Changer la Lois sur les langues officielles est une urgence - Raymond Théberge
Le commissaire aux langues officielles au Rendez-vous fransaskois 2018
SASKATOON - Le samedi 3 novembre dernier, lors du Rendez-vous fransaskois qui se déroulait à l’hôtel Hilton Garden Inn de Saskatoon, près de 200 personnes ont assisté à la conférence du commissaire aux langues officielles, Raymond Théberge.
Originaire de Sainte-Anne-des-Chênes au Manitoba et titulaire d’un doctorat en linguistique de l’Université McGill (1984), M. Théberge a été le neuvième recteur et vice-chancelier de l’Université de Moncton, du 1er juin 2012 au 26 janvier 2018, et est le commissaire aux langues officielles du Canada depuis le 29 janvier 2018. Il confie que l’acceptation en décembre dernier de ce poste est la résultante de toute une vie consacrée à la défense de la dualité linguistique, une passion pour lui.
C’est en s’inspirant du thème du Rendez-vous fransaskois de cette année, « Unis dans la diversité », et sur une note de réconciliation pour souligner l’unité et la solidarité entre les Premières Nations et les Métis que M. Théberge a inauguré son allocution tant attendue. L’insécurité linguistique qui plane sur nos communautés francophones en situation minoritaire a été un élément clé de son discours. M. Théberge reconnait que la variété du français est un atout lié aux réalités sociales des communautés francophones. « Nos accents n’ont aucune incidence sur le sens des mots, ils s’ajoutent à la riche trame musicale de la francophonie canadienne » dit-il, soulignant ainsi l’apport de multiples immigrations francophones dans notre province.
Les priorités de M. Raymond Théberge
L’actuel commissaire aux langues officielles a décliné trois priorités sur lesquelles il se focalisera au cours des prochaines années :
• Inciter les institutions fédérales à éliminer les obstacles à l’atteinte des objectifs de la Loi sur les langues officielles
• Faire pression auprès des institutions fédérales et des partenaires afin que les résultats prévus dans le Plan d’action pour les langues officielles soient atteints.
• Initier une demande auprès du gouvernement fédéral pour une réelle modernisation de la Loi sur les langues officielles afin que cette dernière puisse bien refléter le Canada d’aujourd’hui et de demain.
Selon lui, apporter des changements sur la Loi sur les langues officielles est plus qu’une urgence, car la dernière refonte majeure de cette Loi « remonte bien avant l’avènement d’Internet et des médias sociaux, soit depuis 1988. Nous avons plus que besoin d’une loi qui répond de façon proactive à la réalité changeante du Canada », avoue le Commissaire.
Le financement de l’éducation en milieu minoritaire francophone
Il est du devoir du commissaire aux langues officielles de veiller à ce que les ententes fédérales et provinciales signées, concernant le financement de l’éducation francophone en milieu minoritaire, soient respectées, et qu’il y ait plus de transparence dans la mise en application des décisions. Par exemple, veiller à ce que les fonds alloués aux écoles en milieux minoritaires soient bien acheminés aux écoles. Selon M. Théberge, il y a toujours des « coûts supplémentaires liés à l’enseignement en français. Et selon les ententes, la contribution du gouvernement fédéral est censée combler cet écart et non de financer l’éducation de base. Il reste à savoir maintenant si c’est ce qui se produit ».
Des dispositions en place pour les nouveaux immigrants
Le ministère de l’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada a mis en place un plan d’action pour l’immigration francophone, un plan d’action qui s’exécute du départ à l’arrivée de l’immigrant en sol canadien. Il incombe donc aux politiques de s’assurer que les organismes d’établissement soient assez bien outillés pour appuyer les immigrants francophones dans leur processus d’immigration, tant au niveau de leur accueil à l’aéroport de Saskatoon ou de Régina que de leur établissement.
La protection des droits linguistiques au centre de la réconciliation en Saskatchewan
Le Canada doit appuyer ses langues premières et ses langues officielles en tenant compte du contexte historique et des réalités locales des communautés autochtones et des communautés des langues officielles. Cette dualité est possible. « La promotion et la protection des droits linguistiques n’impliquent jamais de déshabiller Saint-Pierre pour habiller Saint-Paul », déclare M. Théberge. C’est d’ailleurs pour cela que le gouvernement fédéral déposera bientôt un projet de loi sur les langues autochtones. Si le Commissaire aux langues officielles a entamé ses propos sur une note de réconciliation, il les a clôturés sur une note d’engagement à poursuivre son travail afin de mieux appuyer le développement et le progrès de la communauté francophone de la Saskatchewan.
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