Skip Navigation
De la France à la Saskatchewan, une histoire familiale par-delà l’Atlantique
Lucas Pilleri

De la France à la Saskatchewan, une histoire familiale par-delà l’Atlantique

Dans un voyage qui mêle les liens du sang à la découverte de la Saskatchewan, le généalogiste français David Albert-Brunet a fait la rencontre de ses cousins éloignés. Descendant de pionniers des Prairies, le passionné d’histoire espère ainsi enrichir une histoire familiale déjà bien riche.

Arrivés en Saskatchewan le 27 septembre, David Albert-Brunet et cinq autres membres de sa famille, tous originaires de la Vienne, une région de l’ouest de la France, ont réalisé un tour de la province, accueillis notamment à Fort Qu'Appelle chez l’un de leurs cousins canadiens.

Cette visite marquait la deuxième fois du généalogiste en terre canadienne, un choix dicté par sa quête continue d’alimenter ses recherches. « Je veux compléter l’histoire familiale, dit-il. C’est une histoire passionnante. »

Une histoire de famille

C’est en 1895 que le destin de la famille française Autet, les ancêtres de David Albert-Brunet, se mêle à celle de l’Ouest canadien.

Image
Une cousinade organisée en 2015 par l’Association des descendants de Charles dit Pierre Authé et Jeanne Bassereau a rassemblé plusieurs centaines de personnes. Crédits : Courtoisie de David Albert-Brunet

À cette époque, nombreux étaient les Français à partir à la conquête de la Nouvelle-France et de l’Ouest canadien, poussés par la Société d’immigration française de Montréal qui souhaitait faire opposition à la présence anglophone.

« Tout un réseau de monarchistes et catholiques français prêchait le départ de la France et l’installation dans ce jeune pays qu’était le Canada, vendu comme la Terre promise du cultivateur », écrit David Albert-Brunet dans son mémoire d’étude.

Le principal instigateur de ce réseau est alors le Français Auguste Bodard, secrétaire général de la Société d’immigration française, qui fonde le village de Domrémy, au nord-est de Saskatoon, en 1894.

Ainsi les Autet quittent leur petit village de Sammarçolles, dans la région de Poitiers et, après 13 jours de traversée, s’installent à Domrémy, attirés par « les promesses mirifiques d’obtenir des terres », note le descendant.

Ce sont 64 hectares, précisément, que les Français obtiennent. Le tout, « en échange de 10 dollars dans le cadre de la loi sur les homesteads ».

Un changement de vie considérable pour ceux qui possédaient seulement 1,93 hectare dans leur village d’origine. « Rien d’étonnant donc que la famille soit partie à l’autre bout du monde ! », commente le généalogiste.

Après quelques années difficiles, la famille finit par faire fortune. « Ils avaient une ferme agricole, la grand-mère avait ouvert son atelier de couture, le fils Arthur avait ouvert son entreprise de forgeron, sa femme était cuisinière, ils faisaient aussi de la maçonnerie, du travail dans les chemins de fer… Ils n’ont pas beaucoup chômé ! », souligne David Albert-Brunet.

Connaître ses racines

L’homme de 41 ans, généalogiste professionnel, documentaliste et archiviste, est en train de constituer le grand livre de sa famille, un document qu’il envisage de présenter comme thèse universitaire, peut-être à l'Université de Regina.

Image
David Albert-Brunet (en blanc, au premier plan) et des membres de sa famille ont visité les locaux de la Cité universitaire francophone de Regina. Crédits : Courtoisie de David Albert-Brunet

D’ailleurs, lors de son séjour, David Albert-Brunet en a profité pour visiter les locaux de la Cité universitaire francophone à Regina, où il a été reçu par la doyenne associée Sophie Gaudet et le professeur d’histoire Michael Poplyansky.

« Ils voulaient savoir dans quel contexte on venait en Saskatchewan. Je n’ai parlé à peine qu’une heure, ce qui est rare me connaissant ! »

Intéressé, Michael Poplyansky a même sollicité une présentation vidéo pour sa classe sur la migration des Poitevins au Canada. « Il m’a dit que la présentation devait durer une heure, mais je sais déjà que je vais dépasser ! Il y a tellement de choses à dire ! »

Si le Français est intarissable sur le sujet, c’est qu’il a entrepris des recherches depuis son plus jeune âge. Ainsi sa visite dans les Prairies concrétise-t-elle un rêve nourri depuis des décennies.

« J’ai l’impression d’être dans un nuage, dit-il. Depuis ma tendre enfance, j’ai l’idée de cette province de la Saskatchewan, j’ai commencé des recherches à l’âge de 10 ans et j’espérais y aller un jour. À cet âge, quand on vous annonce que vous avez de la famille au Canada, c’est impressionnant ! »

Se retrouver

Pour documenter ses recherches, le passionné a créé une association familiale en France, l’Association des descendants de Charles dit Pierre Authé (1809-1871) et Jeanne Bassereau (1810-1871) : de la France vers le Nouveau Monde, une organisation qui a joué un rôle central dans les retrouvailles entre cousins des deux côtés de l'Atlantique.

