Skip Navigation
AGA 2024 de la CPF
Émilie Dessureault-Paquette (EV)
/ Catégories: 2015, Société, Jeunesse

La réalité du terrain des conflits lointains: le Burundi

Une leçon d'implication sociale avec Marcel Rachid

Marcel Rachid, assistant aux projets à l’ACFR, a travaillé à la création de l’association Famille de l’Espoir au Burundi.

Marcel Rachid, assistant aux projets à l’ACFR, a travaillé à la création de l’association Famille de l’Espoir au Burundi.

Photo: Émilie Dessureault-Paquette (2015)
L'actualité nous paraît souvent bien abstraite quand elle concerne des conflits à l'international qui ont peu d'écho dans nos médias nord-américains. Pourtant, ces histoires sont assez proches de nous et s'y intéresser devrait être un devoir. Ainsi, au Burundi, depuis le 25 avril dernier, se déroulent des manifestations violentes qui impliquent toutes les classes de la société. 

C'est dans ce contexte que je me suis entretenue avec un burundais d'origine, M. Marcel Rachid, qui vit en Saskatchewan depuis quelques mois. Il travaille présentement à l’Association canadienne-française de Regina comme assistant aux projets. Au-delà de la complexité politique, c'est plutôt d'inquiétude et d'espoir mais aussi d'implication sociale dont je me suis entretenue avec M.Rachid. 

Eau vive - Quel est votre plus grande inquiétude concernant la situation actuelle au Burundi?

Marcel Rachid - Le Burundi est un des pays les moins connus et un des plus négligés de la communauté internationale. Alors je crains que la crise qui vient de se déclarer dure encore longtemps et fasse encore plus de victimes. Je ne vois pas d'issue à court terme. Je me sens interpellé par ce qui se passe puisque je travaille depuis 10 ans avec les enfants au Burundi. 

EV - De quelle façon vous êtes-vous impliqué avec les enfants?

MR - J'ai été intervenant jeunesse dans une association que j'ai fondée moi-même et qui s’appelle Famille de l'Espoir. L'association s'occupe des orphelins de la guerre et de la crise de la démocratie au Burundi. 

EV – Est-ce qu'il y a une réalisation dont vous êtes particulièrement fier ?

MR - C'est d'avoir mis en place cette association. Durant mon séjour au Canada, je n'étais pas coupé du pays. La chose la plus importante que j'aie faite c'est de continuer à mobiliser et à sensibiliser les communautés autour de moi, pour venir en aide aux enfants orphelins. 

EV - Et pourquoi avez-vous décidé de travailler avec les enfants plus particulièrement?

MR - Je suis né dans une famille qui a été complètement démembrée par la crise post-coloniale. Je sais vraiment c'est quoi être un enfant orphelin, de grandir avec une mère dépourvue de tout. Quand je suis retourné au Burundi en 2004, parce que j'avais fuis au Rwanda en 1997, j'ai été frappé de voir des milliers d'enfants abandonnés dans les rues. Ç'a été l'élément déclencheur de la fondation de mon association.

Je reconnaissais qu'il n'y avait pas de moyens, pas d'argent, mais que l'on pouvait faire quelque chose juste pour montrer aux enfants qu'il y avait de l’espoir, qu'on leur accordait un peu d'attention. Je me suis dit que ces enfants n'avaient pas d'avenir et qu'il fallait mobiliser la communauté pour s'en occuper, avec les moyens du bord. 

EV – Quels sont les réalisations que vous avez accomplies avec la communauté?

MR- Mon rêve, c'était que les enfants retournent à l'école, qu'ils soient scolarisés. On sensibilisait la communauté, on cherchait des familles d'accueil. Mais à un certain moment, c’est-à-dire vers 2011, on a fait une analyse de tous les enfants que l'on avait amenés à l'école. On a trouvé que la plupart ne persévéraient pas, que le taux de décrocheurs était de 90%. Alors on s'est questionné et on a réalisé que le problème c'était l'extrême pauvreté et les traumatismes subis pendant la guerre. Ils ne pouvaient pas se concentrer a l'école, ils faisaient des cauchemars, ils ne croyaient plus en l'avenir. Il a fallu que je trouve une autre approche qui puisse vraiment aider, une approche plus intégrée, pour regarder l'ensemble des besoins de l'enfant. Parce qu'envoyer un enfant à l'école, ça ne suffit pas. 

