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Anonym
/ Catégories: Éducation, Formation, Économie

Le budget fédéral et la formation à l’emploi

Les francophones pris entre les colonnes

Le budget préélectoral du ministre Jim Flaherty garde les bonnes nouvelles pour 2015 sans régler les problèmes de 2013. Les provinces, les employeurs et les sans emploi sont poussés au pied du mur.

Le budget de Jim Flaherty est une mince affaire, selon Normand Lévesque, le directeur général du Réseau pour le développement de l’alphabétisme et des compétences (RESDAC). 

Le budget d’Ottawa prévoit 40 millions en deux ans pour 3 000 stages au sein d’entreprises dans les secteurs en demande. Mais il laisse au chômage près d’un demi-million de jeunes Canadiens.

« Malgré les progrès dans notre réseau au niveau des compétences, explique Normand Lévesque, il y a un sérieux problème qui se pose avec la mise en œuvre de la stratégie des Subventions canadiennes à l’emploi. Ça fait un an que le fédéral négocie avec les provinces et ça n’avance pas. On voit l’impact sur le terrain dans certaines provinces où on travaille. » 

« En Nouvelle-Écosse, précise le directeur général du réseau national, on a un projet de formation dans la région d’Argyle, qui prépare des sans emploi en fonction de postes disponibles. Le ministre responsable a récemment envoyé une lettre aux partenaires pour dire que, sans entente avec le fédéral, il faudrait trouver une autre solution. Ça fragilise nos centres de formation et menace certains programmes prometteurs.

« Ça se complique pour les francophones, croit Normand Lévesque. L’accès à des fonds dans le cadre d’ententes fédérales-provinciales n’est jamais évident. Et la façon de procéder du fédéral, en forçant les provinces à embarquer d’ici le 31 mars, rend la chose encore plus difficile. Les enjeux sont là en ce moment. » 

Le ministre des Finances a fait savoir qu’à défaut d’une entente avec les provinces, les fonds seront remis le 1er avril à Service Canada qui répondra alors directement aux demandes des employeurs. Ottawa tente d’instaurer une nouvelle formule où il partage les coûts de formation de la main-d’œuvre avec les provinces et les employeurs. Le budget prévoit 116 millions $ pour la part du fédéral en 2014-2015.

« La formation est une compétence provinciale, souligne le directeur général. Plus on s’approche du terrain, plus les solutions sont pertinentes. C’est mieux pour les communautés francophones de négocier avec les provinces. C’est par elles qu’on a accès aux fonds quand le fédéral fait des transferts. »

Le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), Denis Vaillancourt, est d’accord. Il trouve regrettable que le fédéral en vienne à passer directement par les employeurs pour répondre aux besoins spécifiques des communautés. L’AFO invite le fédéral à rencontrer les communautés francophones pour voir comment éviter qu’elles ne soient pénalisées advenant l’échec des négociations. Denis Vaillancourt a rappelé le rôle essentiel des organismes sur le terrain dans la formation et l’intégration des nouveaux arrivants sur le marché du travail.

Pour sa part, le président du World Trade Center de Winnipeg, Raymond Lafond, ne croit pas que l’administration va recourir à Service Canada. « Le fédéral va finir par s’arranger avec les provinces parce qu’il ne peut pas jouer un très grand rôle. Ce sont les collèges communautaires qui assurent la plus grande part de la formation à l’emploi. Et les collèges s’adaptent à la demande. Le fédéral peut seulement ajouter à ce qui se fait présentement. » 

Selon le comptable agréé, Ottawa considère que les provinces ne sont pas à la hauteur des défis et que les solutions au manque de travailleurs qualifiés sont nationales et globales. « Les exigences de formation ont changé et les marchés évoluent rapidement. Ça complique tout. Il y a des emplois disponibles, par exemple en Alberta, où on manque d’ingénieurs.

« Le dilemme qu’on a toujours, les communautés francophones, suggère Raymond Lafond, c’est qu’on ne peut pas combler ces postes avec des nouveaux arrivants. On a beau être un ingénieur qualifié, c’est difficile de trouver un poste sans parler anglais. Et on n’a pas de formation en génie en français dans l’Ouest. »

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