Skip Navigation
Maria Lepage, l’engagement au féminin
Lucas Pilleri
/ Catégories: Société, Femmes

Maria Lepage, l’engagement au féminin

À 75 ans, Maria Lepage a plus d’une corde à son arc. Tour à tour engagée pour la Fédération provinciale des femmes fransaskoises, l’Alliance des femmes de la francophonie canadienne, la Coopérative des publications fransaskoises, ou encore l’Association communautaire fransaskoise de Gravelbourg, la Gravelbourgeoise ne compte plus les heures données à sa communauté. Alors qu’elle vient de recevoir le prix Bravo Bénévoles des mains du Conseil économique et coopératif (CÉCS), la Fransaskoise engagée revient sur un demi-siècle de militantisme pour la francophonie.

Fin octobre, vous avez donc remporté un prix qui souligne votre engagement dans la communauté francophone de Gravelbourg. Que cela vous évoque-t-il ?

C’était un honneur d’être nominée par les gens de ma communauté, puis de gagner. Les deux autres femmes en nomination en ont fait tout autant que moi. C’est une fierté.

Ces prix ne se gagnent pas seul. Il faut se rappeler qu’on a eu des personnes qui ont été avec nous dans les projets culturels, de développement, d’éducation. On réussit tous ensemble.

Image
Maria Lepage a reçu le prix Bravo Bénévoles du Conseil économique et coopératif de la Saskatchewan (CÉCS) lors d’une soirée de gala soulignant les 75 ans de l’organisme le 29 octobre 2022. Crédits : Courtoisie du CÉCS

À quand votre passion pour le fait français remonte-t-elle ?

Je l’ai acquise jeune, je pense que c’est l’éducation que j’ai reçue des religieuses. Bien parler, bien écrire en français, c’était important. Et le fait qu’on parlait juste le français à la maison quand j’étais jeune. C’est l’héritage que j’ai reçu indirectement de mes grands-parents. C’est devenu une partie de mon être. C’est ce que je suis.

De quelle façon votre engagement a-t-il démarré ?

À 20-21 ans, j’ai été invitée par des femmes plus âgées que moi pour travailler dans la communauté et la paroisse. On se rencontrait une fois par mois, on discutait de toutes sortes de sujets, on parlait beaucoup de la place de la femme dans l’agriculture et dans l’Église.

Mon engagement a démarré dès 1968 avec la Fédération des femmes canadiennes-françaises et j’ai été la première présidente de la Fédération provinciale des femmes fransaskoises en 1989.

Vous avez été présidente de l’Alliance des femmes de la francophonie canadienne (AFFC) de 1998 à 2002. Quel moment de cette implication au niveau national reste le plus mémorable à vos yeux ?

Mon moment de fierté, c’est quand j’ai été déléguée pour représenter les femmes du Canada et leurs pétitions aux Nations Unies à New York lors de la Marche mondiale des femmes de l’an 2000 contre la pauvreté et la violence.

Image
Maria Lepage en 1991, alors présidente de la Fédération provinciale des Fransaskoises, devenue depuis Entr’Elles Regroupement Femmes Saskatchewan Crédit : Archives L’Eau vive

Au fil des ans, vous avez connu l’évolution de la place de la femme au sein de la société. Quel regard portez-vous sur la situation actuelle ?

Il y a beaucoup de choses qui ont changé, mais on dirait qu’il faut toujours défendre sa place. Ce n’est pas un acquis. La vie n’est pas facile pour les femmes, il faut être aux aguets. Ça s’améliore, mais il ne faut pas se laisser aller parce qu’on rétrograde trop facilement. C’est comme le travail des francophones : il faut toujours être présent si on veut avoir son mot à dire, avoir sa part du gâteau.

Poursuivez-vous votre engagement auprès des femmes de la fransaskoisie ?

J’ai pris ma retraite officielle l’an dernier du Regroupement Femmes Saskatchewan. Il y a de jeunes femmes très capables qui sont là. C’était le temps pour moi de tirer ma révérence.

Vous avez aussi été la présidente de la Coopérative des publications fransaskoises (CPF) qui édite le journal L’Eau vive et vous étiez présente lors de la toute première édition du journal en 1971. Quels souvenirs gardez-vous de cette expérience ?

On a passé de gros moments difficiles. On a dû fermer le journal deux fois, mais quand on travaille avec des convaincus comme Roland Pinsonneault et Albert-O. Dubé [des pionniers du journal], on attrape la bibitte.

Notre journal existe encore, il est en santé et c’est superbe. Je suis tellement contente. Les journaux francophones ont leurs défis, il faut toujours faire de la politique pour être valorisés et recevoir notre juste part.

Image
Maria Lepage a siégé pendant 20 ans au sein du conseil d’administration de la Coopérative des publications fransaskoises (CPF) et a vu naître le journal L’Eau vive. Crédit : ICI Saskatchewan

Depuis 10 ans, vous êtes la présidente de l’Association communautaire fransaskoise de Gravelbourg (ACFG). Gravelbourg, c’est un endroit qui vous tient à cœur ?

