Skip Navigation
Bon 36366
Trois femmes immigrantes aux destins inouïs
Leslie Diaz

Trois femmes immigrantes aux destins inouïs

Organisé les 19 et 20 janvier par l’organisme à but non lucratif Saskatoon Open Door Society (SODS), l’atelier Threads: Cultural Conversations offrait un tour d’horizon des perspectives, expériences et parcours de nouveaux arrivants. Parmi eux, celui de trois femmes francophones réfugiées de leur pays respectif.

« Le projet Threads est un exemple de ce que l’on peut faire pour une communauté, même à petite échelle. La ville de Saskatoon encourage la diversité et est fière de pouvoir faire entendre les voix de ces hommes et de ces femmes qui reflètent la diversité de notre communauté », explique Charlie Clark, maire de Saskatoon.

Parmi les nombreux intervenants, le public a pu découvrir les récits de trois femmes francophones extraordinaires : Michaëlle Jean, 27e gouverneure générale du Canada, Omayra Issa, journaliste nationale, et Kim Thúy, écrivaine.

La langue, un outil identitaire

Née au Maroc et élevée au Niger, Omayra Issa, qui parle cinq langues, associe l’emploi de la langue à la relation avec l’autre : « Je pense que ma personnalité change complètement lorsque je parle une autre langue. Les langues ont un tel pouvoir de construction d’identité, mais aussi de relation avec le monde qui nous entoure », songe-t-elle.

Une réflexion partagée par l’auteure Kim Thúy, originaire du Vietnam et arrivée comme boat people au Québec à la fin des années 1970 : « Je pense que les langues nous façonnent et nous transforment, mais qu’il y a toujours un enracinement profond de la langue maternelle. »

Pour ces femmes, il faut embrasser l’instant présent et accepter de ne pouvoir qu’espérer, plutôt que de contrôler sa destinée. « Il y a une citation que j’aime beaucoup qui dit “Becoming is never being, until becoming is being still” de Jiddu Krishnamurti [philosophe indien] », illustre Kim Thúy.

Pour Omayra Issa, aujourd’hui journaliste à Radio-Canada à Regina, cette citation est le reflet de l'intangibilité du devenir : « C’est très difficile de savoir exactement ce que nous sommes et ce que nous allons devenir. J’aime l’idée que nous chassons cet être que nous sommes, si proche et si loin à la fois. »

L’identité change-t-elle au contact d’une autre langue ? C’est la question que se pose l’écrivaine Kim Thúy dont les ouvrages ont été traduits en pas moins de 29 langues dans 40 pays et territoires. « Je sais que lorsque je parle une autre langue, mon rythme change, ma voix change et même la façon dont je me tiens est différente. Je me replie sur moi-même physiquement lorsque je parle vietnamien, alors que mon buste et mes épaules sont très ouverts lorsque je parle le français », confie-t-elle.

La transition canadienne

La réputation d’accueil et de générosité des Canadiens n’étant plus à faire, les trois intervenantes se rappellent avec émotion leurs premiers instants en Amérique du Nord. « Puisque nous arrivions d’un camp de réfugiés, je ne m’étais pas vue dans un miroir depuis des mois. À mon arrivée au Québec, c’était la première fois que je me redécouvrais dans les yeux de quelqu’un. Je ne m’étais jamais vue aussi belle », se souvient Kim Thúy.

Celle qui a reçu le Prix littéraire du Gouverneur général en 2010 revient d’ailleurs sur l’influence et le réconfort de ces visages chaleureux qui l’ont accueillie : « Le premier choc culturel qui s’est produit a été lorsque nous sommes arrivés à l’aéroport et que des Québécois nous ont serrés dans leurs bras. J’ai su que je voulais embrasser cette culture de tout mon être par la suite. Ils ont fait la Canadienne et la femme que je suis aujourd’hui », témoigne la femme de lettres.