J'avais eu l'occasion de visiter le centre de pédiatrie sociale du Dr. Gilles Julien, à Montréal au Québec, et cela m'a inspiré car c'est quelque chose que je pouvais adapter au Burundi. C'est là que j'ai conçu ce projet de faire un centre sociopédiatrique. C'est un modèle d'intervention qui regroupe différents professionnels qui essaient d'appréhender l'ensemble des besoins de l'enfant. 

EV – Vous parliez de traumatismes de guerre. Est-ce qu'au Burundi, on retrouve la réalité des enfants soldats?

MR - 8000 enfants soldats, ça c'est le chiffre officiel. On dit que la pire des choses de la guerre, c'est d'être un enfant soldat. Parce que c'est une enfance sacrifiée. Parce que c'est traumatisant et que le traumatisme ne disparaît pas après le retour de la paix. Parce que ces enfants risquent fort de reproduire la violence dont ils ont été victimes. Si on ne travaille pas avec eux, ça va être vraiment difficile pour eux de se réintégrer dans la société. 

Toutefois, ce n'est pas des choses que  l'on aborde directement avec les enfants. On ne dit pas : voilà on travaille avec vous parce que l'on soupçonne que vous avez été des enfants soldats. Non, on ne dit pas ça. On a plutôt essayé de mettre en place une approche pour qu'ils puissent s'exprimer sans que l'on pose les questions, et ça a très bien fonctionné. À partir de là, les enfants se sont révélés sans même le savoir. 

EV – Que comptez-vous faire pour mieux faire connaître la réalité du Burundi à la communauté

fransaskoise?

MR – Je pense qu'il y a urgence d'expliquer et de conscientiser et je veux écrire pour parler, non pas des conflits en eux-mêmes, mais de l'impact de ces conflits sur les populations vulnérables, de ce qui ce passe en silence là-bas.

EV - L'association que vous avez fondée se nomme Famille de l'Espoir. Vous avez donc  un peu d'espoir pour la suite?

MRSans mentir, je n'ai pas vraiment d'espoir. Parce que c'est un pays très fragile encore. Parce que dans un pays en guerre, c'est tout le monde qui devient combattant. C'est donc facile de régresser et de retourner dans une violence extrême. C'est pourquoi quand je vois que la communauté internationale ne s'y intéresse pas…  Je me dis qu'il faut en parler, qu'il y a des choses à faire. 

J'aimerais publier mon livre dans la communauté fransaskoise. Avec le temps, je pourrais sensibliser d'autres communautés. Les guerres sont injustes, ceux qui les commandent ne sont pas ceux qui en paient le prix. Tous sont perdants, surtout les enfants. Ça devrait interpeller tout le monde.  Pour le devoir, pour la morale. En tant qu'humain. 

Pour en savoir plus sur Famille de l'Espoir: www.fenations.org/pages/bienvenue.html

 

Imprimer
19125

Émilie Dessureault-Paquette (EV)Émilie Dessureault-Paquette

Autres messages par Émilie Dessureault-Paquette (EV)
Contacter l'auteur

Contacter l'auteur

x
Clara Hughes fait un clin d’œil à Mgr de Laval

Clara Hughes fait un clin d’œil à Mgr de Laval

Traversée du Canada pour sensibiliser à la santé mentale

Mardi 10 juin, 9 heures du matin. Le directeur de l’école, M. Sébastien Ouellet, fait le tour des salles de classe et distribue en vitesse des bâtons gonflables bleus, après avoir montré aux élèves comment les utiliser. Aujourd’hui, tous les enfants sont habillés en bleu. La consigne a été donnée la veille. « Il faut encourager Clara Hughes ».

19 juin 2014/Auteur: Luc Bengono/Nombre de vues (29648)/Commentaires (0)/
Un réseau pancanadien francophone court-circuité?

