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Jour de noces

Jour de noces

(extrait)

Jour de noces, tiré du recueil de nouvelles de Gilbert Troutet, Peines perdues, Éditions de la nouvelle plume, 2020.


(…) Hélène revint à elle au moment où l’assistance était invitée à se lever. Le prêtre s’approcha :

            — Hélène et Paul, vous avez écouté la parole de Dieu qui a révélé aux hommes le sens de l’amour et du mariage. Vous allez vous engager l’un envers l’autre. Est-ce librement et sans contrainte ?

            — Oui, répondirent-ils à l’unisson.

            — Vous allez vous promettre fidélité, est-ce pour toute votre vie ?

            — Oui, pour toute notre vie...

            Hélène avait l’impression de réciter des réponses apprises, de se plier à des rites qui lui semblaient étrangers, d’être engagée contre son gré sur un escalier roulant, dans un tunnel de verre à l’issue incertaine. Pourquoi, pensait-elle, est-ce si nécessaire de passer devant le maire et le curé, alors qu’on se connaît à peine ? Elle aurait voulu revenir sur ses pas, sauter en bas du train, prendre la direction opposée. Mais, dans ce monde de convenances, elle se sentait incapable de remettre en question l’itinéraire qu’on lui avait tracé, au risque de s’attirer les foudres de son entourage.

            Pendant que le garçon et la fille d’honneur passaient dans la nef pour la quête, lui revinrent les images de la semaine précédente où, au saut du lit, elle s’était enfermée dans la salle de bains, les mains tremblantes et le cœur battant. Trempé dans l’urine, le bâtonnet ne mit pas longtemps à rendre son verdict : une trace bleue apparut, très nette. Hélène était enceinte. Persuadée que l’enfant était d’Étienne, elle n’osa en parler à personne, ni ne sut comment l’annoncer à Paul qui s’en serait étonné. Puis, l’heure du mariage était arrivée et elle restait seule à porter son secret.

            (…)  Il faisait un soleil radieux et l’apéritif, dans la cour de l’école, ressemblait à une vraie fête de village. Les jeunes mariés allaient d’embrassade en embrassade, Hélène s’efforçant de sourire et de faire bonne figure. Ils durent rapidement s’esquiver pour la séance de photos et revinrent à l’heure du banquet, à bord d’une voiture décorée comme un arbre de Noël. Le garçon d’honneur porta un toast au nouveau couple et tout le monde se mit à table. Hélène trempa ses lèvres dans la coupe de champagne, mais n’en but qu’une gorgée. La seule odeur du vin lui donnait mal au cœur. Il fallait faire semblant, pour le champagne comme pour le reste. Faire semblant d’apprécier les vœux de bonheur, les gerbes de fleurs qu’on vous tend, les cadeaux qui affluent de toutes parts.  

(…)     L’alcool aidant, les esprits s’échauffaient, les conversations allaient bon train et les rires se faisaient de plus en plus bruyants. Les enfants, qui avaient hérité des ballons de baudruche servant à décorer la salle, couraient et se poursuivaient entre les tables, heurtant souvent au passage les serveurs qui devaient faire des acrobaties avec leurs plateaux. Au milieu de ce tumulte, Hélène tentait de se ménager un espace de silence intérieur, pensant à la vie qui germait en elle et se demandant secrètement quel avenir l’attendait.

            On apporta la pièce montée. Puis, les mariés furent invités à ouvrir le bal, suivis d’emblée par une cohorte de danseurs qui se mirent à tournoyer sur un enlevant rythme de valse. Hélène fit quelques danses avec Paul et accepta d’autres invitations, dont celle d’Étienne qui faisait aussi partie des invités. Elle se serra contre celui-ci quand commença Unchained Melody. (…) Quand la chanson fut finie, elle s’éloigna, fuyant son regard. Étienne eut le temps de voir ses yeux embués de larmes. 

            La soirée avançait. Discrètement, les mariés se retirèrent. La fête se poursuivrait sans eux. Le vent était doux et un premier croissant de lune pendait au ciel. Paul avait loué une chambre dans une auberge de campagne, non loin de là. Un endroit bucolique, où l’on entendait alentour tinter les clarines des troupeaux. Hélène se laissa choir sur le grand lit. Paul s’allongea près d’elle, l’embrassa et entreprit de dégrafer sa robe.

            — Attends, dit-elle, laisse-moi passer à la salle de bains.

            Elle prit sa petite valise d’effets personnels, ferma la porte derrière elle et fit couler l’eau chaude dans la baignoire. Puis, à la hâte, elle enfila les vêtements qu’elle avait apportés pour le lendemain. La fenêtre était d’accès facile et donnait sur une terrasse au niveau du sol. Elle se glissa au dehors et disparut dans la nuit.

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Gilbert TroutetEmmanuel Masson

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