Petit à petit, grâce aussi aux médias sociaux, le réseau familial s’est élargi, rassemblant plusieurs centaines de cousins.

« Ça a donné envie à beaucoup de partir au Canada, précise David Albert-Brunet. Au début, une cinquantaine de personnes étaient intéressées, et je me suis dit ‘mon Dieu, on va avoir du mal !’ Mais finalement, on était 16 lors de notre premier voyage en 2013, ce qui était déjà difficile à organiser. »

Une riche visite

Le voyage du groupe en Saskatchewan ne s’est pas limité aux réunions familiales. Ponctué aussi de visites culturelles, il a permis de mieux connaître la réalité de ces descendants qui, au fil des années, ont évolué en milieu minoritaire, voyant peu à peu la langue de Molière disparaître au profit de celle de Shakespeare.

« Je suis content de voir que certains descendants se remettent à la langue maternelle du français. Quand j’ai lancé l’association familiale, l’idée était aussi qu’on puisse progresser dans la langue de l’autre entre cousins », indique celui qui se débrouille très bien en anglais.

Pour autant, les descendants saskatchewanais ne sont pas nécessairement au courant de cette riche histoire familiale.

« C’est un peu moi qui leur apprends, reconnaît le documentaliste. Les anciennes générations connaissaient l’histoire, mais il faut le faire découvrir aux nouvelles générations. »

Ce rôle de passeur, le généalogiste l’endosse avec plaisir. « Pour faire de l’histoire, il faut savoir comment vivaient les gens et il faut travailler sur le fond de la vie d’une famille, comprendre la réalité des faits et pas seulement une conception intellectualisée de l’histoire », avance-t-il.

Et de conclure : « Les universitaires en France méprisent souvent la généalogie. À tort, car elle peut régler beaucoup de problèmes de recherche historique. »

Imprimer
4508

Lucas PilleriLucas Pilleri

Autres messages par Lucas Pilleri
Contacter l'auteur

Contacter l'auteur

x

Nikolas Gélinas : Récit d’une réussite

Nikolas se dit fier d’avoir remporté le prix de la Pensée historique. Il peut l’être. Derrière ce prix, ce sont des dizaines d’heures de recherches et un investissement total dans un projet.

12 juin 2014/Auteur: Alexandre Daubisse (EV)/Nombre de vues (24320)/Commentaires (0)/
Réalisation d’une murale au Pavillon secondaire des Quatre Vents

Réalisation d’une murale au Pavillon secondaire des Quatre Vents

Cette murale est le fruit d’un projet pluridisciplinaire Génie-arts, qui réunit éducation artistique, sciences humaines et français en 8e année. Au cours du deuxième semestre, les élèves ont produit une murale, un texte de création littéraire et un travail de recherche afin de répondre à la question : « Quel est le vécu et l’héritage des Fransaskois dans le patrimoine canadien à travers le temps? ». 

12 juin 2014/Auteur: Alexandre Daubisse (EV)/Nombre de vues (29880)/Commentaires (0)/
Juges unilingues à la foire du patrimoine

Juges unilingues à la foire du patrimoine

Les Francophones ont-ils toutes leurs chances?

La phase finale des foires du patrimoine 2014 a eu lieu les mardi et mercredi, 3 et 4 juin derniers, à la Maison du Gouverneur. Plusieurs projets francophones étaient en lice pour la finale provinciale, mais une seule juge bilingue était présente, ce qui a contraint le candidat des écoles du CÉF, dont le projet était en français, d’improviser une présentation en anglais pour défendre ses chances. Pourquoi?

12 juin 2014/Auteur: Alexandre Daubisse (EV)/Nombre de vues (28223)/Commentaires (0)/
Fête des finissants à Zenon Park

Fête des finissants à Zenon Park

Briller dans le monde comme l’étoile dans la nuit

C’était le 24 mai dernier, une fête extraordinaire pour des finissants extraordinaires. Après 12 ans de scolarité, familles et amis étaient réunis afin de célébrer leur succès, leur engagement, les projets et les rêves de Karie-Anne Lépine, Wiliam Arty et Andréa Perrault.

12 juin 2014/Auteur: Amy-Valérie Olivier – CÉF/Nombre de vues (28622)/Commentaires (0)/

Un groupe de parent réclame du sang neuf au CSF

Entretien avec Alpha Barry du regroupement des parents anciennement silencieux

Selon Alpha Barry, les parents anciennement silencieux comptent 105 membres à Regina, Saskatoon, Ponteix, Gravelbourg et Moose Jaw et sont de plus en plus nombreux. Les membres sont les parents et grands-parents des clients et futurs clients du Conseil des écoles fransaskoises (CÉF).