Un réseau pancanadien francophone court-circuité?

Alphabétisation et compétences essentielles

En mars 2013, Ressources humaines et Développement des compétences Canada (RHDCC) annonce aux organismes œuvrant au développement de l’alphabétisme et des compétences que le financement de base provenant de ce ministère prendrait fin en juin 2014.

19 juin 2014/Auteur: Lucien Chaput (Francopresse)/Nombre de vues (26910)/Commentaires (0)/
Portes ouvertes aux nouveaux locaux du Centre d’appui à la famille et à l’enfance (CAFE), La Ritournelle

Portes ouvertes aux nouveaux locaux du Centre d’appui à la famille et à l’enfance (CAFE), La Ritournelle

Vendredi 13 juin, de 11 h à 16 h, les familles de Regina ont pu visiter les nouveaux locaux du Centre d’appui à la famille et à l’enfance (CAFE), La Ritournelle, situés au Carrefour des Plaines à Regina, suite à l’invitation de l’Association des parents fransaskois (APF) lors de leur journée portes ouvertes.

19 juin 2014/Auteur: Alexandre Daubisse (EV)/Nombre de vues (29677)/Commentaires (0)/
Une nouvelle garderie francophone en milieu familial à Regina

Une nouvelle garderie francophone en milieu familial à Regina

Les Bout'Choux DayCare

Les places en garderie sont rares, on le sait, et le nombre de garderies elles-mêmes est limité. C’est donc une inauguration bienvenue pour la communauté que celle de la garderie familiale francophone Bout’Choux Day Care de madame Saida Chehaima, qui a eu lieu, samedi 14 juin, au 22 Hyland Crescent à Regina. 

19 juin 2014/Auteur: Alexandre Daubisse (EV)/Nombre de vues (36959)/Commentaires (0)/
Le public visite le Pavillon secondaire des Quatre Vents

Le public visite le Pavillon secondaire des Quatre Vents

Les élèves en vedette

C’est sous le thème « Arts et spectacle » que s’est déroulée le vendredi 13 juin dernier cette soirée ouverte au public, organisée conjointement avec l’Association canadienne-française de Regina (ACFR). Avec une formule « cocktail », les visiteurs étaient invités à grignoter tout en contemplant différentes réalisations des élèves du Pavillon secondaire des Quatre Vents (PSQV) de l’école Monseigneur de Laval à Regina. Les élèves de 10e année du cours de gestion financière étaient également sur place pour vendre des rafraîchissements.

19 juin 2014/Auteur: Stéphanie Alain/Nombre de vues (34868)/Commentaires (0)/
Urgence français

Urgence français

au Pavillon secondaire des Quatre Vents

C’est appuyé des rires du public de la salle que les membres de la troupe de théâtre du Pavillon secondaire des Quatre Vents (PSQV), de l’école Monseigneur de Laval à Regina, ont présenté cette pièce originale. 

19 juin 2014/Auteur: Stéphanie Alain/Nombre de vues (28344)/Commentaires (0)/
Le CÉF fait le point sur vérification provinciale de sa situation financière

Le CÉF fait le point sur vérification provinciale de sa situation financière

Lettre du président du Conseil scolaire fransaskois

Dans une lettre adressée aux parents, employés et partenaires communautaires, le président du Conseil scolaire fransaskois fait le point sur les récents développements dans le dossier scolaire: la cérification provinciale de la situation financière et certains énoncés diffusés dans les médias

13 juin 2014/Auteur: Conseil des écoles fransaskoises/Nombre de vues (23031)/Commentaires (0)/

Ça prend tout un village, vous dites?

Dommage que Kafka ne soit plus de ce monde. Il aurait trouvé la situation de la gestion scolaire fransaskoise plutôt inspirante. La semaine dernière, le LeaderPost de Regina a rapporté que le ministre de l’Éducation se dit profondément préoccupé du retard de la paie du personnel enseignant du Conseil des écoles fransaskoises (CÉF). 

12 juin 2014/Auteur: Jean-Pierre Picard/Nombre de vues (26222)/Commentaires (0)/
Ça sautait, ça courait et ça lançait lors des derniers jeux du CÉF...

