Skip Navigation

La Saskatchewan, une île politique

Conférence à la Cité universitaire francophone

La politologue Valérie Vézina était de passage à la Cité francophone de l’Université de Régina le mardi 3 mars pour présenter ses études sur le nationalisme en milieu insulaire. Contre toute attente, elle applique ses recherches au cas de la Saskatchewan, une île au cœur des Prairies canadiennes.

Titulaire d’un doctorat de l’Université du Québec à Montréal, Valérie Vézina enseigne la science politique à la Kwantlen Polytechnic University à Surrey en Colombie-Britannique. Passionnée par les îles, elle a récemment publié son livre Une île, une nation ? où elle décrit le nationalisme insulaire à la lumière des cas de Terre-Neuve-et-Labrador et Puerto Rico.

Si ces deux territoires sont des îles au sens le plus strict, la chercheuse est convaincue que son modèle peut s’appliquer à un autre type d’île : « Dans les études insulaires, on compare souvent les îles aux milieux enclavés. Les gens ont le même genre de défis. »

Au terme « insularité », qui peut avoir une connotation péjorative de repli sur soi, la conférencière lui préfère le concept d'iléité qui traduit selon elle un sentiment partagé par les habitants et une ouverture sur le monde.

« C’est un néologisme, un mot inventé qui vient de l’anglais islandness que j’ai traduit à des fins francophones. C’est ce sentiment qui est vraiment facile à comprendre quand on vit sur une île. Quand on est en Saskatchewan, on sait ce que c'est d'être de la Saskatchewan, quand on est fransaskois on sait ce que c'est d'être fransaskois, mais pour les gens de l’extérieur c’est bien difficile à saisir. »

Une île en quatre dimensions

Pour rendre son concept d'iléité plus tangible, l’auteure le décompose en quatre variables : territoriale, économique, politique et culturelle.

Un critère clé de la dimension territoriale repose sur la distance qui sépare l’île du pouvoir central. Plus cette distance physique est grande, plus le risque est important de se sentir isolé, incompris, voire ignoré par le centre de décision. De plus, il n’existe pas de mode de transport direct entre les grands centres urbains de la province et Ottawa.

La taille du territoire a également une incidence sur le sentiment d’iléité et peut même aboutir à un archipel dont les îles seraient autant de sous-ensembles créés par les diversités géographiques (plaines au Sud, forêts au Nord), ethniques (Autochtones, Fransaskois, etc.), ou de milieux de vie (urbain, rural).

Les ressources naturelles dont dispose l’île relèvent quant à elles de la dimension économique. En Saskatchewan, l'universitaire note la production de pétrole, gaz, potasse, uranium et céréales. Ces ressources ont une valeur marchande non négligeable et peuvent ainsi nourrir un sentiment d’autonomie économique.

Du point de vue politique, Valérie Vézina démontre qu’une indépendance récente contribue à l’iléité. Si la Saskatchewan n’a jamais été indépendante, sa création avec des frontières en lignes droites en 1905 est toutefois assez récente.

Un autre facteur politique est le système de partis différenciés du fédéral. Le parti saskatchewanais au pouvoir depuis 2007 n’a d’affiliation officielle avec aucun parti fédéral et présente des spécificités différentes des partis plus classiques.

Il faut aussi s’attarder sur les limites et portées des pouvoirs de l’île selon la politologue. La province en tant que telle a des pouvoirs limités, bien qu’elle dispose de droits dans la Constitution pour négocier des ententes et réclamer certains pouvoirs laissés au niveau fédéral. À ce titre, la conférencière souligne que « cela ne fait pas nécessairement augmenter l’iléité ».

Côté culturel, Valérie Vézina pose la question suivante : « Est-ce que l’île a des symboles reconnus et acceptés de tous ? ». La chercheuse identifie Tommy Douglas avec la création de l’assurance-maladie, les grandes prairies et cette quiétude ou douceur de vivre qui est selon elle « une caractéristique propre à un milieu insulaire ».

Le nationalisme dans l’Ouest

La conférence a suscité beaucoup de réactions dans l’auditoire avec une douzaine de personnes qui ont pris successivement la parole. Les notions de Wexit et d'aliénation de l’Ouest étaient au cœur des discussions.