Née en Haïti, l’ancienne gouverneure générale du Canada Michaëlle Jean se souvient à son tour de son arrivée au Québec en 1968 : « C’était un soir de février. Je n’oublierai jamais le moment où, après la vérification de nos papiers, la personne des douanes a dit à ma mère ‘Madame, à vous et vos enfants, bienvenue au Canada’. »

Échapper à la dictature des Duvalier père et fils mise en place dès la fin des années 1950 a été un véritable soulagement pour Michaëlle Jean et sa famille. Malgré tout, l’adaptation à la culture canadienne n’a pas pour autant été facile : « Nous étions la seule famille noire dans cette petite ville, presque village. Je me rappelle qu'à l’école on venait me toucher les cheveux et on me demandait même si je me lavais. »

Sur les bancs de l’école, la diplomate est même restée muette pendant un certain temps : « Il fallait s’adapter à ce nouveau français sur fond de traumatismes, de changements et de décodage d’une culture. »

Pour Omayra Issa, qui se remémore son premier froid de novembre, le fait de devenir canadienne est continuel : « Je pense que je deviens canadienne un peu plus chaque jour. Écouter de la musique africaine est le moyen pour moi de me connecter avec ma culture d’origine. C’est important de se reconnecter avec ses racines, surtout quand on se trouve en plein milieu de la Saskatchewan et qu’on n’est pas d’ici », exprime-t-elle.

Imprimer
6555

Leslie DiazLeslie Diaz

Autres messages par Leslie Diaz
Contacter l'auteur

Contacter l'auteur

x
Réalisation d’une murale au Pavillon secondaire des Quatre Vents

Réalisation d’une murale au Pavillon secondaire des Quatre Vents

Cette murale est le fruit d’un projet pluridisciplinaire Génie-arts, qui réunit éducation artistique, sciences humaines et français en 8e année. Au cours du deuxième semestre, les élèves ont produit une murale, un texte de création littéraire et un travail de recherche afin de répondre à la question : « Quel est le vécu et l’héritage des Fransaskois dans le patrimoine canadien à travers le temps? ». 

12 juin 2014/Auteur: Alexandre Daubisse (EV)/Nombre de vues (28608)/Commentaires (0)/
Juges unilingues à la foire du patrimoine

Juges unilingues à la foire du patrimoine

Les Francophones ont-ils toutes leurs chances?

La phase finale des foires du patrimoine 2014 a eu lieu les mardi et mercredi, 3 et 4 juin derniers, à la Maison du Gouverneur. Plusieurs projets francophones étaient en lice pour la finale provinciale, mais une seule juge bilingue était présente, ce qui a contraint le candidat des écoles du CÉF, dont le projet était en français, d’improviser une présentation en anglais pour défendre ses chances. Pourquoi?

12 juin 2014/Auteur: Alexandre Daubisse (EV)/Nombre de vues (26694)/Commentaires (0)/
Fête des finissants à Zenon Park

Fête des finissants à Zenon Park

Briller dans le monde comme l’étoile dans la nuit

C’était le 24 mai dernier, une fête extraordinaire pour des finissants extraordinaires. Après 12 ans de scolarité, familles et amis étaient réunis afin de célébrer leur succès, leur engagement, les projets et les rêves de Karie-Anne Lépine, Wiliam Arty et Andréa Perrault.

12 juin 2014/Auteur: Amy-Valérie Olivier – CÉF/Nombre de vues (27192)/Commentaires (0)/

Un groupe de parent réclame du sang neuf au CSF

Entretien avec Alpha Barry du regroupement des parents anciennement silencieux

Selon Alpha Barry, les parents anciennement silencieux comptent 105 membres à Regina, Saskatoon, Ponteix, Gravelbourg et Moose Jaw et sont de plus en plus nombreux. Les membres sont les parents et grands-parents des clients et futurs clients du Conseil des écoles fransaskoises (CÉF).

12 juin 2014/Auteur: Alexandre Daubisse (EV)/Nombre de vues (24498)/Commentaires (0)/
Les Bout'Choux DayCare: nouvelle garderie en milieu familial

Les Bout'Choux DayCare: nouvelle garderie en milieu familial

Samedi 14 juin, de 15 h à 18 h, madame Saïda Chehaima ouvrira officiellement sa garderie familiale francophone. Elle pourra accueillir jusqu’à huit enfants, de quelques semaines à six ans.

2014-06-14 15:00/Auteur: Alexandre Daubisse (EV)/Nombre de vues (22472)/Commentaires (0)/

Francine Proulx-Kenzle se prononce sur la situation du CSF

Il faut dialoguer et rétablir la confiance

Comme mamie fransaskoise, je suis très inquiète pour l’avenir de l’éducation en français dans notre communauté. Je reconnais que les défis sont nombreux et importants. Comment faire pour les relever?

