Personnalités multiples
Photo : Paul Sutton Art
La culture d’origine d’une personne n’est qu’une partie de son identité. C’est l’empreinte culturelle que fait sa famille, son lieu de naissance et l’histoire culturelle qui lui est propre constitue une part fondamentale de l’identité d’une personne, mais il y a beaucoup plus que cela qui la définit comme de son apport au monde.
L’expérience humaine n’est jamais prévisible et prédéterminée. Chacun, chacune de nous, faisons des choix, nous sculptons notre vie, notre vision du monde de manière assez unique. Certes, nous sommes tous influencés par nos réseaux sociaux, mais nous pouvons tous et toutes prendre le temps de nous définir par nous-mêmes. Nous ne sommes pas des roches figées et prédéterminées, mais des êtres capables de créativité et de relations transformatrices. Ces expériences et ces choix forgeront en quelque sorte « nos identités » spécifiques.
Le piège d’une seule culture identitaire tient dans notre capacité à nous cloisonner, nous limiter à une définition étroite de nous-mêmes. Nous fréquentons toujours les mêmes personnes issues de la même culture ; nous nous engageons toujours dans les mêmes activités et défendons toujours les mêmes idées. Cette capacité à nous contraindre, nous enfermer, dans un système de pensée spécialisée nous brime de notre potentiel d’humain. Être curieux et ouvert à la nouveauté, à la différence, nous enrichit et nous transforme souvent malgré nous.
Plusieurs ont embrassé, au fil de leur vie, une foule de possibilités et de perspectives sur le monde. Certaines personnes ont réussi au cours de leur vie à se réinventer plusieurs fois ou elles ont poursuivi un long travail de création et de recherche leur permettant d’avoir une qualité toujours renouvelée. Ils continuent à exprimer une réelle ouverture à se réinventer à travers la connaissance du monde.
Si le multiculturalisme est souvent compris comme une mosaïque de cultures, la multi-identité est plutôt un écosystème de relations de qualité qui servent l’humanité sans discrimination, sinon dans la volonté d’une évolution collective intégrant la diversité des individus dans une éthique de développement durable pour l’humanité. Il y a bien sûr, à l’heure actuelle, des résistances identitaires et des politiciens qui bouleversent les sociétés. Mais au fond, ces résistances ne sont-elles pas davantage d’ordre économique et fondé sur une peur viscérale de l’autre et de la transformation qu’elle apporte ?
Le problème actuel est évidemment de vouloir simplifier l’expérience identitaire à seulement quelques éléments, tels que la langue, la couleur de la peau, l’origine. Ce sont évidemment des éléments distinctifs qui sont surtout de l’ordre des apparences ou de la forme. Ils demeurent la cause de ces différences extérieures d’où provient cette peur maladive pour ceux et celles qui vivent dans l’ignorance de la multi-identité.
Les temps changent très rapidement. La conscience de notre identité multiple, et multipliable si je peux ajouter, va nous ouvrir à une expérience humaine radicalement différente que celle fondée présentement sur la compétition et l’idée persistante que nous sommes séparés de l’expérience des autres, en fait nous sommes les autres.