Ça sautait, ça courait et ça lançait lors des derniers jeux du CÉF...

Jeudi 5 et vendredi 6 juin derniers, à Prince Albert, ça grouillait d’activité sportive lors des derniers jeux d’athlétisme pour les élèves de la 7e à la 12e année faisant partie du Conseil des écoles fransaskois (CÉF).

12 juin 2014/Auteur: Claude Martel/Nombre de vues (29128)/Commentaires (0)/
Les élèves de l'école Boréale relèvent le Grand défi Pierre Lavoie

Les élèves de l'école Boréale relèvent le Grand défi Pierre Lavoie

Les élèves de dix écoles élémentaires fransaskoises participent au programme « Lève-toi et bouge ».  Le but de ce programme est de faire des activités physiques propres à stimuler leur rythme cardiaque et à promouvoir une saine alimentation. L’effort de chacun se mesure en « cubes-énergie », une unité de mesure inventée spécialement pour cette compétition. Dans sa plus simple expression, le cube-énergie égale 15 minutes d’activité.

12 juin 2014/Auteur: Laurent Desrosiers/Nombre de vues (27076)/Commentaires (0)/
Radisson... Allez! Tasse-toi...

Radisson... Allez! Tasse-toi...

Mardi 3 et mercredi 4 juin derniers, avait lieu la foire provinciale du patrimoine à la maison du lieutenant-gouverneur de la Saskatchewan. Cet endroit est le pied-à-terre de sa majesté, la reine Élizabeth II de l’Angleterre, lorsqu’elle et son mari viennent faire un tour dans notre coin de pays.

12 juin 2014/Auteur: Claude Martel/Nombre de vues (25460)/Commentaires (0)/

Nikolas Gélinas : Récit d’une réussite

Nikolas se dit fier d’avoir remporté le prix de la Pensée historique. Il peut l’être. Derrière ce prix, ce sont des dizaines d’heures de recherches et un investissement total dans un projet.

12 juin 2014/Auteur: Alexandre Daubisse (EV)/Nombre de vues (23728)/Commentaires (0)/
Réalisation d’une murale au Pavillon secondaire des Quatre Vents

Réalisation d’une murale au Pavillon secondaire des Quatre Vents

Cette murale est le fruit d’un projet pluridisciplinaire Génie-arts, qui réunit éducation artistique, sciences humaines et français en 8e année. Au cours du deuxième semestre, les élèves ont produit une murale, un texte de création littéraire et un travail de recherche afin de répondre à la question : « Quel est le vécu et l’héritage des Fransaskois dans le patrimoine canadien à travers le temps? ». 

12 juin 2014/Auteur: Alexandre Daubisse (EV)/Nombre de vues (29402)/Commentaires (0)/
Juges unilingues à la foire du patrimoine

Juges unilingues à la foire du patrimoine

Les Francophones ont-ils toutes leurs chances?

La phase finale des foires du patrimoine 2014 a eu lieu les mardi et mercredi, 3 et 4 juin derniers, à la Maison du Gouverneur. Plusieurs projets francophones étaient en lice pour la finale provinciale, mais une seule juge bilingue était présente, ce qui a contraint le candidat des écoles du CÉF, dont le projet était en français, d’improviser une présentation en anglais pour défendre ses chances. Pourquoi?

12 juin 2014/Auteur: Alexandre Daubisse (EV)/Nombre de vues (27726)/Commentaires (0)/
Fête des finissants à Zenon Park

Fête des finissants à Zenon Park

Briller dans le monde comme l’étoile dans la nuit

C’était le 24 mai dernier, une fête extraordinaire pour des finissants extraordinaires. Après 12 ans de scolarité, familles et amis étaient réunis afin de célébrer leur succès, leur engagement, les projets et les rêves de Karie-Anne Lépine, Wiliam Arty et Andréa Perrault.

12 juin 2014/Auteur: Amy-Valérie Olivier – CÉF/Nombre de vues (28216)/Commentaires (0)/
RSS
Première2627282931333435Dernière

 - samedi 28 septembre 2024