11 juin 2014/Auteur: Francine Proulx-Kenzle/Nombre de vues (18350)/Commentaires (0)/
Récital de musique à l’école Providence de Vonda

Récital de musique à l’école Providence de Vonda

À la veille de la fin de l’année scolaire, des élèves de l’école Providence de la prématernelle à la 6e année ont offert un spectacle de très grande qualité à un public venu nombreux.

11 juin 2014/Auteur: Abdoul Sall – ACFT/Nombre de vues (25543)/Commentaires (0)/
Un réseau pancanadien francophone court-circuité?

Un réseau pancanadien francophone court-circuité?

Alphabétisation et compétences essentielles

Après un an de silence, le ministère d’Emploi et Développement social Canada (EDSC) a rendu sa réponse. C’est non à l’éducation aux adultes francophones et acadiens par les francophones et Acadiens. Un non sans explications qui met en péril l’existence même des réseaux d’alphabétisation et de compétences essentielles (ACE). 

10 juin 2014/Auteur: Lucien Chaput (Francopresse)/Nombre de vues (24836)/Commentaires (0)/

Soirée « arts et spectacle » au PSQV

Les élèves du Pavillon secondaire des Quatre-Vents, en partenariat avec l’Association canadienne-française de Regina, invitent le public à participer à leur soirée « Arts et spectacle ». Ce sera vendredi le 13 juin prochain de 17 h à 19 h, au Carrefour Horizon
(1440 9e Avenue Nord, Regina).

2014-06-13 17:00/Auteur: ACFR/Nombre de vues (12227)/Commentaires (0)/

Le culte du silence

Le culte du silence devient de plus en plus la norme.  Du moins en public.  Au lieu de parler ouvertement, on rumine en silence. Et le mécontentement croît.  

5 juin 2014/Auteur: Jean-Pierre Picard/Nombre de vues (22974)/Commentaires (0)/

Les 7e années de Mgr de Laval changent d’école

Le Pavillon secondaire des Quatre Vents de l’école Laval (PSQV) à Regina accueillera les élèves de la 7e année à la rentrée 2014.

5 juin 2014/Auteur: Conseil des écoles fransaskoises/Nombre de vues (21858)/Commentaires (0)/
La PÉLEC : une solution pour le sous-financement des écoles fransaskoises?

La PÉLEC : une solution pour le sous-financement des écoles fransaskoises?

La Saskatchewan pourrait emboîter le pas à l'Ontario et au Nouveau Brunswick

La Politique d’encadrement linguistique et culturel ou PÉLEC est un outil qui pourrait aider à résoudre les problèmes auxquels sont confrontés le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) et la province en matière de financement et de programmation.

5 juin 2014/Auteur: Alexandre Daubisse (EV)/Nombre de vues (25761)/Commentaires (0)/
Un héros grec au pavillon Gustave Dubois!

Un héros grec au pavillon Gustave Dubois!

Des élèves de Saskatoon ont présenté un spectacle musical

Hercule, héros de la mythologie dont les nombreuses aventures l’ont mené de la Méditerranée jusqu’aux enfers, a ajouté une tâche à sa liste déjà longue de 12 travaux : il était en effet de passage à Saskatoon pour quelques jours, du 26 au 28 mai, et a pu profiter d’un beau temps printanier digne du mont Olympe!

5 juin 2014/Auteur: Alexandra Drame (EV)/Nombre de vues (32080)/Commentaires (0)/
Mesures de compressions du réseau scolaire fransaskois

Mesures de compressions du réseau scolaire fransaskois

Leurs raisons et leur impact

Les mesures liées aux compressions budgétaires du Conseil scolaire fransaskois (CSF) entreront en vigueur le 1er septembre 2014 tandis que certains postes ne seront pas renouvelés lorsque les contrats prendront fin au mois de juin. Voici quelques précisions obtenues auprès de monsieur André Denis, président du Conseil scolaire fransaskois.

2 juin 2014/Auteur: Alexandre Daubisse (EV)/Nombre de vues (26476)/Commentaires (0)/

Concours d’art oratoire

Coup d'oeil sur la finale provinciale du Concours d’art oratoire, organisé par Canadian Parents for French – Saskatchewan (CPF-SK) à Saskatoon, le samedi 26 avril 2014.

29 mai 2014/Auteur: Kenneth Bos/Nombre de vues (25653)/Commentaires (0)/
RSS
Première2627282931333435

 - vendredi 24 mai 2024