12 juin 2014/Auteur: Alexandre Daubisse (EV)/Nombre de vues (25631)/Commentaires (0)/
Les Bout'Choux DayCare: nouvelle garderie en milieu familial

Les Bout'Choux DayCare: nouvelle garderie en milieu familial

Samedi 14 juin, de 15 h à 18 h, madame Saïda Chehaima ouvrira officiellement sa garderie familiale francophone. Elle pourra accueillir jusqu’à huit enfants, de quelques semaines à six ans.

2014-06-14 15:00/Auteur: Alexandre Daubisse (EV)/Nombre de vues (23318)/Commentaires (0)/

Francine Proulx-Kenzle se prononce sur la situation du CSF

Il faut dialoguer et rétablir la confiance

Comme mamie fransaskoise, je suis très inquiète pour l’avenir de l’éducation en français dans notre communauté. Je reconnais que les défis sont nombreux et importants. Comment faire pour les relever?

11 juin 2014/Auteur: Francine Proulx-Kenzle/Nombre de vues (19598)/Commentaires (0)/
Récital de musique à l’école Providence de Vonda

Récital de musique à l’école Providence de Vonda

À la veille de la fin de l’année scolaire, des élèves de l’école Providence de la prématernelle à la 6e année ont offert un spectacle de très grande qualité à un public venu nombreux.

11 juin 2014/Auteur: Abdoul Sall – ACFT/Nombre de vues (26953)/Commentaires (0)/
Un réseau pancanadien francophone court-circuité?

Un réseau pancanadien francophone court-circuité?

Alphabétisation et compétences essentielles

Après un an de silence, le ministère d’Emploi et Développement social Canada (EDSC) a rendu sa réponse. C’est non à l’éducation aux adultes francophones et acadiens par les francophones et Acadiens. Un non sans explications qui met en péril l’existence même des réseaux d’alphabétisation et de compétences essentielles (ACE). 

10 juin 2014/Auteur: Lucien Chaput (Francopresse)/Nombre de vues (26032)/Commentaires (0)/

Soirée « arts et spectacle » au PSQV

Les élèves du Pavillon secondaire des Quatre-Vents, en partenariat avec l’Association canadienne-française de Regina, invitent le public à participer à leur soirée « Arts et spectacle ». Ce sera vendredi le 13 juin prochain de 17 h à 19 h, au Carrefour Horizon
(1440 9e Avenue Nord, Regina).

2014-06-13 17:00/Auteur: ACFR/Nombre de vues (13342)/Commentaires (0)/

Le culte du silence

Le culte du silence devient de plus en plus la norme.  Du moins en public.  Au lieu de parler ouvertement, on rumine en silence. Et le mécontentement croît.  

5 juin 2014/Auteur: Jean-Pierre Picard/Nombre de vues (24838)/Commentaires (0)/

Les 7e années de Mgr de Laval changent d’école

Le Pavillon secondaire des Quatre Vents de l’école Laval (PSQV) à Regina accueillera les élèves de la 7e année à la rentrée 2014.

5 juin 2014/Auteur: Conseil des écoles fransaskoises/Nombre de vues (23178)/Commentaires (0)/
La PÉLEC : une solution pour le sous-financement des écoles fransaskoises?

La PÉLEC : une solution pour le sous-financement des écoles fransaskoises?

La Saskatchewan pourrait emboîter le pas à l'Ontario et au Nouveau Brunswick

La Politique d’encadrement linguistique et culturel ou PÉLEC est un outil qui pourrait aider à résoudre les problèmes auxquels sont confrontés le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) et la province en matière de financement et de programmation.

5 juin 2014/Auteur: Alexandre Daubisse (EV)/Nombre de vues (27063)/Commentaires (0)/
Un héros grec au pavillon Gustave Dubois!

Un héros grec au pavillon Gustave Dubois!

Des élèves de Saskatoon ont présenté un spectacle musical

Hercule, héros de la mythologie dont les nombreuses aventures l’ont mené de la Méditerranée jusqu’aux enfers, a ajouté une tâche à sa liste déjà longue de 12 travaux : il était en effet de passage à Saskatoon pour quelques jours, du 26 au 28 mai, et a pu profiter d’un beau temps printanier digne du mont Olympe!

5 juin 2014/Auteur: Alexandra Drame (EV)/Nombre de vues (33922)/Commentaires (0)/
Mesures de compressions du réseau scolaire fransaskois

Mesures de compressions du réseau scolaire fransaskois

Leurs raisons et leur impact

Les mesures liées aux compressions budgétaires du Conseil scolaire fransaskois (CSF) entreront en vigueur le 1er septembre 2014 tandis que certains postes ne seront pas renouvelés lorsque les contrats prendront fin au mois de juin. Voici quelques précisions obtenues auprès de monsieur André Denis, président du Conseil scolaire fransaskois.

2 juin 2014/Auteur: Alexandre Daubisse (EV)/Nombre de vues (28071)/Commentaires (0)/
RSS
Première2728293032343536

 - dimanche 17 novembre 2024