C’est un village bilingue qui fait partie de notre identité. On a des institutions historiques et une clientèle de touristes constante, très aiguë en été, dont beaucoup du Québec, de l’Ontario et des Maritimes. Gravelbourg est renommé.

Je suis encore là pour un autre deux ans et, après ça, j’aimerais être remplacée. Ce sera vraiment le moment pour moi de quitter. J’aurais accompli tout ce que je voulais accomplir.

De quels accomplissements êtes-vous la plus fière à l’ACFG ?

On a réussi à aller chercher des fonds pour le 150e anniversaire du Canada pour renouveler notre espace, changer les planchers, peinturer le bâtiment, tout refaire à l’intérieur. On a continué l’année passée avec un nouveau système de son et de communication pour les rencontres. On est prêts pour les vingt prochaines années !

Nous recevons des loyers avec des entreprises qui sont là, ce qui nous aide financièrement. Et Patrimoine canadien et le gouvernement fédéral nous ont appuyés énormément dans nos projets.

Notre école Mathieu commence à recevoir des élèves internationaux de l’Afrique depuis le mois de septembre. L’année prochaine, on risque d’en recevoir plus encore. On travaille beaucoup à l’accueil des Africains francophones dans notre communauté. Une dizaine de familles sont installées à Gravelbourg.

Vous avez aussi cofondé la Bouquinerie Gravel à Gravelbourg il y a une vingtaine d’années. Cela fait-il encore partie de vos occupations ?

C’est un besoin pour la communauté locale. Avec Pauline Vézina [cogérante], on fait notre salon du livre et la promotion de la lecture et de la culture en français. Mais nous sommes en route vers la retraite à ce niveau. On est à la recherche de propriétaires pour notre bâtiment, alors ça va dépendre de si l’acheteur veut continuer avec la bouquinerie ou non. On est deux femmes rendues à l’âge où on voudrait se modérer un peu.

À ce propos, comptez-vous vous mettre en retrait des affaires fransaskoises ou voulez-vous poursuivre votre engagement ?

Je vais contribuer autant que je peux. On s’enrichit énormément en faisant du bénévolat, on acquiert des connaissances qu’on n’avait pas, on se fait des amis. On sait qu’on est là les uns pour les autres.

Je suis impliquée à la Chambre de commerce de Gravelbourg en tant que présidente depuis trois ou quatre ans. C’est un domaine sur lequel je vais me concentrer un peu plus l’année prochaine. Il y a des choses qu’on veut faire au niveau économique pour maintenir notre place au niveau rural. Ce n’est pas évident.

Quel avenir entrevoyez-vous pour la communauté ?

J’ai confiance qu’on va perdurer. Nous avons un nouvel élément : les Africains francophones qui viennent vivre ici. On ne lâche pas et on n’a pas l’intention de lâcher. Mais, à un moment, ce sera aux prochaines générations de décider. Nous, on a fait le travail, on a débouché les chemins, mais ils vont être obligés d’agir pour les garder ouverts.

La relève est-elle prête à relever le défi d’après vous ?

Il y a des jeunes qui s’impliquent. Je vois surtout de jeunes femmes d’une trentaine d’années à 50-60 ans. J’ai confiance dans la relève. Le grand défi des familles francophones, ce sont les mêmes qu’on a vécus, nous. La différence, c’est qu’auparavant on avait les mêmes bases religieuses et culturelles.

Quel conseil pourriez-vous adresser à celles et ceux qui souhaiteraient s’engager ?

Ça prend de la confiance, être soi-même, se tenir debout, défendre sa place. À Gravelbourg, il y a beaucoup de francophones, mais ça ne veut pas dire que tout le monde est engagé. Ce n’est pas facile, mais même avec six enfants, on est capable de faire beaucoup de choses !

Imprimer
5429

Lucas PilleriLucas Pilleri

Autres messages par Lucas Pilleri
Contacter l'auteur

Contacter l'auteur

x
Roger Gauthier : Trente ans d'engagement

Roger Gauthier : Trente ans d'engagement

Direction : Retraite

REGINA - Après de nombreuses années de service aux niveaux de la santé et de l’éducation, l’heure de la retraite a sonné pour Roger Gauthier.  

22 juin 2017/Auteur: Pierre-Émile Claveau/Nombre de vues (40029)/Commentaires (0)/
Le CSF informera les conseils des écoles fransaskoises

Le CSF informera les conseils des écoles fransaskoises

Campagne de lettres Touchez pas à la gestion scolaire fransaskoise

SASKATOON - Une proposition a été adoptée concernant la campagne de lettres Touchez pas à la gestion scolaire lors de la séance régulière du CSF, le 31 mai dernier.

22 juin 2017/Auteur: Pierre-Émile Claveau/Nombre de vues (26826)/Commentaires (0)/
Gilles Groleau récompensé

Gilles Groleau récompensé

Une carrière consacrée à l'éducation en français

REGINA - Gilles Groleau a été le récipiendaire du prix Dubois-Leblanc soulignant la qualité de son engagement au niveau du perfectionnement professionnel des enseignants dans les écoles fransaskoises.

