Amplifier la Voix des Prairies
En perte de vitesse ces derniers temps, la radio CFRG de l’Association communautaire fransaskoise de Gravelbourg (ACFG), surnommée la Voix des Prairies, s’est dotée d’une nouvelle direction en la personne de Tabitha Mukamusoni. En poste depuis le mois de décembre, la journaliste aguerrie entend bien redonner des couleurs au média communautaire et lui conférer une dimension provinciale.
J’ai envie de relever la radio
Pourquoi avez-vous voulu devenir directrice de l’ACFG et de la radio CFRG ?
J’ai les compétences nécessaires. J’ai une expérience au niveau de la gestion des médias, j’ai été cheffe de production, responsable des publications, correspondante, animatrice…
J’ai envie de relever la radio. Pour moi, c’est un outil de communication qu’on ne devrait pas négliger.
Tabitha Mukamusoni
Tabitha Mukamusoni, directrice générale de l’ACFG et de la radio CFRG
Crédits : Courtoisie
Cette double casquette entre l’ACFG et la radio CFRG n’est-elle pas trop difficile à porter ?
C’est sûr que ce sont de bonnes journées bien remplies ! Je suis habituée. Et les horaires sont flexibles.
Revenons sur votre parcours. D’où venez-vous et de quelle expérience disposez-vous ?
Je suis d’origine burundaise. Je travaille comme journaliste depuis 2006. Je suis un produit de la radio publique africaine. J’ai travaillé à La Voix de l’Amérique de 2013 à 2016 en tant que correspondante régionale pour le Burundi, le Rwanda, et parfois la Tanzanie. En 2015, il y avait de grandes manifestations et j’ai été obligée de fuir, j’ai failli être tuée, car il y avait des persécutions contre les journalistes.
J’ai aussi travaillé pour Handicap International France. J’ai créé une émission sur la protection des personnes en situation de handicap pour que ces personnes aient une meilleure image au niveau de la communauté burundaise.
Quand êtes-vous arrivée au Canada et en Saskatchewan ?
Je suis arrivée au Canada en 2016. De 2017 à 2019, j’étais à Ottawa où j’ai enseigné le français langue seconde. Je suis arrivée à Gravelbourg en juillet 2020 et j’ai commencé à la radio CFRG comme coordonnatrice et journaliste avec l’Initiative de journalisme local (IJL).
Puis d’octobre 2021 à novembre 2022, j’étais au Collège Mathieu comme agente des relations publiques et projets spéciaux. J’ai aussi été réalisatrice associée de janvier à juin 2022 à temps partiel à Radio-Canada.
Pourquoi avez-vous choisi d’emménager à Gravelbourg ?
J’ai quitté Ottawa parce que je suis vraiment passionnée par la radio. Retrouver ma carrière était essentiel. Le micro me manquait.
Dans quel état se trouvent l’ACFG et la radio CFRG aujourd’hui ?
Au niveau de l’association, c’est bon. Il y toujours eu un directeur, une présidente et les membres du CA pour s’occuper des événements, des financements, de la gestion.
Mais au niveau de la radio, ce n’est pas la même chose. Il y a des gens qui commencent à oublier l’existence de la radio dans la communauté, qui pensent qu’elle n’existe plus.
Ces derniers mois, on s’est donné l’objectif d’avoir au moins quatre entrevues par semaine. J’ai recruté d’autres employés, car il n’y avait que moi et l’animatrice : une personne pour les réseaux sociaux et le marketing et un stagiaire bénévole avec une belle voix radiophonique.
Ça nous permet d’être partout en Saskatchewan et de couvrir beaucoup de sujets. C’est beaucoup de travail pour quatre personnes, mais on y arrive. On est sur le bon chemin.
Que peut-on trouver dans votre programmation radiophonique ?
Nous avons notre émission Bon matin Gravelbourg de 8 h 15 à 9 h. À 12 h 30, nous avons notre édition générale de la journée, Midi des Prairies, dans laquelle on diffuse les entrevues qu’on reçoit.
