. Aussi, « une grande partie de la réussite du programme est due à l’appui de la communauté fransaskoise », souligne la professeure de droit.
L’Association des juristes d’expression française de la Saskatchewan (AJEFS) a, entre autres, accueilli des stagiaires et offert du mentorat, jumelant les étudiantes avec des mentors aguerris, francophones ou francophiles. « Le programme donne ainsi la chance de faire partie d’un réseau. Ça permet de développer aux étudiants une expertise unique. Ça peut ouvrir beaucoup de portes, notamment dans les cours et dans la fonction publique. »
Les cinq femmes ont aussi effectué un échange à l’Université d’Ottawa, ont suivi des cours par vidéoconférence, ont effectué un stage au sein de cabinets œuvrant en français en Saskatchewan et ont réalisé une recherche dirigée. Enfin, elles ont pu participer au tout premier Concours de plaidoirie Michel-Bastarache, où elles se sont brillamment illustrées.
Les cinq femmes sont les premières à bénéficier de ce programme conjoint unique en son genre au Canada. En 2020, six étudiants devraient être diplômés à leur tour.
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Lucas Pilleri
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