 

22 juin 2017/Auteur: Pierre-Émile Claveau/Nombre de vues (30464)/Commentaires (0)/
Un budget scolaire 2017-2018 sous le signe des compressions

Un budget scolaire 2017-2018 sous le signe des compressions

Séance régulière du 31 mai du Conseil scolaire fransaskois

SASKATOON - Le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) a prévu des compressions budgétaires pour l’année scolaire 2017-2018, en réaction aux compressions annoncées par le gouvernement provincial de Brad Wall.

8 juin 2017/Auteur: Pierre-Émile Claveau/Nombre de vues (31141)/Commentaires (0)/
Huit nouveaux diplômés pour le Collège Mathieu

Huit nouveaux diplômés pour le Collège Mathieu

 

Huit finissants du Collège Mathieu sont partis sourire bien en vue avec leur diplôme en main à la suite de leur collation des grades, le 13 mai dernier à Regina.

27 mai 2017/Auteur: Pierre-Émile Claveau/Nombre de vues (34343)/Commentaires (0)/
Activités sportives ou artistiques: quand notre petit ne sait plus quoi choisir

Activités sportives ou artistiques: quand notre petit ne sait plus quoi choisir

Nous rêvons tous de voir notre enfant s’épanouir, se développer dans un sport ou une activité artistique.
25 mai 2017/Auteur: Sandra Hassan Farah /Nombre de vues (40293)/Commentaires (0)/
Trois Fransaskois à Expo-science 2017

Trois Fransaskois à Expo-science 2017

L’Université de Regina accueillait le concours scientifique national Expo-Sciences du 14 au 20 mai dernier.
25 mai 2017/Auteur: Pierre-Émile Claveau/Nombre de vues (27491)/Commentaires (0)/
Ottawa doit faire mieux pour les écoles des minorités

Ottawa doit faire mieux pour les écoles des minorités

Le gouvernement fédéral échoue à son devoir constitutionnel d’aider les parents canadiens à exercer leur droit d’envoyer leurs enfants dans les écoles de la minorité linguistique, tranche un comité des Communes.
25 mai 2017/Auteur: Mélanie Marquis (Presse canadienne)/Nombre de vues (29547)/Commentaires (0)/
Concours de l'ACELF: l’école de Bellevue remporte deux prix

Concours de l'ACELF: l’école de Bellevue remporte deux prix

L’ACELF récompense la créativité de la jeunesse francophone de l’Ouest et des territoires

L’école de Bellevue a remporté deux prix parmi les 20 décernés à l’échelle nationale, soit dans le volet Petite enfance et le volet Primaire/élémentaire.
5 mai 2017/Auteur: L'Eau vive/Nombre de vues (29859)/Commentaires (0)/
Maman, je me lave tout seul !

Maman, je me lave tout seul !

Apprendre à son enfant l’autonomie dans son hygiène

Bien que l’enfant, dans son développement classique, aime faire « tout, tout seul », se laver correctement relève souvent du défi.

1 mai 2017/Auteur: Sandra Hassan Farah /Nombre de vues (43861)/Commentaires (0)/
La Cité Universitaire francophone célèbre ses talents

La Cité Universitaire francophone célèbre ses talents

REGINA - L’ambiance était électrique à la Cité universitaire francophone mercredi 12 avril, lors du 5 à 7 clôturant la session d’hiver.
28 avril 2017/Auteur: Marie Galophe/Nombre de vues (32361)/Commentaires (0)/
Emmanuel Aïto à la direction de la Cité universitaire francophone

Emmanuel Aïto à la direction de la Cité universitaire francophone

REGINA - Directeur par intérim de la Cité universitaire francophone depuis août 2016, Emmanuel Aïto a été choisi pour occuper la direction de l’institution pour les cinq prochaines années.
27 avril 2017/Auteur: La Cité universitaire francophone/Nombre de vues (27860)/Commentaires (0)/
Recours judiciaire envisagé par des parents de Regina

Recours judiciaire envisagé par des parents de Regina

Une cause qui pourrait changer le statut légal du préscolaire au pays

ST-DENIS - Le 9 avril dernier, les députés de l’Assemblée communautaire fransaskoise (ACF) réunis à St-Denis ont voté pour offrir un appui moral à la démarche juridique envisagée par des parents de Regina

13 avril 2017/Auteur: Jean-Pierre Picard/Nombre de vues (40746)/Commentaires (0)/
Quand la fée des dents fait son apparition

Quand la fée des dents fait son apparition

« Maman, papa, ma dent bouge, je la sens !!! », crie notre petit ange partout dans la maison. Déjà ? Vraiment, déjà ? 
30 mars 2017/Auteur: Sandra Hassan Farah /Nombre de vues (48964)/Commentaires (0)/
Gerer un OSBL : ça s’apprend !

Gerer un OSBL : ça s’apprend !

Parfois, un cours 101 sur la gestion d’un OSBL est de mise.

15 mars 2017/Auteur: André Magny (Francopresse)/Nombre de vues (30624)/Commentaires (0)/
RSS
Première910111214161718Dernière

 - jeudi 14 novembre 2024