À 15 h 30, nous avons un bulletin d’information. Et à partir de 17 h, nous avons une émission intitulée Bonsoir Gravelbourg, avec de l’activité culturelle et sportive.
Depuis un certain temps, nous avons aussi l’émission Vendredi Chill produite par notre animatrice, une émission musicale qui passe à 22 h.
À quels nouveaux contenus peuvent s’attendre les auditeurs ?
Elles ne sont pas encore lancées officiellement, mais d’ici le 1er mars toutes nos nouvelles émissions seront dans notre programmation.
Il y aura Au-delà des frontières dans laquelle on essaie d’interviewer les nouveaux arrivants qui nous parlent de leur expérience d’ailleurs et d’ici. On fait ça avec le programme Communautés francophones accueillantes (CFA).
Il y aura aussi Salon culturel, où on va parler de la vie des artistes et de leurs œuvres. Et Sports Hub, en anglais, qui va parler de la vie des francophones pour attirer les anglophones vers nous.
Quel genre de sujets abordez-vous ?
Nous tendons notre micro à tout le monde, on couvre l’actualité dans toute la province. Il y a les auditeurs de Gravelbourg, mais nous avons aussi des auditeurs partout en Saskatchewan qui nous suivent sur les réseaux sociaux.
Pour le Mois de l’histoire des Noirs, par exemple, nous faisons des témoignages avec des Fransaskois de couleur noire. Nous faisons aussi des reportages sur l’augmentation des prix de l’électricité, des micro trottoirs…
Comment percevez-vous le rôle de la radio CFRG ?
C’est la seule radio communautaire fransaskoise. Ce doit être un outil de développement qui donne l’occasion aux gens de s’exprimer, de donner leurs opinions, de mettre en avant les différentes cultures de la communauté. La radio sert de porte-parole aux gens, elle est pour tous les francophones et francophiles.
Certes, il y a les réseaux sociaux, mais la radio garde sa place. Elle joue le rôle de médiateur dans une communauté.
Et ce n’est pas qu’une radio de Gravelbourg : c’est une radio fransaskoise avant tout. Nous couvrons toutes les communautés de la province et nous comptons enrichir notre contenu.
La radio dispose-t-elle de financements suffisants ?
C’est un grand défi. Gravelbourg étant une petite ville isolée, il n’y a pas beaucoup de personnes qui acceptent de venir y résider et les financements que nous avons ont souvent des conditions restrictives.Jeunesse Canada au travail (JCT), par exemple, ne nous laisse par recruter des étudiants internationaux car ils ne sont pas résidents permanents ou citoyens canadiens. Ça nous bloque, c’est un obstacle. Sans cela, nous pourrions avoir plus de cinq employés.Je vois des jeunes qui ont du potentiel, qui sont étudiants internationaux à Gravelbourg et qui pourraient être journalistes, animateurs ou techniciens à la radio. J’espère que les conditions vont changer.
Ma vision, c’est de donner à CFRG la place qu’elle a toujours méritée en tant que radio de la communauté fransaskoise et pas seulement de Gravelbourg.
La radio CFRG existe depuis 1952. Quel avenir lui présagez-vous ?
Ma vision, c’est de donner à CFRG la place qu’elle a toujours méritée en tant que radio de la communauté fransaskoise et pas seulement de Gravelbourg. Avec les réseaux sociaux et le site web, tout le monde peut y accéder où que ce soit.Je veux que CFRG soit un outil pour tout le monde. Il faut que tous les organismes en profitent, car c’est leur radio, pas seulement celle de Gravelbourg.
J’aimerais avoir des correspondants, par exemple à Saskatoon ou Regina. Je lance d’ailleurs un message aux jeunes entre 16 et 30 ans qui seraient intéressés. On peut leur donner une formation.
Plus d’informations sur le site de la radio CFRG.
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Lucas Pilleri
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