La conférencière a son avis sur la question : « Le concept de Wexit rejoint au moins la dimension économique de l’iléité à tout prix, dans le sens où on a plein de ressources primées que l’on veut exploiter mais on est freinés. Mais cette façon de penser, ce n'est pas nouveau, ça a été une fluctuation dans le temps, c’est un mouvement qui va et qui revient. »

Pour Laurier Gareau, auteur, dramaturge et historien fransaskois, la plus grande crainte des Canadiens de l’Ouest, « c’est qu'Ottawa ne les écoute pas. Même quand ce sont les conservateurs qui sont au pouvoir à Ottawa avec Mulroney dans les années 1980 ou plus récemment avec Harper, l’Ouest n’est pas écouté. C’est une question de force qui doit être jouée avec le restant du pays si on veut voir de véritables changements. »

La fransaskoisie, une île dans l’île

Denis Desgagné, directeur aux partenariats et à la programmation culturelle au Conseil des écoles fransaskoises, est intervenu pour pousser la réflexion vers la fransaskoisie : « Si la Saskatchewan est une île, nous sommes une île sur une île. […] C’est cette unicité, cette minorité différente, mais sa force c’est de l’assumer totalement et de faire autrement parce qu’une île doit faire tellement plus. »

Valérie Vézina souhaite prendre du temps pour étudier plus en détail la Saskatchewan et les Fransaskois. Elle pourrait ainsi bonifier son ouvrage Une île, une nation ? qui est en nomination pour le Prix du livre francophone de l’Association canadienne de science politique.

Imprimer
17707

Sébastien DurandSébastien Durand

Autres messages par Sébastien Durand
Contacter l'auteur

Contacter l'auteur

x

La Grande Traversée

Une école de la vie

Transformés, c’est sans doute le mot qui revient le plus dans les commentaires des six élèves du Pavillon secondaire des Quatre Vents (PSQV) de Regina, qui ont participé à l’édition 2014 de La Grande Traversée (LGT) en Saskatchewan.

29 mai 2014/Auteur: Alexandre Daubisse (EV)/Nombre de vues (24266)/Commentaires (0)/
Deux écoles saskatchewannaises se partagent 112 000$ de la Fondation Indigo pour l'amour de la lecture

Deux écoles saskatchewannaises se partagent 112 000$ de la Fondation Indigo pour l'amour de la lecture

Plus de 1,5 millions distribués aux écoles primaires dans le besoin

La Fondation Indigo pour l'amour de la lecture octroie des subventions du Fonds pour la littératie de 1,5 million de dollars à 20 écoles primaires dans le besoin.

28 mai 2014/Auteur: Anonym/Nombre de vues (29458)/Commentaires (0)/
Un débat mal engagé et un mauvais choix pour le Canada

Un débat mal engagé et un mauvais choix pour le Canada

Le RESDAC se prononce sur le financement du développement des compétences

Le débat actuel concernant le financement du développement de l’alphabétisme et des compétences au Canada dérape. 

26 mai 2014/Auteur: Isabelle Salesse/Nombre de vues (33697)/Commentaires (0)/

Méga-procès pour les écoles francophones en Colombie-Britannique

« Si on construit, les gens viennent »

C’est le Champ de rêve, version francophone hors Québec. Depuis 1982, un scénario semblable s’est déroulé dans plus de 130 collectivités francophones et acadiennes. Bâtissez l’école, disaient les parents, et vous verrez, les inscriptions y seront et les jeunes y resteront.

23 mai 2014/Auteur: Lucien Chaput (Francopresse)/Nombre de vues (17619)/Commentaires (0)/
Les élèves de Debden voyagent à la Ville de Québec

Les élèves de Debden voyagent à la Ville de Québec

En novembre 2013, nous avons commencé à planifier notre premier voyage éducationnel à la Ville de Québec. Avec l'aide de nos parents, notre communauté et nos enseignants, nous avons commencé les collectes de fonds. Pendant les heures de classe, nous avons recherché les activités qui satisferaient nos résultats d'apprentissages de nos programmes d'études. Les billets d'avion étaient achetés, et avant qu'on le sache, on était parti! 

22 mai 2014/Auteur: Diana Couture – École Publique de Debden/Nombre de vues (23723)/Commentaires (0)/
Edward Simon, 1er finissant de l’école Sans-Frontières à Lloydminster

Edward Simon, 1er finissant de l’école Sans-Frontières à Lloydminster

L’histoire en marche

Le 23 mai prochain, Edward Simon deviendra le premier finissant de l’école Sans-Frontières de Lloydminster.

22 mai 2014/Auteur: Alexandre Daubisse (EV)/Nombre de vues (25277)/Commentaires (0)/
Éducation en français des enfants de trois ans en Saskatchewan

Éducation en français des enfants de trois ans en Saskatchewan

La responsabilité remise aux aux CPE

Le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) cessera d’offrir son service de prématernelle trois ans dès la fin du mois de juin 2014 dans ses écoles, à l’exception des trois communautés où il n’y a pas de centre éducatif fransaskois. Ce sont les centres éducatifs de la petite enfance (CPE) qui seront en charge de la gestion et de l’offre du programme des trois ans.

