Maternelle et prématernelle : la hausse des frais agite parents et centres éducatifs
L’annonce par le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) de nouvelles charges financières pour la prématernelle, la maternelle et les Centres éducatifs de la petite enfance (CÉPE) a créé la controverse au sein de la communauté fransaskoise. Si aucune entente n'a encore été signée, les principaux intéressés craignent pour leur avenir.
C’est la rentrée et les familles fransaskoises ont vu leurs frais de garderies faire un bond. En septembre, les familles doivent désormais payer 150 dollars chaque mois pour leur enfant en prématernelle et maternelle à temps plein.
À cette nouvelle contribution s’est ajoutée l’imposition d’un loyer par le CÉF auprès des dix Centres éducatifs pour la petite enfance (CÉPE).
Une nouvelle communiquée par le CÉF en mai dernier et qui a fait l’effet d’une bombe tant personne ne l'avait vue venir.
Le loyer de la discorde
« Nous sommes passés de pas de loyer à un loyer », s'exclame avec consternation Sarah Vennes-Ouellet, présidente du centre éducatif Pomme d'api, à Moose Jaw, localisé dans un espace communautaire depuis 2007.
Depuis plusieurs semaines, c'est par communiqués de presse interposés que le CÉF et les différents acteurs de la communauté se renvoient la balle.
Face à ces plaintes, le CÉF rétropédale en juillet et diffuse un deuxième avis. Celui-ci indique une baisse du loyer de 6 dollars le pied carré à 4 dollars pour les CÉPE et repousse également la date d’entrée en vigueur de la nouvelle tarification de septembre 2024 à mars 2025.
« Notre première réaction, ça a été la panique, car personne ne peut se permettre ça. Pour nous, ça signifiait la fin de nos centres », explique Julie Pedneault, présidente du conseil d'administration de la coopérative Gard’Amis.
« C’est un nouveau coût de plus de 1 000 dollars par mois pour Moose Jaw, 3 000 dollars pour Regina et 4 000 dollars pour Saskatoon », met en perspective Sarah Vennes-Ouellet.
À quand une entente ?
Julie Pedneault fait remarquer qu’une entente avait été signée en 2020, appelée Entente de partenariat école-communauté pour la gestion des espaces des centres scolaires communautaires citoyens.
« Dans ce document, on dit que les CÉPE sont des résidents, souligne Julie Pedneault. Si on nous impose un loyer, nous ne sommes plus des résidents, mais des locataires », pointe-t-elle du doigt.
Du côté du CÉF, le directeur général Ronald Ajavon précise que son organisation est bien « propriétaire des espaces situés dans ses écoles », lesquels accueillent les CÉPE. Tout en reconnaissant que ces derniers « sont aussi des personnes morales distinctes totalement autonomes ».
Selon Sarah Vennes-Ouellet, présidente du centre éducatif de Moose Jaw, Patrimoine canadien a financé la construction des espaces communautaires et, donc, des centres éducatifs, alors pourquoi payer un loyer ?
Pas assez de subventions
Le CÉF défend sa décision en pointant du doigt le manque de financement gouvernemental.
Depuis 2007-2008, le CÉF reçoit chaque année 2,4 millions de dollars du fédéral afin de couvrir les frais liés à la prématernelle et à la maternelle, couverte à seulement 50 % par le provincial. Or, les coûts réels s’élèvent aujourd’hui à 3,6 millions de dollars. Un manque à gagner que le CÉF cherche à combler.
« L’enveloppe fédérale n’a pas été bonifiée », fait remarquer le directeur général du CÉF. Pourtant, c’est cette enveloppe qui assurait jusqu'alors la gratuité des CÉPE.
« Et ce n’est pas couvert par le gouvernement provincial, mais nous continuerons à militer car nous croyons fermement que ces initiatives devraient être couvertes et que les parents ne devraient pas à avoir payer », justifie Ronald Ajavon.
Certains parents se sont manifestés auprès du CÉF pour faire savoir qu’ils ne pourraient pas s’acquitter des nouveaux forfaits de 150 dollars par mois pour leur enfant. Le CÉF s’est ainsi penché sur leur situation financière et a accepté de les exonérer.
« À ce jour, une trentaine de parents sont concernés », fait savoir Ronald Ajavon. « On espère que ce sera une initiative éphémère car ce que nous valorisons en tant qu’organisation, c’est la gratuité de ces services à tous », tempère-t-il.
Malgré cet effort, la décision est loin de faire l’unanimité et des ententes formelles n’ont pas encore été constituées entre les parties.
« Ce n’est pas approprié de se tourner vers la petite enfance qui, elle aussi, est financée par le ministère de l’Éducation et qui est donc très limitée dans la possibilité d'aller chercher des revenus supplémentaires », avance Sarah Vennes-Ouellet.
D'après la résidente de Moose Jaw, une lettre dudit ministère indique que l'an prochain les conseils scolaires recevront une augmentation de subvention provinciale de 11 %.
De son côté, le directeur du CÉF se veut ouvert au dialogue : « On sait que la situation financière des CÉPE est très délicate. Je veux réitérer le caractère très éphémère de cette décision, j’espère qu’elle sera renversée très rapidement. »
Deux consultants, Roger Gauthier et Frédérique Baudemont, ont été recrutés par le CÉF afin de formuler des recommandations à la direction générale. Ces derniers iront à la rencontre des centres éducatifs pour mieux cerner les enjeux.
Le 3 septembre, lors d’une rencontre tenue entre les CÉPE et le CÉF, il a été décidé de régler la question des frais au plus tard le 30 septembre.
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