Depuis quelques semaines déjà, les artistes fransaskois s’unissent, chacun de leur côté, pour offrir des expériences virtuelles à un public confiné et attentif. Entre concerts en ligne et interprétations musicales plus intimes, ces activités alternatives mettent du baume au cœur en des temps difficiles.
L’art, sous toutes ses formes, fait partie intégrante du tissu social, économique et culturel. Pour preuve, dès les balbutiements du confinement et de la distanciation physique, les artistes ont émergé en force sur les plateformes numériques pour offrir une palette de performances live et de produits artistiques en tous genres.
Les artistes fransaskois ont eux aussi embarqué à bord de ce nouveau train de vie, défilant à toute allure sur les rails du ralentissement imposé à l’échelle planétaire. « Le mouvement artistique virtuel a pris une place énorme, un reflet de notre besoin d’art, d’en consommer et/ou d’en faire », constate le metteur en scène, chorégraphe et danseur fransaskois Jacques Poulin-Denis.
Depuis son domicile montréalais, l’artiste poursuit : « C’est beau et troublant à la fois. Beau parce que ça témoigne de notre besoin de rester en contact et de poursuivre de quelque façon que ce soit nos pratiques artistiques, dont l’aspect social est plus évident que jamais. Troublant aussi, car ça témoigne de notre obsession pour de l’attention même en période de ralentissement obligé. »
Un public attentif
Cette attention peut aussi être perçue comme l’un des avantages collatéraux d’une crise qui donne par la force des choses plus de temps. Du temps pour consommer des produits artistiques et pour créer de nouvelles habitudes d’écoute et de visionnement.
« Cette crise fait ressortir la grande résilience des êtres humains, cette capacité d’adaptation qui nous unit. C’est l’occasion aussi de trouver de nouvelles manières de faire les choses », déclare avec philosophie le musicien fransaskois Mario Lepage, depuis son studio maison situé à Saint-Denis.
Le compositeur considère d’ailleurs cette période d’absence de contact avec le public comme un tremplin expérimental, qu’il qualifie de « reformulation » de son offre artistique. Un voyage au centre de l’introspection : « J’allais entrer en période de création alors je vais devoir trouver d’autres moyens de vivre des expériences et des moments authentiques tout en restant sur place », indique-t-il.
Changer d’air
Les déplacements sont souvent au cœur de la démarche des artistes. Gages de visibilité, mais aussi de créativité, les voyages forment la collaboration. « La scène jazz est très limitée au niveau local, je dois donc me déplacer beaucoup pour me produire en spectacle, ce qui n’est plus possible », déplore la flûtiste Marie-Véronique Bourque depuis son salon réginois transformé pour l’occasion en studio d’enregistrement. « J’avais aussi plusieurs projets de collaboration en Angleterre que j’ai dû mettre sur pause. »
La musicienne profite toutefois de ce temps d’arrêt pour faire de nouveaux apprentissages et repousser ses limites. Elle fait aussi preuve d’une grande dextérité musicale, artistique, et technologique qui la fait sortir des sentiers bien tracés pour venir enrichir ses talents. « Je suis de plus en plus à l’aise par rapport à mes prestations en direct. Je dois jongler avec plusieurs éléments comme les micros, l’éclairage, les pistes musicales, etc. »
Un vent de solidarité salutaire
À l’heure où les élans de solidarité se multiplient dans toutes les sphères sociales, les artistes mettent eux aussi l’épaule à la roue en offrant une part de confort et de réconfort. « L’art fait une réelle différence dans la vie des gens et cela est plus évident que jamais », se réjouit l’artiste-peintre Anne Brochu-Lambert, également présidente du Conseil culturel fransaskois (CCF).
Depuis son studio à Regina, elle poursuit : « Les artistes font preuve de générosité et d’ingéniosité. Il y a une véritable prise de conscience, tant de la part du public et des artistes que des diffuseurs quant à la valeur des contenus créés pour le bien commun. »
La présidente du CCF reconnaît du même souffle la grande vulnérabilité et fragilité de certains artistes qui ont vu leurs revenus fondre comme neige au soleil. Elle salue d’ailleurs les initiatives mises en place par les institutions pour continuer à soutenir la créativité et rétribuer les artistes à leur juste valeur, mais elle ajoute qu’il reste encore beaucoup de chemin à faire pour venir en aide aux artistes.
Du miel dans les oreilles
Ce sentiment d’entraide est l’ingrédient essentiel qui permet de survivre et de rebondir pour Émilie Lebel, alias éemi, compositrice-interprète fransaskoise. De son « petit nid » à Saskatoon, celle qui vient de lancer un EP intitulé Honey confie : « Je suis vraiment touchée par l’appui du public et les artistes entre eux sont aussi très solidaires. »
Dans cet univers socialement distant, éemi joint ainsi sa voix à la douceur du miel pour faire vibrer la corde des petits plaisirs partagés : « On a tous besoin d’une petite sucrerie ces temps-ci et le miel est une belle façon de se gâter et de se réconforter. »
L’art ne peut pas guérir tous les maux, mais il est certainement un baume bienveillant qui vient adoucir la solitude et l’isolement. Un brin de bonheur à consommer sans modération comme l’exprime la musicienne Marie-Véronique Bourque : « Je suis tellement heureuse de pouvoir apporter un peu de joie aux gens, de les faire sortir de leur quotidien, ne serait-ce que quelques minutes. »
La scène virtuelle fransaskoise
Les concerts live se multiplient, ainsi que les projets en tous genres qui sauront, à coup sûr, plaire aux grands comme aux petits Fransaskois.
Ponteix avec Mario Lepage
Performances en direct et ateliers interactifs sur Facebook
https://www.facebook.com/events/2298935653732260/
Marie-Véronique Bourque
Performances en direct tous les lundis, mercredis et vendredis à 18 h sur des thèmes variés sur Facebook.
https://www.facebook.com/marieveronique.bourque
éemi
Nouveau EP en écoute, vidéo-clip et vente de pots de miel à son effigie sur le site linktr.ee.
https://linktr.ee/eemisk?fbclid=IwAR3PBYojT0n6vP684gObHqC7z7IXPEhAYtz93CZNx_mI0ZQDSM8fdmzAbwk
Scholarts
Du 14 avril au 18 juin, le Conseil culturel fransaskois organise une vingtaine d’ateliers artistiques virtuels destinés aux élèves du primaire, impliquant 9 artistes. Diffusion les mardis et jeudis à 13 h sur Facebook.
https://www.facebook.com/Fransaskois/photos/rpp.394776433917749/2993016824093684/?type=3&theater
Jacques Poulin-Denis
Le projet Pupitre, en collaboration avec Youtheatre, est un spectacle original introduisant le jeune public à l’univers intrigant et merveilleux de la musique électroacoustique.
http://youtheatre.ca/fr/the-pencil-project
L’infolettre du Rouleau de Saskatoon, présentée par la Fédération des francophones de Saskatoon, offre une série d’activités en ligne pour tous les goûts.
Pour s’abonner : https://francosaskatoon.us6.list-manage.com/subscribe?u=965fb899177cc3219ecd8fcfd&id=a602ae3add