22 mai 2014/Auteur: Alexandre Daubisse (EV)/Nombre de vues (24451)/Commentaires (0)/
Aménagement linguistique en petite enfance

Aménagement linguistique en petite enfance

L'Ontario prend les devants

La petite enfance est d’une importance capitale pour les francophones et Acadiens des provinces et territoires à majorité anglophone. Et leur avenir pourrait être lié à l’adoption de politiques d’aménagement linguistique (PAL). L’Ontario prend les devants en petite enfance.

22 mai 2014/Auteur: Lucien Chaput (Francopresse)/Nombre de vues (24300)/Commentaires (0)/
Aménagement linguistique et culturel

Aménagement linguistique et culturel

Le Nouveau-Brunswick bonifie la vision éducative

Plusieurs organisations francophones au Nouveau-Brunswick saluent la Politique d’aménagement linguistique et culturel (PALC), lancée officiellement le vendredi 9 mai. Selon des représentants acadiens, il était temps que ce type d’aménagement se développe comme en Ontario.

22 mai 2014/Auteur: Louis-Marie Achille (Francopresse)/Nombre de vues (23970)/Commentaires (0)/
Le plaisir de jardiner... à l’école

Le plaisir de jardiner... à l’école

Un journaliste dans les tomates

Initiative originale à l’école d’immersion Massey, à Regina, où une vingtaine d’élèves ont appris à planter des tomates.

22 mai 2014/Auteur: Alexandre Daubisse (EV)/Nombre de vues (22334)/Commentaires (0)/
Six élèves du Pavillon secondaire des Quatre-Vents (PSQV) de Regina vont traverser la Saskatchewan à vélo

Six élèves du Pavillon secondaire des Quatre-Vents (PSQV) de Regina vont traverser la Saskatchewan à vélo

Mardi 20 mai, six élèves de l’école secondaire Laval de Regina et six accompagnateurs se sont élancés à vélo de l’école Sans-Frontières de Lloydminster (CÉF) pour atteindre Bellegarde, le vendredi 23 mai. Ce parcours cycliste s’inscrit dans le cadre de l’évènement sportif La Grande Traversée (LGT), qui a débuté à Victoria le 12 mai dernier et s’achèvera à Québec le 13 juin prochain.

20 mai 2014/Auteur: Alexandre Daubisse (EV)/Nombre de vues (38395)/Commentaires (0)/
Dossier spécial Petite enfance 2014

Dossier spécial Petite enfance 2014

Mai, le mois de l’éducation de la petite enfance

Le 14 mai est la Journée d’appréciation des éducatrices et des éducateurs de la petite enfance. Découvrez notre dossier sur la petite enfance. 

15 mai 2014/Auteur: Mychèle Fortin/Nombre de vues (27458)/Commentaires (0)/

Place de la petite enfance dans notre société

Dossier petite enfance - Mai 2014

Les jeunes parents qui arrivent du Québec sont toujours étonnés de découvrir ce qu’il leur en coûtera pour que leurs enfants puissent fréquenter un Centre de petite enfance (CPE) en Saskatchewan. Ils sont loin du 7 $ par jour rendu possible par le programme universel mis sur pied par le gouvernement du Québec, programme dont l'objectif premier est de permettre l'accès à un CPE, quel que soit le revenu familial. 

15 mai 2014/Auteur: Jean-Pierre Picard/Nombre de vues (25134)/Commentaires (0)/

L’animation culturelle dans les écoles

On apprenait récemment que le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) révisait plusieurs de ses programmes, dans le contexte de la crise financière qu’il traverse actuellement. Un de ces programmes est celui qui concerne l’embauche d’animatrices / animateurs culturels dans les écoles.

15 mai 2014/Auteur: Michel Vézina/Nombre de vues (24205)/Commentaires (0)/
Se sucrer le bec pour une bonne cause

Se sucrer le bec pour une bonne cause

Un souper pour moderniser les infrastructures de la Gard’Amis

Le vendredi 9 mai 2014, la communauté francophone de Regina honore le rendez-vous fixé par le Centre éducatif Gard’Amis au Bistro du Carrefour des Plaines. Le souper Cabane à sucre, organisé en collaboration avec l’Association canadienne française de Regina (ACFR), a pour de but de lever des fonds « afin de donner un coup de jeunesse aux infrastructures vieillissantes » de la seule garderie francophone de la ville reine. 

15 mai 2014/Auteur: Luc Bengono/Nombre de vues (29478)/Commentaires (0)/
RSS
Première2627282930323435

 - mardi 21 mai 2024